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EAN : 9782360121595
280 pages
Ville Brule (25/08/2023)
4.15/5   55 notes
Résumé :
« Je suis une fille de mon époque. J’ai découvert l’amour en même temps que #MeToo. Ça ne me concernait pas, pas plus que ça ne m’a affectée. Ma jeunesse me servait d’immunité, j’avais un amoureux, et il me semblait que si je devais croiser la route d’un porc un jour, j’en mourrais. Je me trompais sur tous les points. »

Un monde plus sale que moi est le roman des jeunes filles de #MeToo, celles qui avaient 17 ans en 2017, celles dont on se dit qu'elle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Le thème a été souvent exploité ces dernières années : le consentement s'est révélé un sésame crucial, qui marque la frontière entre le viol et la relation autorisée. Un énième roman sur le sujet est-il nécessaire ?

Si la question s'est posée avant de parcourir les premières pages, ma résistance a été rapidement vaincue. A la fois pour la manière de traiter l'affaire et pour l'écriture qui emporte tout sur son passage.

La jeune fille qui confie ses états d'âme a dix-sept ans. Considérant qu'il est temps de perdre sa virginité, il lui faut trouver l'occasion de le faire. Sans appréhension. #metoo est passé par là, tout le monde a compris, le danger s'est éloigné. Ce jeune homme rencontré à une fête familiale, âgé de vingt ans et étudiant pourrait faire le job, d'autant qu'il semble attiré lui aussi. le marché est conclu, sans verbalisation mais en suivant le cours naturel de la séduction juvénile.

L'épisode n'a rien d'agréable, mais c'est souvent comme ça la première fois, donc elle ne s'inquiète pas. Des habitudes se prennent, elle apprécie d'être suffisamment attractive pour que l'on désire former un couple avec elle, mais de plaisir, point. C'est même une corvée douloureuse. Deux années passeront avant que ce partenaire lui déclare qu'il vaut mieux en rester là.

Il faudra du temps mettre des mots sur ce qu'elle a subi au cours de ces deux années…

Un roman remarquable sur ce sujet délicat, traité sans fausse pudeur ni complaisance, et qui peut constituer une mise en garde pour les jeunes générations. Il n'y a pas qu'une façon de commettre un viol. Un consentement n'est pas tacite parce que l'on vit en couple.

Par ailleurs, le jeune homme n'est pas si coupable que ça, ou alors par ignorance ou pire inconscience, et on pourrait voir là un défaut d'éducation. D'autant qu'il semble avoir compris le message.

Lu avec intérêt, d'autant que la plume est fine, mais déterminée.

280 pages Ville brûle 25 Août

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Lorsque j'ai entendu parler de ce livre lors de la présentation de la rentrée littéraire à la librairie La Nuit des Temps à Rennes, j'ai été interpellée. Un roman qui parle de #MeToo du point de vue d'un personnage qui était adolescente à l'époque, ça me paraissait intéressant.

Elsa a dix-sept et vient de vivre sa première expérience sexuelle lorsque Harvey Weinstein est accusé de viols et d'agressions sexuelles par plusieurs femmes. Loin de se sentir concernée par ces histoires, Elsa va découvrir l'amour, ou du moins ce qu'elle croit qu'est l'amour, avec Victor, un autre adolescent... Petit à petit, leur relation deviendra de plus en plus asymétrique et la jeune fille va prendre conscience qu'elle ne donne jamais son consentement pour leurs relations sexuelles...

Dès les premiers mots, le contexte est posé : Elsa vit sa première expérience sexuelle alors qu'Harvey Weinstein est sous les feux des projecteurs parce qu'accusé de violences sexuelles... Elsa est une adolescente comme les autres, pas très bien dans sa peau, qui rêve de découvrir l'amour et perdre sa virginité. Victor, son premier petit ami, est tombé au bon moment... En tous cas, c'est ce qu'elle croit, parce qu'il va la violer presque à chacun de leurs rapports.

Capucine Delattre a écrit sur ces jeunes filles qui avaient 17 ans en 2017, en pleine période #MeToo. Ces adolescentes banales et inconnues, qui ont vécu des viols et agressions sexuelles et qui ne sont pas entendues parce que ce n'est pas suffisamment sordide, elles ne sont pas célèbres, et leurs malheurs sont tellement communs qu'ils en sont devenus banals...

J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a assez perturbée étant donné que j'ai longtemps cru que les adolescentes d'aujourd'hui seraient davantage protégées des violences puisqu'elles en avaient plus connaissance... Malheureusement, l'autrice m'a prouvé que ça n'est pas forcément le cas. Certains passages, certains mots employés, sont parfaitement trouvés et m'ont chamboulée. J'ai aimé la plume de l'autrice, même si la lecture n'était pas toujours très simple.

Aussi, j'ai trouvé que le personnage d'Elsa était très réaliste et très réussi. Son évolution en tant que femme, en tant que féministe, se fait petit à petit... Elle était totalement crédible en tant qu'adolescente qui comprend au fur et à mesure que ce qu'elle vit n'est pas normal. Certaines personnes pourraient trouvé ce personnage agaçant, mais je l'ai surtout trouvé bien écrit.

Ce roman invite à réfléchir sur le consentement mais surtout sur les adolescentes à l'époque #MeToo, celles que l'ont a pas entendues ou pas crues, celles qu'on pensait à l'abri... L'autrice nous livre un texte assez bouleversant sur une réalité qu'on préfère continuer d'ignorer.
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En 2017, en plein mouvement #MeToo, Elsa a 17 ans et découvre l'amour. Elle vit sa première histoire (pas d'amour) avec Victor, 20 ans, et découvre la sexualité. Et très vite, elle comprend qu'elle aussi fait partie de cette génération. Victor prend, Victor ne demande pas, Victor n'en a rien à foutre, Victor s'étonne quand le corps d'Elsa crie non, Victor abuse, Victor se débarrasse aussi sec dès que l'année touche à sa fin. Victor, c'est son premier copain, Elsa n'y connaît rien, pour elle c'est normal, elle est censée ressentir du plaisir et du désir, c'est la société et les films qui le disent, finalement c'est peut-être elle qui est construite à l'envers. Elle ne comprend pas que ce n'est pas normal. Que pour s'éclater il faut être deux. Que même si elle ne dit pas non, elle ne dit pas oui non plus, et que c'est aussi grave. Elsa était persuadée que jamais elle ne tomberait sur un porc comme dans les témoignages de #MeToo, et Elsa avait tort. « Pas tous les hommes, mais beaucoup quand-même. »

C'est le deuxième roman de la jeune autrice Capucine Delattre, et un roman fort et saisissant, qui témoigne de notre époque troublante, où les balbutiements d'un changement semblent avoir été tués dans l'oeuf (mais l'autrice le montre bien mieux dans son roman). « Avant j'étais libre, désormais je suis déterminée. #MeToo me force à exister comme une femme partout où je vais. Pour la première fois, je remarque des regards d'hommes posés sur mes fesses dans la rue, je relève leurs interpellations. » C'est compliqué à lire, ça fait de la peine et ça me rend triste ce qu'Elsa a vécu. Mais c'est poignant. J'ai eu du mal à rentrer dedans au début, la première partie était difficile, mais après j'ai tout avalé à une vitesse faramineuse, d'un coup, sans pause. Merci Capucine Delattre et les éditions La ville brûle pour ce livre nécessaire qui devrait être lu par le plus grand nombre !
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Un roman qui n'a rien de fiction et tout de réalité. Elsa, c'est un peu toutes les femmes et c'est une avalanche de tout ce qu'on a vécu un jour. Il y a des passages dans lesquels je me suis reconnue et l'autrice a su faire d'Elsa une fille qui doute, qui est sûre d'elle puis qui se convainc qu'elle a tord à nouveau pour finalement se dire que ce qu'elle ressent et ce qu'elle a vécu est légitime. On passe à travers beaucoup d'étapes avec Elsa et c'est un personnage (qui n'en est pas vraiment un tant c'est criant de vérité) qui restera profondément gravé dans mon coeur et dans ma tête.
Je pense que c'est un livre à mettre entre toutes les mains, hommes comme femmes, adolescents comme parents. Je pense qu'on en a besoin, et qu'on en aura toujours besoin.
Petite mention bonus pour la couverture, dont le travail est à saluer.
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꧁༒Un monde plus sale que moi - Capucine Delattre ༒ ꧂

Ou autrement dit le livre dont on avait besoin dans le paysage littéraire féministe.

« Nous sommes à mille lieues d'avoir le courage, la lucidité, et surtout l'envie de voir en nos anciens amoureux des forceurs, des violeurs, bref : des porcs. »

Comment la jeunesse à appréhendé MeToo en 2017 ? Capucine nous dresse le portrait de Elsa, jeune femme de 17 ans qui vit sa première relation amoureuse avec Victor.

Elsa romantise et projette chaque rencontre avec un garçon, se persuadant qu'elle est faite pour intéresser les hommes. On se rend compte qu'elle se force à aimer Victor, effaçant sa propre personnalité et modelant son corps et ses pensées à un idéal pour Victor, le centre de son monde (alors qu'elle lui trouve rien de spécial hein)…

« Chaque jour je prélève de petits morceaux de libre arbitre à mon confort pour consolider le sien et j'investis pour lui tous les rôles de la basse-cour ménagère - copine, psy, bonne pote, daronne, bonbonne et pauvre conne. »

La spirale infernale prend tout son sens quand les premiers rapports arrivent, qu'Elsa ne tire aucun plaisir, qu'elle n'ose pas dire non, se force, finira par avoir des trous noirs de ses nuits terribles avec lui. Une routine, où la jeune femme se tue à l'aimer, sans jamais rien en retour. le déni, la désillusion totale !

Ce roman est frustrant car Elsa raconte son expérience en prenant petit à petit conscience qu'elle a été victime de v*ol, mais qu'elle n'a pas su s'en rendre compte, s'en sortir au moment des faits. On a envie de la secouer, de l'aider, mais nous sommes des spectateurs de cette monstruosité. On a envie de la convaincre que non, ce n'est pas elle le problème, seulement le monde dans lequel elle vit, la personne qu'elle côtoie.

Cette génération MeToo, c'est une génération à l'éveil féministe, à la conscience de la place de la femme dans la société, et pourtant, qui se retrouve face sans s'en rendre compte, à la violence et l'horreur d'être victime de v*ol, d'agressions sexuelles.

Un grand merci Capucine pour avoir écrit roman criant de vérité qui ne laisse pas de marbre, dont la qualité littéraire est incontestable !

Flavie
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critiques presse (2)
MadmoizellePresse
06 septembre 2023
L’histoire qu’on aurait aimé lire à la sortie de l’adolescence et qu’on voudrait offrir à tours de bras à nos ami.e.s, sœurs, frères et parents
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Culturebox
05 septembre 2023
Portrait au vitriol d'une génération qui pensait pouvoir échapper aux violences faites aux femmes, ce deuxième livre est intelligent, sans concessions, brutal.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
« J'aurais pu éviter ça », se dit-on lorsque le garçon se retire enfin, et que le vide laisse place au doute. On se le dit aussi quand on se fait arracher son téléphone ou pirater sa carte bancaire. Mais on sait alors qui est coupable, et que l'audace de sortir son portable en pleine rue ou de vouloir acheter un tee-shirt en ligne ne signifie pas que l'on mérite d'être prise pour cible. Lorsqu'on a été violée, jamais le reproche latent que l'on s'adresse à soi-même ne s'éteint, jamais la certitude plus ou moins avouée de sa propre négligence, de sa naïveté, de sa bêtise ne se dissipe. Se croire, se reconnaître à la fois violée et innocente est un combat de chaque jour, que l'on espère ne pas perdre. Je n'ai pas encore perdu le mien.
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Je voudrais pouvoir porter plainte, mais je suis furieuse de n'avoir d'autre recours que celui que m'impose la justice. Depuis #MeToo, les gens voient la plainte comme une fin en soi. De même que les contes de fées s'achèvent par un mariage et des tas d'enfants, les histoires de violées trouveraient leur terme avec un passage au commissariat. Ça pourrait, si seulement nous y attendait autre chose qu'un parpaing de papier et un non-lieu dans 99,9 % des cas.
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Qu'ils viennent m'accuser d'avoir menti s'ils le veulent : je leur donnerai raison. Je me fous d'être crue, je veux juste être entendue. Écrire est la seule justice à laquelle j'ai accès.
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Je voudrais que les juges se rappellent un peu, parfois, on a souvent davantage envie d'un regard que d'une sanction pénale. Il ne s'agit pas de le punir. Il s'agirait de me guérir.
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Pourquoi n’est-ce pas pareil, d’être une victime tout court et d’être une victime de viol ? Pourquoi n’a-t-on pas d’autre choix que de rester victime de viol tout au long de sa vie ? Comment est-on censées se reconstruire, quand on doit à la fois cesser d’y penser tout le temps mais ne jamais l’oublier ? Je rêve d’oublier avoir été violée, mais je n’y parviens pas. Ça ne me fait pas souffrir, mais ça fair partie de moi. Je lui fis que malgré moi, je me perçois et me percevrai sans doute toujours comme une victime de viol. Je ne suis pas que ça, mais je le suis pour toujours.
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