AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de glegat


Descartes ouvre son discours de la méthode par cette affirmation « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. »
L'idée selon laquelle Descartes exprimerait là une certaine confiance dans le jugement des hommes doit être tempérée par la phrase suivante que l'on a tendance à oublier : « Car chacun pense en être si bien pourvu que ceux mêmes qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont. »
Autrement dit, cette croyance en l'infaillibilité de notre « bon sens » pourrait altérer la qualité de notre jugement si l'on s'y fiait aveuglément. Selon Descartes il ne faut pas se satisfaire de ce bon sens, il faut bien conduire sa raison pour accéder à la vérité.

Comme souvent avec Descartes on commence par un truisme (par exemple : Je pense, donc je suis) et on débouche finalement sur une réflexion profonde. En effet, si tout le monde possède à un degré égal le bon sens, autrement dit la raison, alors comment se fait-il que sur une même question qui n'appelle qu'une seule réponse nous ne soyons pas tous d'accord ? La question centrale vers laquelle nous conduit Descartes est « Comment accéder à la vérité ? ».

Cette question se pose avec encore plus d'acuité aujourd'hui notamment concernant le conflit en Ukraine ou les thèses les plus contradictoires s'opposent. Dans ce contexte la lecture de Descartes peut nous aider à mieux penser. "Ne recevoir aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle " nous dit-il dans son discours de la méthode.

Après son discours de la « méthode pour bien conduire sa raison » (1637) Descartes complète et affine sa pensée dans son livre « Méditations métaphysiques » (1641). Il nous invite à douter de tout, du corps, des objets qui nous entourent, de la réalité des phénomènes que l'on observe, etc. Descartes espère trouver au moins une chose dont il ne puisse douter et sur laquelle il pourrait s'appuyer pour en déduire d'autres faits indubitables. Il parvient ainsi à sa première découverte : si je doute c'est que je pense et si je pense j'existe (formulation dans les méditations métaphysique), je pense, donc je suis (formulation dans le discours de la méthode qui est antérieur), cogito ergo sum, première vérité fondamentale. Il s'attaquera ensuite à la question de l'existence de Dieu et s'interrogera sur l'esprit et le corps pour en déduire que l'esprit est séparé du corps.

Son oeuvre rédigée dans un siècle soumis à une domination de la doctrine chrétienne est néanmoins très moderne et selon certains philosophes, annonce le siècle des Lumières.
Il est considéré comme le père de la philosophie moderne en prônant des idées fondées sur l'expérience personnelle notamment avec la formule « je pense, donc je suis ». Il est le fondateur du rationalisme. Mais Descartes tant étudié à l'école n'en est pas moins critiquable. J'ai lu à ce sujet un excellent texte de Jean-François Revel, « Descartes inutile et incertain » dans lequel celui-ci dénonce les contradictions et les faiblesses de certains raisonnements de Descartes. En effet, explique Jean-François Revel, après nous avoir dit qu'il fallait douter de tout Descartes s'empresse de nous dire qu'il ne faut pas douter de Dieu fournissant la preuve de son existence par un simple raisonnement. D'autre part, il ne sépare pas la métaphysique de la science et cette confusion est le propre du cartésianisme « c'est donc en vertu d'un contresens historique presque incompréhensible qu'on a pu accréditer cette idée que le discours de la méthode marque le début de la révolution intellectuelle moderne ».

En cette période trouble, dans un monde en folie, il me semble que la lecture de Descartes, infatigable chercheur de vérité, pourrait être utile pour nous aider à retrouver le chemin de la raison.

Pour une introduction à la pensée de Descartes, je vous recommande les vidéos de « Monsieur Phi » sur YouTube, c'est un excellent vulgarisateur de la philosophie. Ces explications sont claires et amusantes.

— « Méditations métaphysiques », Descartes, le livre de poche (1997), 315 pages
Commenter  J’apprécie          51



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}