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Critique de Marti94


Tout d'abord je voudrais remercier les éditions Grandangle et Babelio pour m'avoir offert ce bel album dans le cadre d'une opération Masse critique exceptionnelle.

Comme tout scénariste de bande dessinée qui se respecte Stephen Desberg est belge. Son dernier album "Aimer pour deux" se passe pourtant à Paris car c'est là que son père a rencontré sa mère à la Libération. Il s'agit en effet d'une histoire à consonance autobiographique puisque le scénariste précise dans son avant-propos qu'il a tenté de reconstituer le passé familial.
Percer un secret de famille quand les protagonistes ne sont plus là n'est pas chose facile pour Stephen Desberg mais grâce aux dessins précis d'Emilio van der Zuiden et surtout aux belles couleurs de Fabien Alquier, ils réalisent un album bien construit.

Monique, était une toute jeune fille qui rêvait de liberté au début de la deuxième guerre mondiale. Montée à Paris, elle découvre la capitale et fréquente les boites de jazz malgré l'occupation. Coupée dans son élan, elle se retrouve dans l'obligation d'épouser son ami Francis très amoureux d'elle. Je dis obligation parce qu'à l'époque il n'y avait pas de moyen de contraception et qu'elle se marie uniquement parce qu'elle attend un bébé de lui. Sans passion pour son mari, elle tentera d'aimer sa petite fille Nicole qui n'est pas née de l'amour.
Et puis, elle va se lier d'amitié avec Manon, une belle femme qui couche avec un allemand pour assurer un certain train de vie à son enfant en temps de guerre.
Ce qui ne me plait pas c'est le côté sacrificielle de ces femmes d'abord considérées comme des mères. C'est tout à fait réaliste mais ce n'est pas universel pour autant.
S'il est indispensable de dénoncer le scandale des femmes rasées la libération, Manon n'a pas besoin du prétexte d'être mère pour se justifier. de même, la culpabilité de Monique dans l'obligation d'abandonner sa fille pour divorcer afin de pouvoir épouser le soldat américain dont elle tombe follement amoureuse pourrait être moins lourde sans carcan social, les ruptures et familles monoparentales existant depuis longtemps.

On voit bien qu'avant d'être une histoire d'amour ou de famille cette bande dessinée traite d'abord de la condition des femmes dans les années 40.
Je trouve donc que le titre est mal choisi car si "Aimer pour deux" évoque l'amour du père qui va devoir élever sa petite fille seul cela ne veut pas dire que sa mère ne l'aime pas.
Alors que Stephen Desberg laisse au lecteur le choix de savoir s'il dédie cet album à sa mère où à sa soeur c'est incontestablement à sa mère que je pense d'autant plus qu'elle est la narratrice.


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