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Citations sur Le Veilleur amoureux (7)

V. L'ÂME SENTINELLE

LXX
L'ARBRE
Enseigne-lui l'étude des arbres.
G. Seféris


L'arbre est un fleuve d'étoiles qui s'écoule ;
L'arbre tord ses mains, s'apaise ; l'arbre
Est inflexible ; l'arbre
N'est rien que la matière qui respire,
Et la matière est bonne.
L'arbre est la sentinelle du temps ; il
Vibre au passage amoureux du soleil, déploie
Ses feuilles, nous invite à veiller
Aux quatre nuits de l'an qui passe ;
Et quand la terre accablée renouvelle
L'inépuisable fécondité de son ventre, il annonce
Le jour qui vient, la montée de la sève jusqu'à la gloire.
Puis le soleil se glace, les oiseaux se démettent,
L'arbre n'est plus alors
Qu'une passion vouée à la cendre, clouée
À l'absence du paysage,
Au vide où s'égrènent pas et pensées.
Qui fait hurler le vent, courir par bonds les lièvres
Sur l'espace désert.
La dure loi exige le don total.

p.184
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XLIX
BERCEUSE


La nourrice des fenêtres
Berce le petit jour qui naît
Dans un berceau de feuilles tendu d'ombres.
Que rien n'effraie l'enfant, hirondelles, déserts.

Midi s'assied sur son trône d'ivoire,
Décrète ses édits – parchemins de toitures.
Que l'eau défile avec lenteur, que me saluent, porteurs de lances,
Peupliers, pluies. Les fenêtres sont fières.

L'agonie traîne au lit des crépuscules
Une vendange qui s'estompe, éléphants d'ombres, femmes
Qu'on égorge, belles chevelures dans le palais qui brûle.
Les fenêtres sont graves, nuits, serviteurs.

p.129
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II. UN CHANT D'AMOUR

XXII. LES MONTS BLEUS


Les monts bleus
Et le ciel songeur.
Toi
Dont les yeux ardents
Sont l’abri du ciel et des monts.

Source, frisson, tristesse, joie.
Je baiserai de ma langueur
Ta bouche.

Je vois les mots se former
Dans tes pupilles, sur tes lèvres.
Et je respire ton haleine.

Je me raccroche à la vie,
Je sais l’existence du monde
Lorsque je tiens ta main.

p.63
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V. L'ÂME SENTINELLE

LXX L'ARBRE


L'arbre est un fleuve d'étoiles qui s'écoule ;


Nos doigts peu à peu lâchent l'objet qu'ils convoitent,
Nos yeux quittent l'orbite où ils entretenaient
L'amour de la lascivité des corps, et la hantise
De puissance et de domination.
Chacun des sens outragés par la nuit, la mort le livre
Aux ateliers de la terre qui simplifie
Et décompose. Les os
S'alignent sous le suaire des sables ;
L'âme qui ne divague plus comparaît
Devant le Maître. M'as-tu jamais aimé ?
L'arbre semble dormir et ne dort jamais ; offre aux abeilles
Un refuge au repli de ses branches ;
Un trou dans sa cuirasse aux colombes.
Sans jamais divertir, ayant
Reçu nativement sagesse et jugement.

p.185

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IV. EXERCICE DU JOUR

LVI
LA FAUX


Nous avons retourné le manche de la faux
Et sorti la pierre pour affûter
La grande aile noire, coupante.
Le soleil est pesant sur les noyers sans ombre.
Pas un souffle de vent.
L'homme en chemise a dit alors :
Où s'asseoir dans cette herbe mauvaise,
Sur le bord de la route, pour boire un coup ?
Deux oiseaux sont passés au ras du sol
Éperdument, pendant que s'éteignait sa phrase.

p.143
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I – NOCTURNAL

VI
L'OISEAU


Dans la cage habite l'oiseau
Derrière les barreaux de rotin
L'oiseau relie le soir et le matin,
L'heure qui rampe sur les toits et les tables,
L'oiseau toujours joyeux, l'oiseau proche, lointain.

Nous habitons ce monde aux barreaux de pluie,
La cour vertigineuse entre quatre hauts murs.
La ville ronronne et geint sans plus finir.

Je me souviens au creux d'une vallée,
L'ai-je connue, fut-elle en mon désir ?
D'une trouée paisible entre les arbres.
Quelle douceur esquisse au loin sur l'herbe
Un jardin de clairière où refluera la nuit.

J'ouvre les persiennes rétives puis la fenêtre :
Quels seront aujourd'hui les messagers de joie ?
Il n'est de liberté qu'intérieure, je le sais bien ;
De silence, qu'au fond de soi
Pour peu qu'on sache s'en éprendre.

La voix familière ignore les mots,
Elle parle toujours et sans paroles,
Veille dans un déni de faits immodestes
Et nous comprend avant que nous ne l'entendions.

Oh pourquoi l'oiseau docile, pourquoi
L'oiseau chanteur, lorsque je le regarde
Se taira-t-il, l'oiseau qui sait chanter ?

p.25-26
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LA MUSIQUE

La musique toujours nous parle de notre vraie patrie.

Sitôt que son chant s'élève, nous appelle,

Comme le vent du soir dans l'arbre aux feuilles douces,

Nous voguons dans les embrasements d'une mer infinie.

Est-ce la vague avec les rimes de la houle,

L'opulente clarté de la fugue de sèves :
Le soleil brame sur les délices du lac transparent,
Et nous nous connaissons comme l'eau qui s'écoule.

Le monde est vertical : tel est l'amour de l'arbre

Où le renard du vent se faufile et s'empourpre,

Et la nuit plus terrible, née pour un seul amour.

Nous te reconnaissons pays sans visage, terre

Où nous avons grandi sous le chêne immortel; ciel semé


de grandeurs,


Puisque nous sommes l'infini qui se dilate et sa muette

raison;


Nous te reconnaissons pour avoir oublié

Ton ciel sublime et le nom de cristal

Qui nous fut donné dans l'orchestre céleste.

Libres toujours, et marchant dans les forêts

Obscures, nous dérivons comme la feuille prise au

ruisseau

De la branche, l'œil incomplet, le cœur inachevé,

Mais balbutiant le seul langage de l'azur,

Tous désespoirs réduits et toute mort traversée.
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