Citations sur Les tribulations d'Esther Parmentier, sorcière stagiair.. (34)
Je croquai dans ma glace et grimaçai alors que mes dents me faisaient payer mon audace en congelant ma cervelle quelques instants.
À dix-neuf ans, mon corps montrait une incapacité à gérer la moindre privation de sommeil qui forçait le respect. Comprendre : ma tronche aurait fait fuir la lèpre.
Qu’est-ce qu’ils me voulaient, lui et son comparse aux goûts vestimentaires très discutables ? Et nom de nom, d’où provenaient ces paillettes ?! Une orgie de licornes qui aurait mal tourné ?
On pourrait croire au début d’une blague à papa, mais la vérité prêtait vachement moins à rire. Armés d’un enthousiasme ridicule à l’idée d’agir, nous partions en mission. Laquelle ? Excellente question.
C'est donc le sourire aux abonnés absents que je débarquai au bureau le lendemain. Je m'étais levée avec la facilité d'un parpaing immergé à qui on aurait donné la mission de remonter à la surface.
Je me serais collé des gifles - pourquoi, pourquoi, POURQUOI est-ce que je faisais ça ? J'avais toujours eu une grande gueule, mais le courage d'un pigeon.
Au premier abord, rien dans la chaleur moite de cette matinée d'août n'aurait pu me laisser penser que j'allais au-devant d'emmerdements de la taille d'un croiseur stellaire.
Au premier abord, rien dans la chaleur moite de cette matinée d'août n'aurait pu me laisser penser que j'allais au-devant d'emmerdements de la taille d'un croiseur stellaire. [...] Les semelles de mes chaussures s'étaient prises d'une affection soudaine pour le macadam brûlant, agrémentant ma marche déjà difficile de scouich-scouich particulièrement humiliants. Et pour ne rien arranger, mes cheveux avaient décidé de me dire merde. [...]
Oh, j'aurais pu prendre le tram, mais j'avais manqué de frapper des passagers la veille. L'odeur de tous ces corps engoncés dans ce cube métallique après une journée de canicule m'avait basculée en mode berserk. Alors quand un détraqué avait frotté ses aisselles suintantes contre mon visage, j'avais envisagé l'espace d'une fraction de seconde de lui arracher la trachée à mains nues. [...]
Pas un pet d'air ne venait apaiser la longue agonie de ma ville d'adoption, Strasbourg.
- Je suis multitâche, stagiaire Parmentier.
- Vous êtes surtout une grosse tache, oui, marmonnai-je.
À ma grande surprise, le Capitaine avait décidé de les questionner sur le parking. Je pensais que nous allions, comme dans les séries, les ramener au bureau et… je ne savais pas la suite. Il y avait toujours des ellipses entre la partie où les méchants se faisaient choper et celle où on les retrouvait fringants et loquaces en salle d’interrogatoire.
J’étais un peu déçue. Alors pas de moment d’illumination soudaine derrière la vitre sans tain qui nous permettrait de résoudre l’enquête en deux coups de cuillère à pot ? Pas d’échanges de regards eurêkaesques avec mes collègues ? Un pan entier de mon fantasme policier s’effondrait.