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Citations sur Manhattan Volcano (3)

Voilà des détails tout à fait indignes d’un ouvrage d’histoire, et que tu liras sans vouloir les mettre par écrit ; et bien entendu, c’est à toi, qui me les a demandés, que tu t’en prendras si tu ne les juges même pas dignes d’une lettre. Au revoir. (Lettre de Pline le Jeune à Tacite, traduction Nicole Méthy)
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Longtemps, ainsi, il m’aura suffi de prononcer cet imparable sésame – « j’y-étais-ce-jour-là » – pour entrer aussitôt de plain-pied, de plein droit, au panthéon des Admirables Anonymes que toutes les patries du monde reconnaissantes s’étaient bâti à l’improviste, dès le lendemain, pour remplacer ce qui avait été détruit et ainsi parachever la catastrophe. Car le désastre n’est pas tout, ni les morts qu’il emporte en tribut sur son passage ; encore faut-il, pour que le spectacle soit complet, qu’il en reste quelques-uns pour le raconter – et moi seul ai survécu pour te le dire…
Mourir, c’est bien ; avoir failli, c’est mieux. Ainsi quelques millions d’individus, dont il se trouve qu’ils se trouvaient là-bas, ce jour-là, à ce moment-là, ont-ils instantanément, et par la seule grâce de cette présence fortuite, accédé au statut prestigieux de survivant. Je fus de ceux-là – dont on se demande bien, du coup, ce qu’ils étaient jusqu’alors, avant de se mettre un beau jour à survivre : des zombies ? Oui, sûrement, souvent. Des vivants, de simples vivants ? Pourquoi pas. Autant dire : des mortels. Dead men walking. Et qui depuis s’accrochent, avec une frénésie cannibale, aux lambeaux putrides de la tragédie qu’il leur aura suffi de frôler pour prétendre y survivre, pour prétendre, autrement dit, à l’immortalité.
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Tu me demandes comment c’était.
Me croiras-tu si je te dis que je ne souviens de rien ?
Tu veux savoir comment c’était, tu veux qu’avec des mots j’exhume des cendres, et que des cendres mêlées aux mots, comme d’un brouet d’enchanteur, jaillissent des mondes perdus, l’Atlantide fabuleuse d’un carnage qu’on t’a déjà tant de fois conté, tant de fois que tu as fini par ne plus y croire, tant de fois que tu n’as plus que des légendes à quoi te raccrocher, mais chacune épaississant si bien le mystère des précédentes que toutes – ainsi amoncelées, enchevêtrées les unes aux autres comme les décombres de ces jours-là, tantôt fumeuses, tantôt calcifiées, pétrifiées dans la gangue des cent mille milliards de mots qu’on a déjà déversés en tombereau sur le cadavre, à l’en étouffer pour de bon et pour l’exorciser sans doute -, toutes les légendes, plutôt qu’à l’éclairer, conspirent à ramener sur ce jour fameux le voile de la nuit, de l’obscur et de cet effroi très particulier qui naît de l’incompréhensible.
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