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Critique de audelagandre


Tout d'abord, rappelons les faits. L'aventure commence avec « Dust », se poursuit avec « Quand la neige danse », puis avec « Récidive » et enfin avec « l'Homme de la plaine du nord ». Des terres d'Afrique du Kenya, à l'hiver féroce de Chicago, aux terres battues par les vents de Saint-Malo, Sonja Delzongle nous en a fait parcourir des kilomètres, nous emportant à chaque fois dans des ambiances très différentes. Cette fois-ci, c'est en Belgique qu'elle nous donne rendez-vous, aux frontières entre les cônes sombres des premiers terrils et la forêt de Seignes. Point commun ? Un personnage récurrent, Hanah Baxter, profileuse renommée à l'instinct viscéral, utilisatrice d'un pendule qui la guide perpétuellement. Quatre romans, pour une seule héroïne que je retrouve toujours avec un immense plaisir.

Sonja Delzongle a su créer, à travers Hanah, une amie, une proche, une femme qui pourrait presque faire partie de notre famille tant le lecteur qui la suit depuis si longtemps connaît chaque point d'ancrage de sa vie, ses blessures, ses bonheurs et ses luttes. Il faut dire que l'auteur ne lui a pas épargné grand-chose, et que, malgré les rafales de déboires qui se sont abattus sur elle, auxquelles elle a toujours fait face, le pétrin dans lequel elle s'est souvent retrouvée, Hanah Baxter est toujours debout.

Chaque roman permet d'explorer un pan de l'histoire d'Hanah et celui-ci ne fait pas défaut à cette habitude de l'auteur. Quand le précédent évoquait les relations de la profileuse avec son père, celui-ci décortique les liens presque filiaux qu'elle entretenait avec son mentor, Vifkin, assassiné des années auparavant. Au travers d'une autre enquête, un cadavre découvert dans une forêt, déchiqueté par des chiens d'attaque, un passé extrêmement sombre ressurgit et permet de mettre en lumière, justement, les côtés plus opaques de la personnalité d'Hanah. Il faudra également compter sur la présence d'un homme au regard de glace qui lui en veut personnellement. Au centre de cette atmosphère inquiétante se dresse un manoir qui dissimule bien des secrets, mais qui a soustrait aux yeux de tous ce qui se déroulait sans sa cave.

Ces nombreux points laissaient présager un danger de se prendre allègrement les pieds dans le tapis. Il fallait compter sur une certaine virtuosité pour les emboîter de manière crédible et intelligente, tout en conservant un suspense indispensable, des révélations au compte-gouttes, des menaces qui planent tout en axant le récit sur l'aspect psychologique de ses personnages principaux. Sonja Delzongle n'a plus grand-chose à prouver concernant la maîtrise rédactionnelle de ses romans. Autant sur la forme que sur le fond, elle parvient avec une remarquable virtuosité à me faire oublier la « vraie vie », en m'emportant dans cet ailleurs où je ne peux/veux que me rendre seule. En général, et je vous fais ici une petite confidence, lorsque j'aime particulièrement l'ambiance d'un roman, ou l'un des personnages, je m'endors en y pensant. C'est toujours très bon signe, parce que cela veut dire que mon premier geste du matin, avec une bonne tasse de café, c'est de m'y replonger immédiatement, même seulement pour quelques pages si le temps ne me le permet pas. Des idées viennent alors à moi, des choses que je n'avais pas vues la veille, des angles de réflexion un peu différents. Même si Hanah est un peu en retrait dans ce quatrième opus, ce n'est pas innocent… le lecteur n'en comprendra le sens qu'à la toute dernière page.

« L'homme de la plaine du nord » fait certes moins rêver en termes de lieu d'action que « Dust » par exemple, mais il vous fait sentir cette poussière noire qui s'introduit partout, jusque dans votre cerveau. Vous devinez les yeux rouges du rat dans la pénombre, vous entendez les aboiements des chiens d'attaque dans la nuit silencieuse. de cette ambiance spécifique naissent des émotions singulières que je retrouve toujours dans les romans de Sonja. Son écriture plante admirablement bien le décor et le reste suit. En fait, elle m'embarque à peu près où elle veut. C'est un peu flippant, non ?

À titre tout à fait personnel, je salue le courage de la fin, mais évidemment je n'expliquerai pas pourquoi.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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