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Critique de Lucilou


Comme je l'ai attendu ce tome 3!
Comme j'ai été heureuse de pouvoir enfin m'y plonger après avoir relu au préalable "Miss Bengalore" et "Les Marguerites de l'Hiver" aussi éblouissantes à la première qu'à la seconde lecture!
Une lecture en apnée, le souffle presque coupé. C'est, de la part Félix Delep et de Xavier Dorison, un nouvel uppercut qui nous envoie au tapis, même si je l'ai trouvé un peu moins violent, un peu moins poignant et peut-être aussi un peu moins bon que les deux tomes précédents. Cela dit, un uppercut reste un uppercut, de ces coups qui vous font voir danser des étoiles voire un peu trop de lumière et ici le vertige commence dès la couverture, sublime, qui laisse à penser qu'à l'intérieur, les graphismes et la mise en couleur seront toujours aussi beaux que précédemment.

Dans ce troisième volume de la série qui en comptera quatre et intitulé "La Nuit des Justes", on retrouve Miss B., le lapin César (mon personnage préféré, encore plus depuis ce tome!) le rat Azélar (attachant mais parfois un peu trop prêcheur à mon gout je crois...) et leurs comparses.
Tous, encore et toujours, souffrent sous le joug de Silvio, de sa dictature, de la terreur qu'il fait régner sans partage.
Malgré la neige et le froid, malgré la faim et le sang, les animaux de cette autre "Ferme des Animaux" -hommage assumé et grandiose au texte de George Orwell- poursuivent leur révolte et les marguerites refleurissent.
Cela n'entrave malheureusement pas la puissance et la cruauté du boeuf en chef (vivement le tartare du chef, mes envies belliqueuses en déplaisent à Azélar et Miss B.!) qui secondé par sa milice meurtrière parvient à mater la révolte.
Toujours plus de barbarie et les murs de la prison... Toujours plus et face à ce déferlement de violence, il en faut peu pour que les animaux ne basculent pas à leur tour dans cette même violence, bestiale, brutale, humaine (?) car le sang appelle le sang, le mal appelle le mal et si l'homme est un loup pour l'homme, il est des circonstances où une poule et un bélier peuvent aussi être meurtriers Il
Il faudra toute la conviction et le sang froid de Miss B. et la sagesse d'Azélar (qui se mouille fort peu tout de même!) pour les convaincre de revenir à une démarche plus pacifiste et de se battre encore et autrement.

"La nuit des Justes" est sans doute le plus philosophique et le plus réfléchi des différents tomes du "Château des Animaux"... Il explore davantage la psyché de ses personnages et questionne avec une profondeur accrue la notion de bien et de mal, de révolte et d'engagement. Cette profondeur donne au livre une dimension passionnante et essentielle -aujourd'hui plus que jamais- mais le rend parfois un peu bavard et amenuise surtout la puissance que qui m'avait transporté avec tant d'élan, de force, de violence...
De fait, j'ai un peu regretté au cours de ma lecture cette accalmie qui a selon moi entravée le rythme du récit...

Il n'en demeure pas moins que "La Nuit des Justes" demeure un ouvrage virtuose tant dans sa composition que dans son scénario ou les messages qu'elle véhicule; dans la manière qu'elle a de disséquer les mécanismes de la dictature et de la terreur mais aussi ceux de la résistance et il est évident que je me sens déjà fébrile à l'idée de découvrir le tome 4 dans lequel j'espère retrouver ma propre terreur de lectrice (et ce citoyenne), le charisme et la puissance dégagés par "Miss Bengalore" et "Les Marguerites de l'Hiver".
J'y crois. J'y crois au moins comme Miss B. croit en Azélar.




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