Les pyromanes

Il passait une moitié de sa vie sur l'eau et l'autre dans l'alcool. Son existence était purement liquide, sans forme ni contour.

L'adultère était son credo et le vice sa vertu.

On a tous un enfant en nous. Si les vieillards babillent comme des bébés, c’est qu’ils renouent avec leur vraie nature. Et les jeunes femmes ne sont elles-mêmes que des gamines qui répètent les erreurs de leurs aînées. Quoi qu’elles disent, elles cherchent un mari qui ressemble à leur père.

Ainsi avaient-ils choisi de mourir ensemble plutôt que de vivre à part.

Un meurtre onirique était un meurtre comme un autre, ou presque. Il fallait du courage pour tuer, fût-ce dans un cauchemar.

Pas de plus douce contrée que la nostalgie. Celui qui s'y installait n'en revenait pas ; il y coulait sa vie et y mourait.

Pour autant, on n’était jamais seul à se tuer. Les prétendus suicidés n’étaient que des victimes a qui l’on faisait porter le chapeau, et un cœur meurtri supposait l’existence d’un bourreau.

Il n'y a pas de raison qui vaille. L'amour, c'est une maladie, tu te souviens ? Une folie ordinaire qui court les villes comme les champs. ça fait perdre la tête, l'amour ; ça ne se soigne pas. Et toi, tu es là, à me parler de raison ! Tu te vantes d'avoir renoncé à ta naïveté, mais tu veux encore croire aux fables, croire qu'on peut arrêter d'aimer du jour au lendemain, même si ton cœur hurle l'inverse.

Le Père-Lachaise formait une ville à part entière. Une ville dédiée aux défunts, peuplée comme toutes les villes de riches et de moins riches. Ici, des bâtisses avec des portes et vitraux qui valaient des fortunes ; là, un caveau sans prétention pour dernière demeure. Sous chaque sépulture néanmoins, les os étaient les mêmes.

A ces mots, deux grosses larmes rouèrent sur les joues de Françoise. Les commères alentour y virent la manifestation d'un grand chagrin. Elles étaient à des lieux de soupçonner que ses pleurs loin d'illustrer quelque tristesse, traduisaient un profond soulagement.