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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour l'interview de l'auteure, suivez le lien ci-dessous :
https://www.youtube.com/watch?v=pjVVa6mi-jI


Province de Liège. Résidence d'écriture du château de Paille. Propriété de Gédéon de Ducart d'Olise, mécène engagé.

Ils sont quatre ! Quatre invités par « La Société des Auteurs en Devenir » pour plusieurs semaines en résidence d'écriture. Tous n'ont à leur actif qu'une seule publication.

Emile, poète, de son nom d'auteur Noirdessin, qui n'avait aucune envie d'être là, arrive avec deux bonnes heures d'avance, et tant pis pour la bonne mal réveillée qui ne l'attendait pas de sitôt. Il tient à visiter toutes les chambres pour choisir la sienne, à l'abri des regards des trois autres invités. Car, il le sait, un seul sera publié ! Mais s'il n'avait aucune envie d'être là, pourquoi est-il venu ? Tout ça, c'est à cause de cette foutue saloperie d'inondation qui avait envahi la chambre de bonne qu'il louait dans un immeuble de rapport à Schaerbeek ! L'inondation en question n'aurait rien été si on ne l'avait pas expulsé. Il en était la cause, d'accord, mais si sa voisine du dessous ne l'avait pas provoqué, il n'aurait pas fait déborder sa baignoire expressément… Eh, oui, il avait aussi quelques loyers en retard, mais bon, faut pas jeter un écrivain dehors avec l'eau du bain pour si peu de choses ! Il lui reste un mois pour se trouver un nouveau logement et pour rédiger ses « Poésies maritimes » …

Nadine est soulagée de voir les grilles du château se refermer derrière elle. Elle peut enfin échapper à Roger, son mari, et à ses disciples, les « Inspirationnistes ». Ceux-ci avaient découvert dans quel château elle se retirait et étaient venus camper dans le champ proche de l'entrée pour lui envoyer des ondes positives. Son premier bouquin avait été un succès fantastique dans le genre bien-être, recherche de soi, chakras, etc.

Nicolas a pondu un roman policier plutôt efficace, mais qui n'a pas ému les foules. Depuis, il n'a aucune inspiration… C'est pourquoi, dans un premier temps, il va surtout examiner ses concurrents…

Jean-Paul Sartondeau ne veut pas pénétrer dans ce château, mais Odile qui l'a conduit jusque là ne veut rien entendre ! Elle est prête à tous les sacrifices pour un écrivain. Alors, soit il pénètre dans ce château et dans un mois elle le récupère, soit il dégage tout de suite et tout est fini ! Bye ! Bye ! Casse-toi !

Critique :

Catherine Deschepper, l'auteure facétieuse, nous balance ici une comédie qui s'apparente à une pièce de théâtre de boulevard. Humour garanti qui sera apprécié par tous ceux dont les zygomatiques ne sont point trop ankylosés suite au port du masque qui contribue à notre sauvegarde en ces temps de pandémie covidienne.

Mais ces auteurs débutants, et leurs deux mécènes, sont-ils si caricaturaux que cela ? le monde de l'édition qu'elle égratigne avec délectation serait-il vraiment aussi éloigné de ce qu'elle laisse entendre ? Et ces critiques littéraires au jugement si sûr qu'il peut faire et défaire des carrières, sur quoi repose leur expertise ?

J'ai adoré les portraits de chacun des « héros » de cette histoire enfermés dans un huis-clos qui ne peut qu'engendrer des confrontations entre eux… Et avec eux-mêmes ! Certains vont se (re)découvrir pour le meilleur, pour le pire… Et pour notre rire. « J'ai encore un peu de causticité, je vous en remets une couche ? » pourrait nous demander Catherine Deschepper tant elle est douée pour créer des situations burlesques. On en vient à prendre en pitié ses "héros" car quelque part, aussi caricaturaux soient-ils, il y a une part de nous en eux.

Je me suis régalé avec ce récit aux dimensions très humaines, où l'auteure fait rire, tout en gardant une dimension bienveillante pour ses personnages. Catherine Deschepper cherche-t-elle à faire passer un message ? Il faudrait le lui demander, mais pour ma part, la détente zygomatesque qu'elle m'a procurée me suffit amplement. Son style est original : « […] il se trouva nez à nez avec un homme hirsute, tout droit sorti de la forêt. On aurait dit un scout périmé qui aurait vieilli dans son uniforme. »
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Comme il se doit, je remercie Babelio et les éditions Weyrich, qui m'ont permis de découvrir ce livre, remporté dans le cadre de la masse critique « Littérature » de septembre dernier.
Comme l'annonce le 4e de couverture, je m'attendais à l'histoire de quatre auteurs débutants en résidence avec une espèce de « prix » pour un seul d'entre eux à la clé, et en effet il s'agit bien de ça… mais surtout de tout autre chose, je crois que rien ne peut vraiment préparer à ce petit livre complètement déjanté et extrêmement réjouissant !

Pour être un peu plus claire : la SAD, Société des Auteurs en Devenir, obscure société active dans le monde des lettres francophones De Belgique, a remarqué – avec raison - qu'un certain nombre d'auteurs belges prometteurs disparaissent, généralement en France (où le Belge est à la mode), dès lors qu'un premier livre a remporté un certain succès. Pour enrayer cette fuite des cerveaux créateurs, cette Société a mis en place une résidence d'écriture, chaque année, dans le château d'un noblion oublié qui en profite pour asseoir son nom comme mécène des Lettres. C'est là que quelques auteurs triés sur le volet sont conviés, dans un cadre et une ambiance propices à la création de ce qui serait leur deuxième oeuvre, qu'ils seraient alors, en sus, enclins à publier auprès d'une maison d'édition belge ! Je ne dirai rien de plus de ces quatre personnages principaux, que l'on découvre au fil des pages et de la narration de l'autrice… À vrai dire, elle digresse tellement (pour notre plus grand plaisir, cela dit, j'y reviens) que j'ai eu un peu de mal, au début, à reconnaître qui était qui parmi ces personnages, mais peu à peu on s'y fait et on les reconnaît plus que bien !

Ainsi donc, ces quatre jeunes auteurs, retenus pour une énième résidence, vont vivre une espèce de huis-clos créatif chez le compte Gédéon de Ducart d'Oise et son épouse Marie-Maxine. Mais ne vous attendez pas à une histoire vaguement policière où il ne resterait qu'un écrivain à la fin (même si c'est bien le cas), ni à un roman de littérature contemporaine où la psychologie et autres états d'âme des personnages seraient décortiqués à la loupe (pourtant c'est aussi le cas), ni même à un pseudo-pamphlet qui attaquerait le monde de l'édition (encore une fois, cependant, il y a de ça aussi).
Non, l'autrice part de ces quelques points pour développer l'histoire de ces quatre personnages et leurs pensées plus ou moins saugrenues, ainsi que quelques personnages secondaires truculents, avec un petit côté policier malgré tout, et ce qui ressemble à une critique du monde de l'édition – même si j'ai ressenti davantage un regret envers ces (nombreux) auteurs belges qui se font éditer en France dès que possible, qu'une attaque quelconque envers le monde de l'édition en tant que tel ; ce sont davantage les journalistes et autres critiques pseudo-littéraires qui sont, eux, bel et bien égratignés !

Mais surtout, elle laisse aller sa plume dans une espèce de logorrhée où le lecteur (et sachez que j'utilise là ce bon vieil adage grammatical de la langue française : « le lecteur » englobe bien entendu la lectrice que je suis, puisque « le masculin l'emporte » … et pour le coup, je ne m'en porte pas plus mal !) est interpelé encore et encore, dans ce qui s'apparente parfois à un « délire », mais on se laisse embarquer avec bonheur, car une chose évidente transparaît dans tout cela : l'autrice s'amuse sans aucun complexe (tiens, tiens !) et, dès lors, est directement convaincante et entraînante.
Le lecteur est ainsi convié en observateur, à regarder aux côtés de l'autrice l'envers du décor, les coulisses, ce qui se passe au jour le jour dans le secret de chacun, bien au-delà du processus de création, ou peut-être en plein dans ce processus… mais qui se révèle bien différent de tout ce qu'on pouvait imaginer. On n'est jamais en présence d'un auteur occupé consciencieusement à remplir des pages dans un cahier ou sur son portable, ou au pire à faire des recherches pour son histoire, mais on rencontre des personnages (un peu) excessifs, d'une façon ou d'une autre, durant ces quelques jours au château, dans des situations improbables et de plus en plus burlesques.

C'est sans doute là le mot qui définit le mieux le livre : burlesque, auquel on pourrait associer drôle, déjanté, surréaliste même parfois, à la façon d'un vaudeville – comme le dit l'autrice elle-même en entête du chapitre 27 : « (…) on ne peut s'empêcher de penser que ce roman mal fagoté ferait tout de même une bien belle pièce de théâtre ! »
Ce simple bout de phrase montre aussi un autre aspect essentiel de ce livre : dans cette espèce de dialogue constant, quoique complètement loufoque, que l'autrice a initié avec son lecteur, l'autodérision est omniprésente. Et, à mon sens (mais je ne suis évidemment pas neutre), c'est cette autodérision « typiquement belge », comme on peut la retrouver dans les dessins ou écrits de certains de nos humoristes de papier : je pense par exemple au Chat, celui des débuts en tout cas, d'un Philippe Geluck par exemple (pour ne citer que l'un des plus connus… qui a lui aussi viré à la France !), ou aux dessins-chroniques quotidiens d'un Pierre Kroll, resté bien fidèle, quant à lui, à notre national journal Le Soir entre autres – inutile de préciser, je crois, que j'apprécie les deux.

D'ailleurs, bien au-delà de cette autodérision, j'ai beaucoup aimé le fait que, tout au long du livre, l'autrice assume cette belgitude… même si c'est parfois une arme à double tranchant.
J'ai trouvé surprenant, par exemple, que le verbe « se racrapoter », indéniable belgicisme, soit expliqué en note de bas de page, alors que tant d'autres expressions régionales émaillent ce livre, mais ne sont quant à elles jamais relevées. Je ne suis certes pas spécialiste des belgicismes, après tout c'est « ma langue » et j'utilise tout un tas de ces mots / expressions au quotidien, et pour un certain nombre je ne suis même pas consciente que ça puisse paraître quelque peu obscur ou, au mieux, rigolo pour des non-Belges ! Par ailleurs, on trouve çà et là quelques traits qui confinent à la blague d'initié (ces jolies « private jokes » qui ne font rire que ceux qui savent) : en effet, à part les quelques personnes qui sont au courant, qui se soucie vraiment de savoir que la bataille de Waterloo n'a pas eu lieu… à Waterloo, mais bien dans l'actuelle commune à part ça inconnue de Braine-l'Alleud ? Même parmi mes compatriotes, peu s'intéressent vraiment à ce détail géographique de quelques kilomètres !
Tout ça pour dire : oui à la belgitude assumée, c'est un aspect qui me plaît toujours beaucoup… mais ici, elle est peut-être un peu trop poussée (quoique... où est la limite ?), si bien que je ne peux m'empêcher de me demander comment les francophones de France, de Suisse, du Québec ou d'Afrique pourraient recevoir un tel livre ?... Représentatif de notre littérature francophone nationale ? Peut-être bien que oui, même s'il y a tant d'autres choses… mais après tout, nous avons d'autres auteur.e.s et d'autres styles qu'Amélie Nothomb ! (ou un Éric-Emmanuel Schmitt par exemple, qui, lui, a fait le chemin inverse, mais reste édité par des maisons françaises)
Je tiens quand même à relever, aussi, que, malgré ou peut-être grâce à cette belgitude assumée jusque dans les choix des mots et autres expressions, on a là un livre d'une toute bonne qualité littéraire ! Déjanté, oui, mais avec le style !

Je ne peux terminer ce livre sans un détour par le titre ou la couverture… Il faut avoir lu le premier pour comprendre le second ou, plus exactement, pour être capable de l'interpréter, donc en réalité je ne peux pas en dire tellement plus ! Mais je pense que ce titre volontairement mystérieux permet à chacun de donner sa propre explication. En revanche, la couverture me dérange bien un peu… car si l'escargot est bien un gastéropode, le gastéropode-vedette du livre n'est pas l'escargot, mais la limace ! Certes, une limace en train de faire la course, comme le suggère cette photo de couverture, ça aurait été beaucoup moins attirant (et donc moins vendeur) que le brave escargot dont l'image suscite toujours une certaine sympathie. Mais c'est dommage…

Bref, j'ai beaucoup apprécié ce livre déjanté, loufoque, burlesque à la belgitude assumée, parfois jusqu'à un certain extrême. Il est évidemment très drôle – même si, pour moi, je ne peux pas dire que j'aie ri aux éclats, en revanche c'est un livre qui se lit avec un sourire constant, car cet humour plein d'autodérision, qui entraîne le lecteur sans faiblir, est une indéniable invitation à la bonne humeur, sans complexe.
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