J’ai compris que s’élever contre un homme, c’est affronter le système tout entier, et j’ai si peur de ne pas avoir le droit de mener ce combat que je ne m’autorise même pas à l’envisager.
C'est alors que je comprends pourquoi les hommes ont inventé les filles. Nous sommes des machines à accepter. À défaut de vouloir que les choses se passent, nous les rendons possibles.
Depuis toujours, on m'a expliqué comment refuser de coucher, mais jamais comment faire l'amour. Avec #MeToo, j'ai vaguement espéré que ça changerait. J'ai vite compris que non.
C'est un problème de femmes, donc ce n'en est pas vraiment un.
Il n'y avait pas d'hommes chez nous, ni de femmes d'ailleurs. Seulement une famille qui s'était déjà tout dit. Nous ignorions la violence des corps, voulions nous croire. Notre brutalité à nous, c'était celle des maris furieux, des mères sans mémoire, des repas froids, des enfants qu'on n'écoute pas et de ceux à qui l'on a ordonné de se taire pour ne pas avoir à leur demander comment ils vont.
Si le déni m’a permis de tenir, seule la vérité pourra me guérir.
Que ma vérité soit reconnue n'est pas si important, ce qui compte, c'est que je la fasse exister en-dehors de moi. p. 208-209.
Mais Victor n'était qu'un garçon. Il a disposé, sans comprendre qu'il s'imposait. Et il a consommé, parce que c'est facile, quand on est un homme. p.201
Je lui prête des pensées que je croyais avoir inventées toutes seules, mais que je découvre transmises, héritées.
Le plus pénible, c'est mon sentiment de ne pas avoir d'autre choix pour être entendue et crue que de présenter mon viol comme quelque chose d'épouvantable, comme une offense suprême et insurmontable.