D’autres personnes notent ce dont elles désirent se souvenir. Là, Kant avait noté ce qu’il devait oublier : Mem. - février 1802 - il ne faut plus se souvenir du nom de Lampe.
On sait que Voltaire répondit à un jeune médecin qui accusait le café d'être aussi un poison lent: «Vous avez bien raison, mon ami: lent et horriblement lent, car j'en bois depuis soixante-dix ans, et il ne m'a pas encore tué.
"C'est assez." Et ce furent ses dernières paroles. "C'est assez" Sufficit! Puissantes et symboliques paroles! (p.88).
Néanmoins, Jachmann raconte que Kant aimait le café à la folie, mais se contraignait à s'en priver, dans l'idée que cette boisson était très malsaine ; mais on ne nous explique pas si cette attitude reposait sur un quelconque argument distinct en plus de la tendance du café à priver les hommes de leur sommeil.
Une bien meilleure raison pour s'en abstenir, plutôt que de fantasques lubies concernant son caractère insalubre, repose en Angleterre sur la méthode abjecte employée pour le préparer.
En matière de cuisine, et pour toutes les opérations culinaires, les Anglais (et les Écossais au suprême degré) constituent la partie la plus inculte de la race humaine.
On connaît la vieille formule d'un Français sarcastique après avoir visité la ville barbare de Londres (la première cité du monde par nombre d'éminentes qualités, mais la plus barbare du monde - à l'exception d'Edimbourg et de Glasgow - pour tous les arts culinaires). "Voyez ! Dit le Français, un pays qui compte soixante religions (il faisait allusion aux nombreuses subdivisions de protestantisme dissident), mais qu'une seule sauce". Certes, ce Français fabulait ; en effet, si minable que l'Angleterre soit et ait toujours été à cet égard, elle pourrait assurément en compter vingt-cinq. Mais d'autre part, qu'eût pensé notre Français de l'Écosse, qui n'en a rigoureusement aucune. Aujourd'hui encore l'horrible poisson que l'on surnomme Haddy d'un bout à l'autre de l'Écosse se mange sans la moindre sauce ; en conséquence de quoi ses atrocités sont rendues dix fois plus perceptiblement atroces.
Quelque erronées que fussent toutes ces vues, on éprouvait un plaisir infini à entendre la fertilité d'arguments et d'analogies qu'il [Kant] apportait pour les soutenir. (p.34).