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Critique de CduNord


On commence le roman en s'attendant à un polar classique. Mais Sonja Delzongle sait jouer avec les faux-semblants et multiplier les strates dans ses récits.
Thanatea c'est une histoire d'amitié entre femmes flics. Un duo Esther-Layla, la quarantaine, amies d'enfance "à la vie à la mort". Hélène s'est greffée à l'équipe, professionnelle et amicale.
Elles n'ont pas été épargnées par les hommes, ni par la vie ces trois là, c'est peut-être aussi ce qui les soude et leur permet de s'obstiner parfois, contre l'évidence, au nom de la sororité des femmes bafouées et brisées. Emprise masculine (caricaturée), violences conjugales, ou conjoint minable, elles ont donné - et donnent encore. La perte d'un enfant, un divorce toxique, un cancer qui récidive, décidément...
Toutes ces réalités humaines sur lesquelles l'accent est d'abord mis, et en longueur, retardent un peu, regretterons-nous, l'entrée dans l'intrigue véritable. Qui voit en parallèle deux enquêtes - au départ. Layla et Hélène empêtrées dans leurs quotidiens qui au détour d'une page s'intéressent enfin à une affaire de disparition de cadavres à l'IML de Lyon, tout de même. Et Esther, qui a tout plaqué pour devenir barista sur l'île de Thanatea, en Suisse, "l'île aux morts", aussi le nom d'une multinationale dédiée aux pompes funèbres. On peine à y croire, et justement, Esther sur cette île sans Wifi commence à basculer dans le surnaturel: elle trouve des origamis que seule sa fille morte aurait pu réaliser, des statuette à son effigie, croise un certain Dante (sic), et se voit sollicitée pour résoudre des "disparitions". Flic un jour... Puis on hésite, devant cette accumulation. Délire ou mensonge ? A-t-elle simplement "changé de vie" ou mis en scène sa réclusion ?
De leur côté, à Lyon, les deux copines restées orphelines d'Esther vont de découvertes en révélations, impliquant des collègues, des proches... et Esther. Elles remontent le fil de son existence, adoption, filiation, compagnons. L'intrigue se complexifie, se densifie, jusqu'à friser l'incohérence et l'invraisemblance. Trop de coïncidences !
Arrive encore une autre intrigue qui mêle ces trois héroïnes, une affaire de "Dahlia noir" avec un esthète du crime, dirons-nous pour ne pas trop en révéler. Après Esther, Layla est en danger. Et la sororité, éternelle, inaltérable, réactivée - une thématique récurrente chez Delzongle.
La fin nous ramène au polar classique qu'on attendait au début, et qui sera passé par bien des détours - le combat des femmes, la masculinité toxique, le syndrome post-traumatique, la filiation, le désir d'enfant... et on en passe. Un "débrief" un peu long, sur l'histoire réellement vécue par Esther, un affrontement bizarrement très "western" et une chute qui peut décontenancer.
Pas de doute en revanche, malgré l'intrigue alambiquée, la plume est bien là, addictive, la preuve on ne s'est pas égaré en chemin.
merci à NetGalley
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