Thierry-Marie Delaunois,
L'Île joyeuse, Édilivre, 424 pages.
Un quatrième roman par
Thierry-Marie Delaunois ! Dense et vivant… Une brique, comme les précédentes, mais qui tient en haleine jusqu'à l'épilogue.
Il est vrai qu'un tsunami n'a rien de soporifique et Yin, la frondeuse, a tout pour nous tenir bien éveillés (avec son charme un peu pervers qui aiguise l'« appétit »).
On est à Paris. Plusieurs duos, couples « quotidiens », se débattent avec leurs destinées, aspirés dans « l'inextricable toile » de la vie : Olivia et Arthur, Chloé et Lucien, Nicolas et Tim, Yin et Thi-Hoa, d'autres encore : Madame Paula, Edmond…
On passe d'une scène à l'autre dans un jeu d'alternances assez vif et bien dosé. Les changements de plans sont en effet fréquents et le suspens s'en trouve chaque fois maintenu ou relancé. de plus, tout se tient : on ne perd jamais le fil – ou plutôt la corde, celle du violon, tant cet instrument est roi dans ce livre qui, en toile de fond, célèbre la grande musique.
Le récit est minutieusement construit, plein d'imagination. Les dialogues sont alertes, rapides, teintés d'humour. le portrait psychologique de chacun des acteurs est sensible et cohérent. On nage dans un « existentialisme » chamarré en quelque sorte, mais non fataliste, qui fait plutôt aimer la vie, respirer à pleins poumons en dépit des soucis et des injustices cruelles de la vie.
Cette simplicité pétillante nous change de toute cette production actuelle, morbide, agressive, « sexuelle » à outrance (ici, une scène d'amour suffit – sur le carrelage froid…), qui exalte les pensées et les instincts les plus bas…
J'irais bien prendre un pot avec Yin (ou Chloé, j'hésite…) au Relais d'Alsace et puis nous irions Salle Pleyel écouter un concerto et puis… mais pas le 11 septembre ni le 26 décembre…
L'Île joyeuse, ça peut être moi seul, moi en couple, mes amis et moi, une idée, un projet, une pièce de musique classique (autre que du Debussy), ou finalement quand même toute la vie, d'autant qu'ici les survivants – car il y aura un drame – finiront par prendre leur envol…
JM