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Critique de afriqueah


En écrivant ce livre, d'un père apprenant la sauvagerie d'un prêtre sur son fils de onze ans, c'est le silence assassin qui a entouré les faits qui le crucifie.
Son propre silence, parce qu'il ne savait pas, parce qu'il ne pouvait pas savoir, parce qu'il aurait dû savoir.
Le silence de son fils, dont il voyait le mal être, à qui il disait tu peux tout me dire, dis moi, et l'enfant s'enfermait dans un silence de choses indicibles.
Et le silence d'Isaac, le fils unique d'Abraham, qui se laisse lier sur un autel de bois, qui demande où est le bélier, puisque c'est un sacrifice, et qui, sauvé par l'ange, s'enfonce dans le silence, ne se révolte pas, ne demande pas pourquoi. Son père a voulu l'immoler, point.
Personne n'est intervenu, le silence inexpliqué s'instaure pour des siècles, sur ces petits crucifiés, muets, jusqu'au nouvel Isaac, Benjamin, parti faire une colonie de vacances en été. Il écrit bien pourtant à son père : « viens me chercher » et pourtant la pesanteur endors ce dernier, pesanteur de la religion, du désir de sa mère à lui, un peu bigote, bref.
Et aussi parce que dire, c'est faire exister l'horreur, c'est reconnaître l'odeur du sang, c'est nommer l'innommable.
Le silence couvre toujours une grande souffrance, voilà pourquoi il est si difficile de le briser, nous dit Grégoire Delacourt, dans un livre totalement différent de son premier ( la liste de mes envies) car, lui, il brise le silence en écrivant sur ce petit innocent qu'est son fils et sur tous les petits innocents , en disant sa colère que cela, la violence faite sur des petits continue encore et encore, en deux mille ans de honte.
Abraham n'a même pas imploré le pardon de son fils après avoir tenté de l'immoler.
Et le père de l'histoire n'a pas réussi à protéger son fils.
Grégoire Delacourt tisse les deux histoires millénaires qui n'en sont qu'une, le martyr d'enfants violés, condamnés au silence où ils sont seuls désormais. Et « l'impuissance de l'amour des pères à parfois ramener leurs petits à la surface du monde »
Aujourd'hui, Benjamin parle un peu, son père a compris son calvaire, et l'auteur nous confie son cheminement.
C'est Yvan-T qui m'a conseillé de lire « Mon père » avant « l'enfant réparé ». Je dois sécher mes larmes d'abord.
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