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Critique de pgremaud


J'ai parfois eu de la peine à lire certains textes longs d'Erri de Luca. Je me suis beaucoup plus retrouvé dans les trente-sept textes qui composent ce recueil, et dans les trois du petit "supplément" qui s'intitule "Gabarit réduit.". J'ai été vraiment saisi par l'érudition de l'auteur, par exemple sur l'étymologie ou avec les citations de la Bible (qu'il lit en hébreu !) et par la beauté de sa langue, avec un souci du mot le plus juste possible. Je pense qu'on peut aussi remercier la précision de la traductrice, Danièle Valin.
Plusieurs thèmes se retrouvent dans ces textes. De Luca évoque principalement des éléments de sa vie. Il y a d'abord des souvenirs d'enfance avec la cuisine de sa grand-mère et de sa tante, des moments passés avec sa mère (née comme la mienne un 18 janvier !). Il y a aussi des souvenirs liés à son père en s'attardant sur son service militaire, sa passion pour l'alpinisme qu'il a transmise à son fils et les derniers moments de sa vie, où son fils l'a accompagné jusqu'à la fin. De Luca revient aussi beaucoup sur sa jeunesse, ses engagements politiques à l'extrême-gauche et les différents métiers qu'il a exercés avant de devenir écrivain. Cette expérience de la solidarité dans les luttes politiques ou syndicales et dans le monde simple, mais rude, du travail manuel a donné un sens très fort à sa vie. Il nous raconte aussi comment lui, Harry de Luca, est devenu Erri de Luca. C'est "la découverte de son prénom", semblable au changement que vivait la personne entrant en religion.
Puis il y a des réflexions sur l'écriture, la lecture et la littérature, avec des rencontres comme Rilke ou Bob Dylan. Avant qu'il ait reçu le prix Nobel de littérature, de Luca l'admire déjà beaucoup : "Chanteur ? Ce titre professionnel peut lui suffire, mais ses pages sont sur l'étagère des poètes, par ordre alphabétique entre l'Anglais John Donne et le Russe Sergueï Essenine."
Une histoire un peu fantastique, celle du chien et de son ange gardien, m'a un peu moins plu. Mais je me suis beaucoup plus retrouvé dans la "ré-écriture" de textes bibliques. Il y a notamment la variante de la parabole du fils prodigue où ce n'est pas le fils qui retourne vers son père, mais les parents (ses parents à lui) qui sont " partis à la recherche du fils égaré, pour le serrer à nouveau dans leurs bras où qu'il soit allé, même au diable". Il y a aussi "Du journal de l'aveugle" où c'est Bartimée, l'aveugle guéri par le Christ, qui nous raconte son entrée à Jérusalem et sa mort.
Enfin "La dernière parole" nous fait assister à la mort du Christ sur la croix et nous y retrouvons un thème cher à De Luca, la parole. "Et il dit" en est le leitmotiv, et comment ne pas penser à cette autre oeuvre (que je n'ai pas encore lu d'ailleurs) ? En retournant à l'hébreu, De Luca redonne de la vigueur à des expressions tellement connues pour nous qu'elles en sont devenues presque sans saveur. Quand la phrase que nous connaissons comme "Entre tes mains je remets mon esprit" résonne avec " Dans ta main confie mon vent", elle retrouve une nouveauté qui me la fait entendre et comprendre autrement.
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