Si je devais définir ce roman en deux mots, ce serait "diaboliquement vénéneux".
Will Dean livre ici un roman noir psychologique très réussi, dont la pierre angulaire est la gémellité.
Molly et Katie cochent toutes les cases : monozygotes, identiques physiquement, avec une relation fusionnelle depuis la petite enfance, un langage qui leur est propre, incapables de rester bien longtemps sans se parler.
Pourtant, la vie n'est pas rose et ne l'a jamais été, tant Molly a de problèmes. Troubles envahissants de l'anxiété, agoraphobie, TOCs et une fâcheuse manie de toujours envisager le pire. Les premiers chapitres, véritable plongée dans le fonctionnement d'un esprit souffrant de tous ces troubles, sont terriblement oppressants, au point de devoir en poser le livre. le lecteur vit en direct ce que peut être l'existence de personnes ainsi affligées. C'est tellement bien fait que je me suis surprise plusieurs fois par la suite à envisager les choses selon son point de vue, avant même que ce soit écrit !
Évidemment, Molly a phagocyté une bonne partie de l'attention de ses parents au fil des ans et Katie est partie à l'autre bout du monde pour échapper à toute cette pression. Elle, si solaire et extravertie, a enfin pu commencer à vivre.
Sa mort plonge Molly dans les affres du deuil, de la culpabilité et du regret, puisqu'elle n'a pas pu réparer leur relation.
Avec une filouterie implacable,
Will Dean file sa toile, dans laquelle nous nous retrouvons englués. À la moitié du livre, les révélations et les retournements commencent et on découvre l'envers du décor.
Un peu comme ces tableaux dont le sujet change selon l'angle et la distance. Si certains aspects sont un peu faciles et télescopés, le résultat final est suffisamment abouti pour reposer le roman en lâchant un "Waouh" épaté.
Une réussite !