Citations sur D'ici ou d'ailleurs (9)
Il y a dix mois, mon père m’a kidnappée et ramenée dans son pays d’origine, le Malawi. Dans son village, j’ai été violée par un voisin. Je me suis tue, mais quand je me suis aperçue que j’attendais un enfant, j’en ai parlé à ma tante. Dans cette tribu, la coutume pour effacer l’offense consiste en ce que la victime épouse son bourreau. Je n’avais pas compris que révéler ma situation et le nom du violeur allait m’entraîner dans cette voie.
De toute façon, depuis dix ans que je travaille dans l’humanitaire, je m’aperçois à chacun de mes voyages en France que j’arrive de moins en moins à supporter le luxe, le confort et l’insouciance dans lesquels vivent nos compatriotes.
Quand il pénètre dans une pièce, il occupe tout l'espace tant physiquement que par son rayonnement. Il semble ne pas s'en apercevoir, mais tout le monde ressent sa présence. Son regard perce les gens qui l'entourent, il semble les analyser en profondeur. Il économise ses mots et, quand il daigne lâcher une courte phrase, sa voix rauque surprend et finit de le rendre antipathique. Il ne s'en préoccupe pas.
Comme à son habitude, il agit en solitaire. Il se méfie de tous ses collaborateurs. Il ne souhaite pas un œil observateur auprès de lui.
Il a perdu toutes ses illusions et ne court plus après aucun objectif de carrière. Il a compris très vite le sens de la vie. Pour lui, sa profession représente un moyen et non une fin en soi. Ce n’est pas dans ce domaine qu’il souhaite se réaliser. Il aime son métier, mais son épanouissement passe par ses loisirs. Il a accepté cette dernière mission avant de quitter définitivement cette vie d’errance. Il souhaite vivre sur les terres de sa famille, en Bourgogne.
Il privilégie sa liberté d’action et de parole. Il ne veut pas se bloquer dans ses choix ou se taire pour ménager sa carrière. Ses nouveaux employeurs ont vite compris qu’il pouvait se révéler très efficace, mais également très dangereux. Il ne gère pas toujours son tempérament très impulsif et a tendance à se laisser guider par ses émotions.
Quand on se rapproche de ces femmes et qu’on arrive à gagner leur confiance, elles s’ouvrent sur la dureté de leur condition. Les violences, les mutilations sexuelles et les viols représentent leur quotidien.
Dans la campagne, les femmes sont levées avant le jour. Elles parcourent pieds nus de nombreux kilomètres, plusieurs fois par jour, pour aller puiser de l’eau qu’elles rapportent ensuite sur leur tête. Ces 20 à 30 litres pèsent lourd, surtout pour les jeunes au ventre vide.
Elles doivent aussi aller chercher du bois pour cuisiner. Sa rareté oblige souvent à de longues marches. Les mères effectuent tous ces travaux en portant leur bébé sur le dos et en l’allaitant tout au long de leur journée de labeur.
Dans ce pays musulman, en tant que femme médecin, elle est plus particulièrement amenée à recevoir les mères et les enfants. La coutume ne permet pas qu’une patiente soit auscultée par un homme.
Elle est obligée de se restreindre sur la consommation du moindre comprimé. Pratiquer la médecine dans ces conditions-là ne s’apparente pas à ce qu’elle a connu en France. Ici, la mort quotidienne ne fait pas sa sélection sur le nombre d’années. La faiblesse des vieillards les transforme en des proies faciles, mais les femmes enceintes, les jeunes enfants et les nourrissons font également partie des populations que la maladie emporte facilement.
Les guerres tribales et la sécheresse détruisent la production agricole. La population souffre de malnutrition chronique.