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Citations sur Leur enfance (51)

On ne croit plus en l’innocence des enfants, si on y a jamais cru. On n’a pas attendu Freud pour être désenchanté de l’enfance : la description du nourrisson jaloux que donne Augustin dans les Confessions n’a rien à lui envier, mais il faut dire que la doctrine sévère du péché originel, dont il fut l’impitoyable théoricien, vouait déjà aux limbes des charretées entières de nouveau-nés.
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Personne ne pense évidemment que l’enfance ressemble au pays de Oui-Oui ou qu’elle est une île d’utopie (car même L’île aux enfants a sombré depuis longtemps) – bien que ce soit un âge où le pays de Oui-Oui présente encore un intérêt et catalyse le désir, mais c’est justement parce que les enfants se savent vivre dans un autre monde que celui-ci : l’enfance n’est pas un somnambulisme bienheureux de la conscience.
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Bégayer et balbutier dans la langue est la condition de l’écriture. C’est pourquoi elle entretient une affinité secrète avec le cri comme avec le silence, ces états où le langage manque et qui fait la pulsation même de l’enfance, pour la double raison du corps sensible de l’enfant et de son débat incessant, heureux ou malheureux, avec la parole. Ce qui ne fait pas plus des enfants des écrivains ou des poètes que des poètes de grands enfants.
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L’enfance, entendue comme ce qui excède l’ in-fans proprement dit mais continue de se déterminer par lui, est donc cet état où, à chaque fois, la parole s’arrache au langage, où le code cesse d’être ou n’est pas encore automatique, entre le silence (ou le cri) et le « pur » langage – la structure – qui ne parle pas. Est enfant celui qui fait l’épreuve de ce décalage, de cet écart ou de ce vacillement, de cette imperfection et de ses multiples ratages : une structure qui échappe toujours, un langage ébréché, jamais absolument approprié, un ordre imparfait dans lequel rien ne s’ajuste idéalement.
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Il faut se faire une raison : ce ne sont pas les enfants qui nous renseigneront sur l’origine des langues. Ils ne sont pas de petits Adam, leur langue n’est pas la Ur-sprache. Et il est curieux de voir que, si la quête métaphysique du langage originel nous fait désormais sourire, il nous arrive de la prolonger nonobstant et de manière subreptice en guettant le premier mot qui sortira de leur bouche – alors qu’en réalité il y entre.
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Les enfants qui apprennent à parler ne miment pas à leur échelle le grand événement imaginaire de l’invention du langage. Ils ne le produisent pas plus qu’ils ne le découvriraient au fond d’eux. C’est plutôt le langage qui, s’emparant d’eux, les pétrit et en fera des humains. Il est la puissance qui va les créer désormais continûment et qui leur donnera une conscience, une forme.
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Et les enfants ne veulent pas parler, comme si miraculeusement les mots se pressaient à l’orée de leur bouche, venus du fond obscur d’eux-mêmes où ils auraient mûri ou fermenté, comme si une parole privée et obscure, germinative, irrésistiblement cherchait la lumière publique. Le langage n’est pas en eux et il ne vient pas d’eux : il vient à eux.
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" L’enfance est précisément la machine […] qui transforme la pure langue d’avant Babel en discours humain. "Il n’y a pas d’enfance dans le langage animal, simplement l’acquisition programmée, et la plupart du temps instantanée, d’un système de signes. À l’inverse et contrairement aux définitions traditionnelles héritées d’Aristote, « l’homme n’est pas de ce point de vue “l’animal doté de langage”, mais plutôt l’animal qui en est privé et qui doit par conséquent le recevoir de l’extérieur.
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L’enfance est le mot pour désigner l’incapacité première au langage naturel ou animal (système de signes) qui gît comme sa condition transcendantale, donc toujours actuelle, dans la parole proprement humaine. Elle est le silence – in-fans, non-parlant – non pas d’où émerge la parole, mais qui seul rend possible l’aptitude à la parole, c’est-à-dire la différenciation entre le langage (comme système sémiotique partagé avec les animaux) et la parole (système sémantique), et c’est pourquoi elle désigne une « position intermédiaire entre langue pure et langage humain, entre sémiotique et sémantique3 » : « L’enfance est précisément la machine […] qui transforme la pure langue d’avant Babel en discours humain4. » Il n’y a pas d’enfance dans le langage animal, simplement l’acquisition programmée, et la plupart du temps instantanée, d’un système de signes. À l’inverse et contrairement aux définitions traditionnelles héritées d’Aristote, « l’homme n’est pas de ce point de vue “l’animal doté de langage”, mais plutôt l’animal qui en est privé et qui doit par conséquent le recevoir de l’extérieur».C’est ce qui fait que l’enfance ne passe pas, bien qu’elle soit toujours déjà dépassée dans la parole.
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Le nihilisme ne succède pas à l’édification grandiose : il en est le moteur, sinon l’intention. La grande métaphysique n’est que l’envers du nihilisme, les deux faces d’une même pulsion dont la philosophie est l’interminable terminaison. Édification et destruction sont une seule et même chose : deux moyens pour eux de faire l’expérience de l’infini en eux.
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