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Critique de Loulouread


C'est avec grande fierté que j'annonce avoir lu au complet ce livre rempli de « disgression instructive sur certains événements publics et privés survenus à Berlin, printemps 1928. »
Ce n'est pas une mince affaire. Après un pénible échec de lecture d'Ulysse de James Joyce, j'ai mis mon ambition et mon orgueil au maximum pour vaincre les cents premières pages et trouver un rythme de croisière. Je me suis perdue et j'ai sombré quelques fois. Mais telle une Walkyrie, j'ai affronté le monde mystérieux d'Alfred Döblin pour me congratuler de ma persévérance.

Ce roman relate l'histoire de l'ancien débardeur Franz Biberkopf qui sort de la prison de Tegel. En gros, c'est cela. Mais tellement plus!
Il purgeait une peine de quatre ans pour avoir tabassé un peu fort sa femme Ida, battue à mort avec un rouleau à pâte. À sa sortie, il se promets d'être un nouvel humain, de ne pas reproduire les erreurs précédentes, bref, d'être honnête. Il doit donc réaménager sa vie pour échapper à sa prison intérieure et briser les cloisons imposées par la justice.

« Les murs se dressaient devant ses yeux, c'est eux qu'il contemplait sur le sofa, contemplait sans désemparer. C'est un grand bonheur d'habiter dans ces murs, on sait comment la journée commence et comment elle se poursuit. »

Tout se déroule passablement bien jusqu'à la rencontre avec Reinhold, souteneur et petite fripouille de bas étage. Ce sont des années de misère noire, le Berlin des années vingt. Ce Reinhold fascine Franz et lui crée des problèmes avec les femmes. Car Reinhold s'amourache rapidement et se débarrasse aussi vite. Franz accepte également un travail supposément honnête et qui s'avère être un cambriolage. Il vient de mettre un bras dans l'engrenage de la violence et de l'escroquerie.
Après de multiples aventures, il rencontre une jeune femme, Mieze, qui s'amourache de lui et le fait vivre. L'histoire de cette Mieze est à briser le coeur. Si l'auteur nous décrit des destins de femmes très durs, celui de Mieze bat tous les records.

Comme on dirait, ce roman est tout simple car
« l'essentiel, tout simplement, c'est la façon dont l'immensément banal et/ou invraisemblable est raconté ici. »
Et en même temps, ce roman est complexe de sensations, de méli-mélo d'émotions, de gens ordinaires avec des destins extraordinaires.
Le mélange d'événements historiques avec la fiction maintient l'intérêt car même insignifiants, tous les personnages ont une raison d'être. On sent vivre la ville, le passage des tramways, l'odeur de la misère. On arpente le cerveau de Franz, ses illusions, ses désirs, son aliénation. Un grand roman qu'il faut appréhender avec abnégation. Rester humble et ne pas vouloir tout saisir et comprendre. Pourquoi ne pas le relire un jour, question de faire la paix!

« bois, bois, frérot, bois, laisse tes tracas au boulot, évite douleurs, évité soucis, alors la vie n'est qu'plaisanterie, évite douleurs, évite soucis, alors la vie n'est qu'plaisanterie. »
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