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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Juste un mot pour dire que je ne connaissais pas cette journaliste, et je n'ai jamais travaillé en psychiatrie, mais j'ai trouvé son reportage d'une grande intelligence, écrit avec beaucoup de sensibilité et d'empathie, et au fond probablement beaucoup de justesse....en immersion dans l'hôpital psychiatrique de Cadillac en Gironde...Que cherchait-elle réellement à travers cette démarche ? Nous informer sans déformer, certes, mais également chercher des réponses à des questions d'ordre personnel, inconsciemment ou non.

J'ai souri quand elle sentait qu'elle n'était pas toujours la bienvenue près des soignants....peur d'être jugés, de mal faire leur boulot, d'avoir à justifier les pauses très (trop) nombreuses??? Pas la conscience tranquille d'être observés ? Ou alors peur, dans leurs conditions de travail déjà fort difficiles et dégradées, et en sous-effectifs, que cette présence occasionne justement un déséquilibre dans ce fragile équilibre ? Enfin, au cours de ces longs mois, elle a rencontré des soignants aussi très compétents et très concernés, mais elle a surtout rencontré des patients auxquels elle s'est attachée...

Ne pas juger ceux et celles qui un jour, ou toujours, ont eu à passer par ces services, car nul n'est à l'abri finalement de basculer aussi dans la maladie mentale...et dire qu'avant, on enfermait des femmes à les en rendre folles...sous de piètres prétextes ...mais ce n'est pas le sujet du documentaire !
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Journaliste et documentariste, Ixchel Delaporte écrit des ouvrages à partir d'observations sur le terrain, en immersion durant plusieurs semaines. Elle a notamment étudié les conditions de travail des plus précaires dans le vignoble bordelais (Les Raisins de la misère), celles des auxiliaires de vie (Dames de compagnie), et le fonctionnement d'un internat/foyer catholique intégriste pour jeunes (Les enfants martyrs de Riaumont).
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Ici, l'auteure s'intéresse aux 'fous' - je déteste ce mot - de Cadillac, petite commune de Gironde où se trouve un hôpital psychiatrique depuis la fin du 18e siècle. Les patients y sont internés, certains ont des autorisations de sortie, et il existe des petits logements pour ceux qui semblent pouvoir redevenir autonomes à l'issue d'un séjour plus ou moins long. Ils font donc partie du paysage, de la population locale.
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Ixchel Delaporte est allée des « deux côtés » : elle a rencontré beaucoup de patients, la plupart se sont sentis en confiance et se sont livrés à elle ; elle a également échangé avec des soignants (infirmiers, psychologues, psychiatres) plus ou moins réceptifs, certains franchement hostiles. Elle a pu visiter différents 'pavillons' mais n'a pas été autorisée à tout voir en UMD (Unité pour Malades Difficiles, un service très fermé/sécurisé pour les personnes violentes, dangereuses pour elles-mêmes et/ou l'entourage).
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Ce documentaire est aussi passionnant que douloureux. Il me semble que l'auteur n'oublie rien : manque de moyens (pour la santé en général, et le domaine psy en particulier), dépression, psychose, la drogue & l'alcool qui les accompagnent souvent, honte, camisole chimique, hébétude, rémissions, rechutes, maltraitance et humiliation, peur de la folie, enfance difficile & hérédité, enfermement, solitude, ergothérapie apaisante ou infantilisante... et tant de questionnements du patient sur lui-même : POURQUOI ?
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Elle n'oublie pas sa propre position (la nôtre, à tous) par rapport à la maladie mentale :
« [Elle] est si près de chacun de nous, quand elle n'est pas en nous. Elle fait si peur qu'elle est indicible. »
Et cet aveu, cette sensibilité rendent cet ouvrage d'autant plus émouvant.
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Ce texte m'a fait penser à la BD de Lisa Mandel 'HP, Tome 1 : L'asile d'aliénés : de 1968 à 1973 souvenirs d'infirmiers'... entre autres souvenirs plus intimes, donc plus douloureux : « On ne parle pas de sa grand-mère morte internée dans un asile. On ne parle pas du fils qui s'est suicidé par mélancolie, bipolarité ou dépression. On ne parle pas du cousin interné à l'hôpital psychiatrique pour violences. On ne parle pas. »
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Fille du philosophe-épistémologue François Delaporte, l'auteure enrichit ses observations de réflexions issues de ses lectures, parfois conseillées par son père (ici, notamment, 'Le Normal et le Pathologique', de Georges Canguilhem).
J'ai aimé les termes choisis pour présenter la maladie mentale comme un parasite, un corps étranger indésirable dont on ne sait comment se débarrasser : on est 'habité' ; le corps 'abrite', 'héberge'...
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Bravo et merci, Madame Delaporte, pour cet ouvrage à mettre entre toutes les mains.
J'ai également apprécié d'y faire la connaissance du poète Thierry Metz (qui fut interné à Cadillac), et du groupe de rock bordelais Strychnine.
► Taper sur YT : Strychnine Alcool - ou Strychnine Lache - ou Strychnine Animal
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Ixchel Delaporte est journaliste et documentariste, “un fouilleur de bas-fonds” (comme le furent avant elle les philosophe Nietzsche et Michel Foucault)

En 2023 elle a reçu le Prix du meilleur ouvrage sur le monde du travail pour « Dame de compagnie en immersion au pays de la vieillesse ».
Son enquête sur la face cachée des châteaux bordelais, « Les raisins de la misère », a été adaptée en documentaire diffusé sur France 3.

Écoute les murs parler s'intéresse à l'hôpital psychiatrique de Cadillac (au sud-est de Bordeaux), ou plutôt à ses patients. Ixchel Delaporte n'a pas choisi ce nouveau champ d'investigation par hasard. Son histoire personnelle a guidé ses pas…

La journaliste est confrontée à la défiance de certains soignants. Sa présence, son regard extérieur perturbent.
Les malades, eux l'ont adoptée. Car Ixchel a su se placer en position d'écoute. Elle s'assoit ; les patients viennent vers elle. Ils ont besoin de se parler, de se confier.

L'autrice ne jette pas la pierre aux soignants, dont elle comprend aussi la fatigue, le découragement. Mais les mots sont là. Abus de pouvoir. Maladresses. Paroles blessantes. La prise en charge est loin d'être parfaite. Si la chimie a fait des progrès, l'écoute recule. Faute de temps, de moyens, d'engagement.

Un témoignage empreint d'humanité. À lire.
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L'autrice a vécu quelques mois pour les besoins de son livre dans la ville de Cadillac en Gironde. Elle traite donc dans ces pages de cette commune, de son hôpital psychiatrique, de ses rues, de ses habitants, de ses commerces, de ses malades. Elle erre au gré de la ville et fait de nombreuses rencontres, obtient des autorisations d'entrer dans l'hôpital et plus particulièrement la prison UMD.

Elle documente la bourgade avec brio et naturel. Les pages sont fluides, les phrases et les chapitres rondement menés, dans une sorte de photographie d'instants et de rencontres furtives. Et tout cela dans un style simple et au plus proche du réel : comme un documentaire.

Habitante de Cadillac j'ai souri plusieurs fois en reconnaissant certaines personnes, commerces, rues… et puis il y a des histoires personnelles dont nous n'avons pas idée… Un autre regard sur les gens peuplant ses rues ! Merci à l'autrice d'avoir mis en avant notre magnifique ville !
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Une journaliste dotée d'une sensibilité et d'une capacité d'empathie extraordinaires part a la découverte de la "folie" derriere les murs d'une institution psychiatrique dans la France actuelle. Elle n'a pas besoin de questionner pour comprendre la souffrance de ceux qu'elle rencontre et ceux-ci comprennent aussi qu'elle les comprend. Un regard émouvant sur un monde à la lisière du nôtre, à la fois proche et lointain. Comprendre sans juger les soignés et les soignants, c'est du grand journalisme et en plus Ixchel Delaporte est aussi une grande écrivaine. Regardez et écoutez sa petite vidéo de présentation et n'hésitez pas a lire le livre.
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Ce livre m'a été offert. Je me suis demandé s'il y avait un message vu le sujet traité. Mais non la critique entendue était bonne. Il ne se lit pas d'une traite, c'est une réflexion une enquête et a certains moments une introspection d'Ixchel Delaporte. J'ai beaucoup apprécié cette démarche et cette attention portée à un monde que l'on a tendance à ne pas regarder en face car pour beaucoup il est anxiogène.
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