Citations sur Carolyn Carlson, de l'intime à l'universel (13)
Car, avant cela, comme l'évoque Carolyn dans le film de Charles Picq, il y a ces morts d'enfants innocents, leur abandon et toutes les douleurs qui lui font rappeler cette grande loi bouddhique: que la première expérience de l'humain, c'est la souffrance. C'est une clé d'Inanna, celle d'éveiller la compassion, le partage et l'amour sans lesquels l'émotion confinerait au désespoir.
(p.244)
Ce qui compte à ses yeux, c’est de préserver sa créativité, de poursuivre inlassablement sa quête poétique, d’atteindre un idéal du mouvement infini et pur, de développer et de transmettre ses choix et ses convictions artistiques, philosophiques, spirituelles.
Il y faut la disparition de l'"ego" et un "moi" transparent qui permet que la personnalité se transcende. Je suis la forme de ce que je danse, dans un partage de solitude et de mystère. Être à ce point attentif à l'existence nous éveille au pouvoir de vivre le moment présent. Les rêves qui surfent sur les vagues, je mes aide à prendre corps par eux-mêmes.
P.153
Le son vient du silence, la lumière de l'espace. C'est le lien entre être et non-être, la dualité du tao. Tu peux penser la réalité sans ressentir le vide et l'illusion. Par le yin et le yang, tout ça peut se penser de façon cyclique. C'est comme une fleur sauvage dans la lumière du matin.
P.148
Grâce à lui, j'ai découvert la cuisine macrobiotique, la méditation zen, et j'ai commencé un apprentissage du dessein calligraphique et des encres. C'était comme de revenir à une page vide, libre, en trouvant le juste trait; alors je découvrais mon centre. C'était une autre révélation, celle de prendre soin de moi, et je savais que ce que je suivais là, ce n'était pas exactement une thérapie, mais plutôt une autre voie pour exprimer mon art en tant esquisse et projection de pensée et sensations.
P.78
Pour Carolyn, la danse, ou plutôt le mouvement, est le rituel qui permet d'accéder à la lumière.
(p.211)
Pour résumer cette aventure merveilleuse, j'aime la poète Marie Caroline Richards quand elle dit que le matériau n'est pas le signe d'une intuition créative pour la vie; les techniques ne sont pas les signes; l'Art n'est pas le signe. Le signe, c'est la lumière qui habite l'acte quels que soient sa nature et son médium.
Audace... Passion... Amour... Confiance... Rejet... Doute... Provocation... Douleur... Frustration... Joie... Saisissement... Irrésistibilité... Le poids de l'éloquence...
(p.110)
Thierry Delcourt, psychiatre et psychanalyste, est l'auteur. Carolyn Carlson, danseuse, chorégraphe, poète et calligraphe, qui crée un univers poétique fabuleux depuis plus de 50 ans
L'artiste n'est pas celui qui change l'art, il est le véhicule de ce changement.
P.75
Il lui faut alors donner sens et densité à sa perception d'une profondeur qu'elle ne cesse encore de nommer son deep insight, une profondeur en soi autant que tournée vers le monde. Ce regard sensible pénétrant au fond de soi et du monde alimente sa poésie visuelle et lui permet de soutenir cette abstraction concrète:"Je suis ce que je danse."
P.74