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Critique de jbicrel


Ce premier roman d'une jeune documentaliste maman d'une enfant de huit ans est dans la 2e sélection Goncourt 2018. Il est en passe de remporter ce prix prestigieux et c'est vrai qu'il détonne et domine le lot !
D'abord c'est le récit d'une passion amoureuse absolue et mortelle comme le veut le topoï. Ainsi, en plein XXIe siècle, voilà que cette jeune romancière se met à réécrire Tristan et Iseult, Romeo et Juliette, Anna Karénine, Belle du seigneur, Phèdre, Lol V Stein …. Eros et Thanatos, interdit, jalousie, tyrannie, tout y est avec une puissance du verbe qui n'a rien à envier à ses prédécesseurs. Certes, au lieu de Tristan et Iseult, le récit « raconte Sarah » et l'amour fou qui l'unit à la narratrice, amours saphiques qui ne cherchent pas à masquer l'érotisme de cette relation, avant le lent renoncement à la vie de la narratrice après la mort de Sarah. La passion, ce thème mille fois remis sur l'enclume au fil du temps et des contrées du monde est ainsi au coeur de ce récit. Nihil novi sub sole ?
Or ce qui contribue à la magie de ce récit, c'est l'écriture : la phrase est brève, rythmée, nerveuse, précise, « con fuoco », la composition est complexe, organisée autour de deux lieux Paris et Trieste, deux temps, elle semble aussi suivre des mouvements plus difficiles à saisir, ceux la musique, ceux de compositions de Beethoven, de Vivaldi puis de Schubert, entrecoupés de définitions : « Passion, du latin patior, éprouver, endurer, souffrir…. », « le soufre est … » , « Latence, … », de citations, le Songe d'une nuit d'été, Hiroshima mon amour, de diversions ou échos documentaires, « le film Domicile conjugal est un film français… », le titre même mêle la référence littéraire à l'oeuvre du poète Franck Venaille, la familiarité du langage, sa poésie et sa musique par le jeu des assonances et allitérations : ça, ra, Sarah ».
Trouver un extrait à retenir est bien difficile étant donné le brio de cette écriture.
J'ai nettement préféré la première partie du récit, à Paris. Il m'a semblé que la dépression de la narratrice à Trieste rejaillissait sur le texte ! Ce détour vers l'Italie me semble pourtant un vague écho des Petits chevaux de Tarquinia de Duras à laquelle l'auteure fait d'ailleurs fréquemment référence dans le récit. Il me semble que globalement, l'influence de Duras rejaillit beaucoup sur ce premier roman dont on espère qu'il ne sera pas le seul.
Lien : http://www.lirelire.net/2018..
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