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Citations sur Cherchez la femme (10)

J'ai vu ses yeux. À lui. Et j'ai envie de crever les siens. À elle. Figure de style. Ces choses-là, on les dit, on les écrit quand on sait qu'on ne le fera pas. Mais pendant une fraction de seconde - un peu plus - j'ai eu envie de ne pas être capable de le dire, de l'écrire. D'être capable de le faire. Crever ses yeux. À elle. '' Ce regard-là - Sonia Sarfati''
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Ce n'est pas parce que je me compare à une chaise que je disjoncte complètement. Mon cerveau m'amène parfois à des endroits qu'il vaudrait mieux ne pas fréquenter.
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Dieu, un peu confus, lui répond :
— Tu n’étais peut-être pas tout à fait sincère dans ton bienêtre avec toi-même. Bien sûr, tu faisais des choses pour te changer les idées, mais sans réelle passion, pour te préparer à la venue d’Adam. Peut-être que tu l’« attendais » trop. Et, quand il est arrivé, tu as jeté ton dévolu sur lui, t’attendant à ce que ton bonheur vienne de lui et tu as oublié qui tu étais.
Piquée dans son orgueil, Ève lui crie des insultes. Dieu lui dit qu’il faut pardonner et elle lui répond :
— Fuck you avec ton pardon, gros débile névrosé !
Pendant qu’elle s’enfuit, elle l’entend crier :
— Apprends à pardonner !
Après coup, elle réalise que certaines de ses paroles ont dépassé sa pensée. Elle attribue ce débordement à son syndrome prémenstruel et se dit que ce n’est quand même pas elle qui s’est infligé ce changement hormonal et que le Créateur mérite de vivre les conséquences de ce qu’il a lui-même créé.
En courant vers sa hutte, aveuglée par ses larmes, elle trébuche sur une cabosse de cacaoyer, tombée d’un arbre, ouverte en deux, dont l’intérieur a complètement fondu au soleil. Ne réfléchissant à rien, trop attristée par les derniers événements, elle s’assoit, y goûte et commence à en engloutir compulsivement le contenu. Soudain, une force nouvelle s’empare d’elle et lui donne l’impression d’oublier tous les tourments de son existence !
Elle se promet qu’à partir de ce jour, ni Dieu, ni Adam ne lui dicteront quoi faire ni ne la blesseront à nouveau.
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— Écoute, euh… Ah oui, Ève. ’Scuse, je suis un peu mêlé, je suis encore endormi. Ouain, c’est ça, je pensais à ça, ça ne fait pas trop longtemps que je suis arrivé dans la jungle, pis je réfléchissais à ça pis, ben c’est ça, je ne suis pas trop prêt à me « caser ». C’est beaucoup de pression, là, peupler la planète. J’ai beaucoup de choses à faire avant de prendre des grosses responsabilités comme ça. J’ai rencontré une gang de gorilles, pis je me sens vraiment moi-même avec eux. On jase, on boit du Coconut, il n’y a pas de pression… J’aime ça chasser aussi, je ne le fais pas juste pour me nourrir, mais par passion, pis je voudrais être libre de rentrer quand je veux sans me sentir coupable de faire attendre quelqu’un. Je pense que je vais faire un bout tout seul, pour me retrouver et penser un peu à moi.
Naît en Ève une colère terrible. Elle prend toutes les feuilles de figuier d’Adam et les jette dehors, puis lui demande de sortir de sa hutte sur-le-champ.
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Au bout de ces six semaines, cependant, l’attitude d’Adam se met à changer. Il commence à ne plus utiliser de métaphores pour parler de la grande beauté d’Ève. Ensuite, il ne lui rapporte plus de fleurs rares. Enfin, il se montre même un peu distant. Ève est inquiète. Aurait-il attrapé un virus ? Est-il fatigué ? Peut-être ne devrait-il plus s’épuiser dans des expéditions de chasse aussi longues ? Ils devraient peut-être même adopter un régime végétarien pour pouvoir passer plus de temps ensemble ? Peut-être que l’éloignement est nocif pour leur couple ? Elle repousse rapidement ces pensées, car elle ne voudrait pas devenir paranoïaque comme certaines guenons du quartier voisin qui piquent des colères terribles sans motif valable envers leur gorille.
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Les semaines suivantes sont merveilleuses ! Ils font des promenades dans la jungle, des expéditions sur le lac à bord d’un radeau qu’Adam a construit. Ève l’emmène même découvrir la parade nuptiale des tourterelles. Adam lui avoue que ce n’est pas son activité favorite, mais qu’il est content d’y aller pour elle si ça la rend heureuse. Ève est aux anges ! (Façon de parler, bien sûr, car on sait que les anges sont sur les nuages en train de jouer de la harpe.)

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Hypnotisée par ses paroles, elle prend une gorgée de cette gibelotte qui semble nécessiter plusieurs mots pour la décrire. Ce qu’elle trouve tout de même charmant.
— Alors, comme ça, t’as peur des serpents ? lui demande Adam.
— Oui. Dieu m’a tellement dit de me méfier que j’en ai développé une phobie.
— T’es cute.
— Non, mais ça doit être dangereux. Si Dieu lui-même le dit.
— Si Dieu le dit. Tu sais ce que Dieu dit aussi ? Qu’il faut peupler la planète.
— Ah, il t’a dit ça aussi ?
— Oui, et on ne devrait pas perdre de temps… si Dieu le dit.
Le cœur d’Ève s’emballe lorsque Adam s’approche d’elle pour l’embrasser.
C’est le coup de foudre.
Alors que tous deux commencent à s’enflammer, elle le repousse gentiment en disant :
— Nous ne devrions pas brusquer les choses et apprendre à nous connaître avant de…
— Je comprends. Comme tu veux, on va attendre.
Ève sent qu’elle n’a pas passé tout ce temps à se faire des exfoliations, des masques hydratants et à prendre des bains de boue pour rien. Dieu l’a bien récompensée avec son Adam.
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Évidemment, le poids de la solitude lui pèse parfois. Bien que, depuis sa création, elle arrive à s’occuper en surchargeant son agenda d’activités qui lui changent les idées, aujourd’hui particulièrement, elle s’ennuie. Et réalise qu’elle a hâte de rencontrer celui que le Créateur lui enverra.
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Ève se détend dans un bain de boue. Elle en a découvert récemment les bienfaits sur sa peau et sur son énergie en général. Étant donné que la jungle dans laquelle elle habite en est remplie, elle en profite.

Depuis qu’elle est sur Terre, elle a développé des petites habitudes de ce genre. Et pour cause : elle est célibataire. Et, puisqu’elle ne rencontrera personne tant « qu’elle ne sera pas bien avec elle-même » (parole de Dieu, son Créateur), elle fait toutes sortes de choses pour se changer les idées, comme s’hydrater avec des masques faciaux à l’aloès, faire son programme abdos-lianes pour des abdominaux parfaits, se limer les ongles avec du granite, cultiver un jardin de légumes bio, peindre dans des grottes, observer la parade nuptiale des tourterelles (si romantique !) ou, comme aujourd’hui, prendre des bains.
Tout a commencé au Paradis, sur le mont Olympe. Dieu s’ennuyait.
Il trouvait la Terre bien calme. Les ruisseaux coulaient, les oiseaux gazouillaient et ses subalternes, les anges, jouaient de la harpe paisiblement. Gros manque de défi pour le Créateur, réduit ainsi à l’inertie dans ce spa de luxe, après l’effervescence de la création du monde.
Comme Dieu était assez inventif et en manque de projet, il a décidé de façonner un être humain dans la glaise : Ève, une femme charmante, début trentaine, qui aurait pour éventuelle mission de peupler la planète. Après tout, c’est ce qu’il avait fait avec les animaux : créer un couple prototype pour chaque race et ensuite, les laisser se débrouiller. Mais les animaux étaient bien différents de lui. En créant une espèce à son image, il assurait ainsi sa retraite. Une garantie de pérennité. Et puisque cette nouvelle espèce serait à son image, il voulait lui inculquer ses lois.
Voilà pourquoi, aussitôt qu’Ève a été créée, Dieu lui a fait part de sa mission tout en imposant quelques restrictions :
— Tu ne dois pas manger le fruit de la connaissance.
Il lui a pointé un pommier. Elle a hoché la tête, en guise d’approbation. Il a ajouté :
— Fais attention aux serpents, ils sont très dangereux.
Il lui a pointé un serpent. Elle en a été tellement dégoûtée qu’elle a tout de suite pensé que ce ne serait pas difficile.
Enthousiaste, elle a demandé à son Créateur :
— Super ! Par où je commence ?
Il lui a répondu :
— Tut ! tut ! tut ! Avant de commencer ta mission, il faut que tu apprennes à être bien toute seule. Et quand tu le seras, je t’enverrai quelqu’un pour t’aider.
Ève ne l’a pas jugé. Elle a pensé qu’après tout, l’Être se tenant devant elle était un génie ayant créé l’Univers en entier.
Chacun ses névroses.
Elle a donc choisi d’aller habiter dans un abri fait de quelques branches de palmier dans la jungle, dans un quartier appelé « Le jardin d’Éden », qui semblait idéal pour les futures familles, avec des arbres matures, une hutte clé en main, des points d’eau accessibles, et surtout, dépourvus de serpents. Elle a pensé qu’en y emménageant tout de suite, elle n’aurait pas à se taper un éventuel déménagement. Et elle a commencé sa vie, en appliquant à la lettre la demande de Dieu : apprendre à être bien avec elle-même (ce qui, avouons-le, est plus difficile que de s’empêcher de manger des pommes ou de croiser des serpents).
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Alors qu’elle est en plein essayage de feuilles de bananier,

Ève croise un homme. Est-ce celui qu’elle attendait ? En le voyant, elle ressent un vertige dans tout son corps. Comment devraitelle agir devant lui ? Si Dieu lui a demandé d’apprendre à être bien avec elle-même, elle n’a en aucun cas pensé à la façon de réagir lorsqu’il lui enverrait un homme. Bien sûr, elle a déjà

imaginé cette scène des centaines de fois dans sa tête, mais comme son arrivée n’est aucunement conforme à tous les scénarios qu’elle a imaginés, elle se sent un peu déconcertée.

Elle l’observe.

Il a les cheveux bruns bouclés, un peu de poil sur le torse, et oups ! il ne porte pas de feuille de figuier, tel que le prescrit la coutume de l’époque (qu’elle a elle-même établie, précisons-le).
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