Écoute les murs parler

À Cadillac, « la ville qui doit vivre avec les fous » comme l'énonce finement le bandeau de l'éditeur, l'hôpital psychiatrique est vétuste, ses patients sont nombreux et les soignants font ce qu'ils peuvent. Quel projet derrière ce récit « intime et vibrant » ? Retrouver la foi dans la guérison de Thierry Metz, auteur des poèmes de « L'homme qui penche », qui y fut interné volontaire avec l'espoir de fuir sa dépendance alcoolique ? Son hospitalisation n'a pas prévenu sa « chute au ralenti » ni son suicide, pas plus que le menuisier Zimmer n'a pu sauver Hölderlin. L'auteure écrit que « L'hôpital fait fonction de filet, in extremis. Il réceptionne tout ce qui n'est pas supportable dehors. Ici, à l'intérieur, atterrit un concentré de l'inacceptable. Mêler une folie à une autre, mêler des dizaines de folies singulières échouées dans ces pavillons. Est-ce bien raisonnable ? ». Mais quelle solution est raisonnable en cas d'échec de la sectorisation et des soins externes, et le terme de raison est-il adapté ? Il s'est écrit des centaines de livres à ce sujet. L'auteure étoffe le sien en citant les noms de Foucault, Laborit et Canguilhem, en déplorant la chute de la démographie médicale et l'augmentation de la demande de soins. Elle évoque sa douleur personnelle, de grandes affaires de meurtres — Romain Dupuy, Lola —, le rôle de la justice, sa relation avec Sylvie qui écrit aussi des poèmes, ses démarches pour visiter l'unité pour malades difficiles. Elle fait oeuvre de vulgarisation, ou de sensibilisation. Mais est-ce que cette « enquête au long cours révèle une planète invisible » et apporte du nouveau ?