Romeo Brigante, tome 1 : Liberté conditionnelle

Il avait pris gros, vingt lourdes années au violon, il avait ramassé pour les autres. Il n’avait pas moufté pour autant. Une vraie tombe, une stèle muette dans un cimetière fait de béton, de barreaux infranchissables et de douches froides.

Au milieu du tas d’emmerdes qui s’amoncelait devant lui, il se faisait du mouron pour sa fille. C’était peut-être ça au final, être daron : s’inquiéter pour ses enfants jusqu’à ce que ça vous file un cancer et que vous creviez. Merci, la vie, belle perspective .

Un excellent polar.
Il s'agit du 2ème roman de l'auteur. Pour moi c'est une découverte. L'auteur nous entraîne dans un excellent polar.
L'histoire se déroula à Lyon. Roméo Brigante, ancien bandit, après avoir passé 14 ans en prison, se tient comme on dit "rangé des voitures". Mais il va se faire rattraper par son passé de malfrat, mais aussi par le passé de sa vie personnelle. Je vous laisse découvrir la suite de l'histoire.
L'écriture est claire, fluide, rythmée. On est tenu en haleine jusqu'à la fin.Il y a des rebondissements. J'ai passé un agréable moment de lecture.
Un livre que je recommande à tous les passionnés de polar.

Il avait tout appris par coeur puis détruit les preuves sur papier. Si on venait le perquisitionner, il n’aurait rien. Tout dans la tête. Vous avez un mandat pour fouiller mon cerveau, monsieur le juge ?

La plupart du temps, on est bien trop content de pouvoir se tirer avec l’oseille avant même que le taulier ait pu dire ouf. Et puis on est pas du genre à chercher le nom des otages pour leur ressortir à la face en leur pointant un feu devant le pif. Cela lui rappelait ces films de James Bond où le méchant explique par A plus B au héros comment il va faire pour le tuer, tout en lui laissant tout le loisir de faire foirer son opération. Romeo n’avait pas l’intention de jouer les agents secrets britanniques, il était rangé des voitures. S’ils étaient venus pour piquer la caisse, ils n’avaient qu’à se servir, pas la peine de risquer sa liberté vieille d’à peine un an pour finir avec du plomb dans le lard.

On ne devient pas un des gangsters les plus recherchés de France si l’on se laisse abattre à la première occasion. Certes, son passé avait ressurgi comme une ado qui annonce sa maternité à ses parents entre le fromage et le dessert, mais il n’y avait pas de quoi en être déstabilisé pour autant. Au contraire, il avait agi selon un ancien protocole et avait fait ce qu’il avait à faire, sans remous.

Les orgies arrosées au Dom Perignon dans sa villa de Nice n’avaient servi à rien non plus contre les passages à tabac par les mâtons de la maison d’arrêt ni contre les coups de lame de rasoir des autres détenus qui voulaient se faire un nom.  Les poches remplies à déborder de talbins à ne plus savoir qu'en faire n'avaient pas pu édulcorer ses interminables nuits à pleurer entre quatre murs. Tout ça, c’était des souvenirs, rien que des souvenirs bien inutiles, bien incapables de faire quoi que ce soit pour changer son quotidien.

Au loin, une sirène de police fit frissonner Romeo. Même après avoir purgé sa peine et payé sa dette envers la société, il ne s’était jamais habitué à ce son si particulier qui, dans un réflexe pavlovien, mettait à chaque fois tout son corps en alerte.