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Citations sur Élégie, Marie et romances (10)

Vous demandez si l'amour rend heureuse ;
Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour.
Ah ! pour un jour d'existence amoureuse,
Qui ne mourrait ? la vie est dans l'amour.
(...)

Sans lui, le coeur est un foyer sans flamme ;
Il brûle tout, ce doux empoisonneur.
J'ai dit bien vrai comme il déchire une âme :
Demandez-donc s'il donne le bonheur !

Vous le saurez : oui, quoi qu'il en puisse être,
De gré, de force, amour sera le maître ;
Et, dans sa fièvre alors lente à guérir,
Vous souffrirez, ou vous ferez souffrir.

Dès qu'on l'a vu, son absence est affreuse ;
Dès qu'il revient, on tremble nuit et jour ;
Souvent enfin la mort est dans l'amour ;
Et cependant... oui, l'amour rend heureuse !
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Ô délire d'une heure auprès de lui passée,
Reste dans ma pensée !
Par toi tout le bonheur que m'offre l'avenir
Est dans mon souvenir.

Je ne m'expose plus à le voir, à l'entendre,
Je n'ose plus l'attendre,
Et si je puis encor supporter l'avenir,
C'est par le souvenir.

Le temps ne viendra pas pour guérir ma souffrance,
Je n'ai plus d'espérance ;
Mais je ne voudrais pas, pour tout mon avenir,
Perdre le souvenir !
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Adieu, douce pensée,
Image du plaisir !
Mon âme est trop blessée,
Tu ne peux la guérir.
L'espérance légère
De mon bonheur
Fut douce et passagère,
Comme ta fleur.

Rien ne me fait envie,
Je ne veux plus te voir.
Je n'aime plus la vie,
Qu'ai-je besoin d'espoir ?
En ce moment d'alarme
Pourquoi t'offrir ?
Il ne faut qu'une larme
Pour te flétrir.

Par toi, ce que j'adore
Avait surpris mon cœur ;
Par toi, veut-il encore
Égarer ma candeur ?
Son ivresse est passée ;
Mais, en retour,
Qu'est-ce qu'une pensée
Pour tant d'amour ?
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Ne t'en va pas, reste au rivage ;
L'amour le veut, crois-en l'amour.
La mort sépare tout un jour :
Tu fais comme elle ; ah ! quel courage !

Vivre et mourir au même lieu,
Dire : « Au revoir ! », jamais : « Adieu ! »

Quitter l'amour pour l'opulence !
Que faire seul avec de l'or ?
Si tu reviens, vivrai-je encor ?
Entendras-tu dans mon silence ?

Vivre et mourir au même lieu,
Dire : « Au revoir ! », jamais : « Adieu ! »

Leur diras-tu : « Je suis fidèle ! »
Ils répondront : « Cris superflus,
Elle repose, et n'entend plus.
Le ciel du moins eut pitié d'elle ! »

Vivre et mourir au même lieu,
Dire : « Au revoir ! », jamais : « Adieu ! »
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L’Insomnie


Je ne veux pas dormir. Ô ma chère insomnie !
Quel sommeil aurait ta douceur ?
L’ivresse qu’il accorde est souvent une erreur,
Et la tienne est réelle, ineffable, infinie.
Quel calme ajouterait au calme que je sens ?
Quel repos plus profond guérirait ma blessure ?
Je n’ose pas dormir ; non, ma joie est trop pure ;
Un rêve en distrairait mes sens.

Il me rappellerait peut-être cet orage
Dont tu sais enchanter jusques au souvenir ;
Il me rendrait l’effroi d’un douteux avenir,
Et je dois à ma veille une si douce image !
Un bienfait de l’Amour a changé mon destin :
Oh ! qu’il m’a révélé de touchantes nouvelles !
Son message est rempli ; je n’entends plus ses ailes :
J’entends encor : demain, demain !

Berce mon âme en son absence,
Douce insomnie, et que l’Amour
Demain me trouve, à son retour,
Riante comme l’espérance.
Pour éclairer l’écrit qu’il laissa sur mon cœur,
Sur ce cœur qui tressaille encore,
Ma lampe a ranimé sa propice lueur,
Et ne s’éteindra qu’à l’aurore.

Laisse à mes yeux ravis briller la vérité ;
Écarte le sommeil, défends-moi de tout songe :
Il m’aime, il m’aime encore ! Ô Dieu ! pour quel mensonge
Voudrais-je me soustraire à la réalité ?
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Je ne sais plus d'où naissait ma colère ;
Il a parlé... ses torts sont disparus ;
Ses yeux priaient, sa bouche voulait plaire :
Où fuyais-tu, ma timide colère ?
Je ne sais plus.

Je ne veux plus regarder ce que j'aime ;
Dès qu'il sourit tous mes pleurs sont perdus ;
En vain, par force ou par douceur suprême,
L'amour et lui veulent encor que j'aime ;
Je ne veux plus.

Je ne sais plus le fuir en son absence,
Tous mes serments alors sont superflus.
Sans me trahir, j'ai bravé sa présence ;
Mais sans mourir supporter son absence,
Je ne sais plus !
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Vous surtout que je plains si vous n'êtes chéries,
Vous surtout qui souffrez, je vous prends pour mes sœurs :
C'est à vous qu'elles vont, mes lentes rêveries,
Et de mes pleurs chantés les amères douceurs.
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ELEGIES LOUISE LABE

Quoi ! C'est là ton berceau, poétique Louise !
Mélodieux enfant, fait d'amour et d'amour,
Et d'âme, et d'âme encore, et de mollesse exquise !
Quoi ! C'est là que ta vie a pris l'air et le jour !
Quoi ! Les murs étouffants de cette étroite rue
Ont laissé, sans l'éteindre, éclore ta raison !
Quoi ! C'est là qu'a brillé ta lampe disparue !
La jeune perle ainsi colore sa prison...
Non, ce n'est pas ainsi que je rêvais ta cage,
Fauvette à tête blonde, au chant libre et joyeux !
Je suspendais ton aile à quelque frais bocage,
Plein d'encens et de jour aussi doux que tes yeux !
Et le Rhône en colère, et la Saône dormante,
N'avaient point baptisé tes beaux jours tramés d'or ;
Dans un cercle de feu tourmentée et charmante,
J'ai cru qu'avec des fleurs tu décrivais ton sort,
Et que ton aile au vent n' était point arrêtée
Sous ces réseaux de fer aux rigides couleurs ;
Et que tu respirais la tristesse enchantée
Que la paix du désert imprime aux jeunes fleurs ;
Que tu livrais aux flots tes amoureuses larmes,
Miroir pur et profond qu'interrogeaient tes charmes ;
Et que tes vers émus, nés d' un frais souvenir,
S'en allaient sans efforts chanter dans l'avenir !
Mais tu vivais d'une flamme
Raillée en ce froid séjour ;
Et tu pleurais de ton âme,
Ô salamandre d'amour !
Quand sur les feuilles parlantes
Que ton coeur sut embraser,
Tu laisses dans un baiser
Courir tes larmes brûlantes,
Ô Louise ! On croit voir l'éphémère éternel
Filer dans les parfums sa soyeuse industrie,
Lorsque, tombé du ciel, son ardente patrie,
Il en retient dans l' ombre un rayon paternel.
Fiévreux, loin du soleil, l'insecte se consume ;
D'un fil d'or sur lui-même ourdissant la beauté,
Inaperçu dans l'arbre où le vent l'a jeté,
Sous un linceul de feu son âme se rallume ! ...
L'amour se venge d' être esclave.
Fièvre des jeunes coeurs, orage des beaux jours,
Qui consume la vie et la promet toujours,
Indompté sous les noeuds qui lui servent d'entrave,
Oh ! L'invisible amour circule dans les airs,
Dans les flots, dans les fleurs, dans les songes de l'âme,
Dans le jour qui languit trop chargé de sa flamme,
Et dans les nocturnes concerts !
Et tu chantas l'amour ! Ce fut ta destinée.
Belle, et femme, et naïve, et du monde étonnée,
De la foule qui passe évitant la faveur,
Inclinant sur ton fleuve un front tendre et rêveur,
Louise, tu chantas ! à peine de l'enfance
Ta jeunesse hâtive eut perdu les liens,
L'amour te prit sans peur, sans débats, sans défense ;
Il fit tes jours, tes nuits, tes tourments et tes biens !
Et toujours par ta chaîne au rivage attachée,
Comme une nymphe triste au milieu des roseaux,
Des roseaux à demi cachée,
Louise, tu chantas dans les fleurs et les eaux ! ...
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ELEGIES L'IMPOSSIBLE

Qui me rendra ces jours où la vie a des ailes
Et vole, vole ainsi que l'alouette aux cieux,
Lorsque tant de clarté passe devant ses yeux,
Qu'elle tombe éblouie au fond des fleurs, de celles
Qui parfument son nid, son âme, son sommeil,
Et lustrent son plumage ardé par le soleil !

Ciel ! Un de ces fils d'or pour ourdir ma journée,
Un débris de ce prisme aux brillantes couleurs !
Au fond de ces beaux jours et de ces belles fleurs,
Un rêve où je sois libre, enfant, à peine née !

Quand l'amour de ma mère était mon avenir,
Quand on ne mourait pas encor dans ma famille,
Quand tout vivait pour moi, vaine petite fille,
Quand vivre était le ciel, ou s'en ressouvenir,

Quand j'aimais sans savoir ce que j'aimais, quand l'âme
Me palpitait heureuse, et de quoi ? Je ne sais ;
Quand toute la nature était parfum et flamme,
Quand mes deux bras s'ouvraient devant ces jours... passés !
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Je me meurs, je succombe au destin qui m'accable.
De ce dernier moment veux-tu charmer l'horreur ?
Viens encore une fois presser ta main coupable
Sur mon cœur.

Quand il aura cessé de brûler et d'attendre,
Tu ne sentiras pas de remords superflus ;
Mais tu diras : « Ce cœur, qui pour moi fut si tendre,
N'aime plus. »

Vois l'amour qui s'enfuit de mon âme blessée,
Contemple ton ouvrage et ne sens nul effroi :
La mort est dans mon sein, pourtant je suis glacée
Moins que toi.

Prends ce cœur, prends ton bien ! L'amante qui t'adore
N'eut jamais à t'offrir, hélas ! Un autre don ;
Mais en le déchirant, tu peux y lire encore
Ton pardon.
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