Je dois avouer que je ne connaissais pas l'auteur de ce livre :
Danny Philippe Desgagné. C'est donc le titre qui a d'abord retenu mon attention : «
Killer kills killers ».
Avec un titre pareil, on pourrait se dire que tout est dit, que l'histoire peut se résumer sur un timbre-poste, et que le livre parle d‘un tueur qui tue d'autres tueurs. Sauf que ce n'est pas si simple. En réalité, le titre a plusieurs niveaux de lecture mais pour le comprendre, il faudra lire le livre jusqu'au bout.
Tout commence comme un polar classique. Un inspecteur de police blanchi sous le harnais et légèrement désabusé, Sepp Ganser, découvre plusieurs crimes bien dégueulasses qui sont manifestement l'oeuvre de détraqués. En tant que lecteur j'ai vite compris et notre inspecteur ne tardera pas non plus à le découvrir : tout ceci pourrait être l'oeuvre d'un tueur de serial-killers qui punit ses victimes en copiant leur mode opératoire.
Et pour rester dans les clichés, notre inspecteur doit travailler avec une profileuse du FBI sur ordre exprès du gouverneur, par ailleurs candidat aux élections présidentielles américaines.
A ce stade, le lecteur se sent en terrain connu et s'attend à lire une histoire mainte fois écrite. Sauf que ce ne sera pas le cas !
C'est à partir de ce moment que tout déraille et que l'auteur nous entraîne dans une aventure totalement inattendue et, il faut l'espérer, imaginaire.
En effet, nos deux héros vont s'enfoncer dans un cauchemar absolu. Ils vont rapidement découvrir l'existence d'une convention de serial-killer dans leur ville. Puis ils seront « invités » par son organisateur à y participer pour traquer leur ennemi commun.
D'un coup, le cadre classique saute. Nos deux protagonistes vont donc devoir mener leur enquête au milieu de tueurs tous plus déjantés les uns que les autres. Après de multiples rebondissements, le tueur sera finalement démasqué avec une issue apparemment classique.
Le lecteur se sent donc à nouveau en terrain connu et attend avec soulagement la fin de l'histoire. Sauf que ce n'est pas la fin de l'histoire !
Et c'est la deuxième surprise de ce polar. Ce qui paraissait être la fin, n'est finalement que le début de la suite de l'histoire. Je n'en dirais pas plus pour ne pas spoiler l'histoire. Un nouvelle fois,
Danny Philippe Desgagné fait exploser le cadre pour entraîner le lecteur dans une course en avant échevelée. Equipée qui se terminera mal et sur une fin beaucoup plus inattendue.
Il y a donc un double effet Ki… Co… dans cette histoire (pour ne pas dire un effet KKK). Et en tant que lecteur, j'ai adoré me faire balader par l'auteur.
Sur la forme, il faut noter que le roman est écrit par un auteur francophone. le lecteur attentif pourra repérer au moins deux passages au début de l'histoire qui peuvent l'attester sans doute possible. En outre, le style est nerveux, direct et facile à lire. Et si la langue est impeccable, le lecteur français trouvera une pointe d'exotisme dans l'utilisation d'expressions utilisées par nos cousins d'Outre-Atlantique. Tout ceci rajoute un charme indéniable à ce roman.
La lecture de ce livre m'a permis de passer un bon moment. Outre ses rebondissements inattendus, l'histoire ne verse pas dans le manichéisme et interpelle aussi le lecteur sur le bien-fondé de la transformation du héros au fil de l'histoire.