Et puis, tu sais, le seul danger, c’est pas la grotte, c’est toi.
J’ai lu dans un magnifique bouquin consacré aux bourlingueurs qui naviguent en cargo cette citation d’Aristote : « Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer.
Il paraît que le sang qui court dans nos veines et l’eau de l’océan partagent exactement le même taux de salinité. Il se cache peut-être ici le secret qui nous lie aux dauphins plus qu’à aucun autre animal, le taux de sel dans notre sang, notre taux d’océan.
On ne devrait peut-être pas trop s’approcher des choses qu’on imagine. On devrait les laisser au loin, intactes.
Quelque chose d’un peu lugubre et froid flottait dans l’air, mais il est toujours malaisé de faire la différence entre ce que tricote l’imagination avide de sensations et le réel con comme un poteau.
Passé la stupéfaction, la raison raisonne.
Un paysage si monotone que même les cailloux semblent s'ennuyer
La maman est morte en couches comme une femme sur sept au Niger. Le papa est nulle part, comme sept hommes sur sept en Afrique subsaharienne.
L'ambiance est si tendue qu'on pourrait presque apercevoir les molécules de stress flotter dans l'air sale
Le temps : tout était là, dans ces cinq lettres, cette simple syllabe. J'allais soudain en être riche, ne plus courir après, le nez rivé sur l'ordinateur, le téléphone. Pendant neuf jours, j'allais devenir un milliardaire du temps, plonger les mains dans des coffres bourrés de secondes, me parer de bijoux ciselés dans des minutes pures, vierges de tout objectif, de toute attente, de toute angoisse. J'allais me gaver d'heures vides, creuses, la grande bouffe, la vacance, entre ciel et mer.