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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le film de sa vie

Ce premier roman de Pauline Desmurs raconte la difficulté à vivre d'un garçon sans père, vivant avec une mère trop absente et dont la mère de substitution est emportée par un cancer. C'est dans son imagination, et avec une petite caméra, qu'il va faire son deuil.

Noé est un solitaire. Un peu par la force des choses, parce que son père n'a jamais quitté sa femme, comme il l'avait promis, pour fonder une nouvelle famille. Il a préféré abandonner sa maîtresse avec son enfant, après lui avoir choisi son prénom. Sa mère, qui doit subvenir à leurs besoins, n'est guère présente. Et Beatriz, qui veillait sur lui et qui était quasiment sa mère de substitution, meurt d'un cancer foudroyant. Alors Noé trouve refuge dans son monde. Il préfère parler aux arbres qu'avec ses copains de classe et cherche à comprendre ce monde étrange, si difficile à appréhender. Un monde à hauteur d'enfant, où la naïveté le dispute à la poésie. Un monde que sa grand-mère, venue suppléer à l'absence de Beatriz, ne respecte pas – elle jette à la poubelle le petit mot écrit par Beatriz – et lui vaut l'inimitié de son petit-fils. Heureusement, trois personnes vont l'aider à relever la tête. Charlotte, la fille de la voisine, avec laquelle il peut partager sa peine. Alexandre, qui hante aussi les cimetières, et qui partage avec lui une quête d'un monde apaisé et Patrice, l'animateur de l'atelier de films, qui lui apprend à manier la caméra et voit en Noé un garçon plein d'idées. Il décide de lui confier une petite caméra. Dès lors, il va totalement s'investir dans son projet de film-hommage à Beatriz. Il oublie sa grand-mère, son père, même si ce dernier essaie de «rattraper l'irrattrapable» et madame-la-docteure-en-psychologie-de-l'enfance pour construire son scénario.
À 21 ans, Pauline Desmurs a su construire, en se mettant dans la tête d'un garçon d'une dizaine d'années, un univers protéiforme qui lui permet d'aborder différentes thématiques sur un ton allègre, avec beaucoup d'humour et ce, malgré le drame vécu. Il y a d'abord ce deuil, omniprésent, est qu'il est si difficile d'accepter. Il y a ensuite l'absence du père, un thème abordé par l'incompréhension, mais aussi la colère. Plus étonnant, la poésie et la littérature, à travers la figure tutélaire de Marina Tsvetaïeva dont les mots sont un baume pour tous ceux qui souffrent.
La langue poétique, c'est l'autre tour de force de ce roman. Pauline Desmurs a su trouver, entre les trouvailles de l'enfant et ce qui serait une écriture d'adulte, un style allègre, souvent drôle, qui emporte très vite le lecteur dans cet univers qui donne des couleurs au noir.


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Noé est triste, Beatriz n'est plus et sa mère est seule pour supporter le chagrin de l'absence. Beatriz, emportée par cette tâche qu'elle avait sur le poumon, à qui Noé voudrait tout donner pour qu'elle revive, pour que ce chagrin qui les submerge tous les deux, mère et fils, n'ait jamais existé. Mais chacun couve son chagrin dans son coin, car il est difficile parfois de partager, surtout lorsqu'il est impossible d'exprimer sa douleur, d'échanger, de se comprendre.

Comme Beatriz est enterrée en Espagne, il lui fallait une solution de substitution pour s'adresser à elle. Alors Noé a trouvé au cimetière une tombe qui lui sert de soupape pour faire partir tout ce chagrin qui le submerge, pour faire sortir toutes ces larmes. C'est là qu'il a rencontré Alexandre, lui-même confronté à son propre chagrin, sa douleur face à la tombe de cette mère qu'il n'a jamais aimée et qui a passé sa vie à courir après une ombre, celle de la poétesse russe Marina Tsvetaïeva.

Noé et Alexandre ont une faille en commun, ne pas savoir qui est leur père. Si pour Alexandre la déchirure est définitive, Noé peut nourrir l'espoir de rencontrer un jour celui qui a refusé de reconnaître son fils, lui préférant sa vraie famille. Une amitié va naître entre ces deux fils unis par le deuil.

Pour calmer son chagrin, Noé participe à un atelier de création cinématographique dans son quartier. Cette initiation à la créativité lui permet d'exprimer son chagrin et d'apprivoiser le deuil impossible, en réalisant un court film hommage à Beatriz et à Chabrol, qu'elle aimait passionnément et lui avait fait découvrir.

Un roman à hauteur d'enfance, au langage direct, vrai sans être caricatural, qui parle de mort, d'envies de suicide et de solitude, qui parle d'art salvateur, d'amitié protectrice, d'amour mais surtout qui célèbre la vie.
https://domiclire.wordpress.com/2022/09/14/ma-theorie-sur-les-peres-et-les-cosmonautes-pauline-desmurs/
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Un premier roman très touchant.
Noé n'a pas vraiment de papa. Celui-ci n'a jamais réellement assumé sa paternité illégitime. Sa maman n'est pas très présente, prise par son travail pour subvenir à leurs besoins. Noé est un solitaire aussi, qui préfère les arbres aux camarades de classe. Mais Noé a Beatriz, l'amie de maman. Avait Béatriz, car elle est morte d'un cancer fulgurant. Et c'est un très joli portrait de leur relation qu'il nous trace ici, par l'absence nouvelle, avec naïveté et humour. Il a perdu une maman, même si ce mot n'est jamais employé pour parler de Beatriz. Il va rencontrer un animateur de centre aéré attentionné et bienveillant aussi, qui va savoir s'adresser, guider, laisser s'exprimer ce garçon en deuil. Il va cheminer dans son travail de deuil, à sa manière, un peu solitaire, mais sincère.
Une bien belle lecture, que j'ai trouvé juste un peu molle vers le milieu (j'ai d'ailleurs été très étonnée de ressentir cela). Une jeune autrice à suivre.
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C'est curieux, je n'ai pas pu m'empêcher de mettre ce premier roman à côté d'Autobiographie d'une courgette, de Gille Paris (que j'aime énormément), alors qu'il n y'a pas grand chose à voir entre les deux romans.

Pauline Desmurs s'en sort très bien dans la peau de Noé. D'ailleurs elle raconte un peu le Déluge qui semble lier ce prénom à l'enfant ; il vient de perdre son amie, la femme avec qui vivait sa mère, et le vide que lui procure la disparition de Beatriz va le faire devenir Général des mouches (tu m'étonnes que j'ai kiffé, vu la référence faussement dissimulée), sauf que Noé ne sombre pas dans la folie, c'est un enfant.

Il se lie d'amitié avec Alexandre, dont la mère cherchait désespérément à retrouver Marina Tsvetaïeva qu'il croise au cimetière quand il veut se recueillir sur la tombe de Beatriz, fait preuve d'une créativité folle pour affronter le deuil, la solitude, les jets de pierre des sales types de sa classe.
Et même si on sent poindre à certains moments de par l'écriture l'adulte sous le personnage de Noé, il en résulte néanmoins une voix touchante, d'une lucidité naïve et pleine d'espoir, d'une tendresse propre à celle d'un gosse dont le monde s'écroule avant l'entrée dans l'adolescence et qui se soigne en écoutant Porque te vas.

Mention spéciale au papier peint dégueu qu'on caresse du regard et où se heurtent les pensées, les mots durs, les rêves et les éclats de vie.
Bien ouej !
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Noé n'est pas un petit bonhomme ordinaire. Très affecté par le décès de Beatriz, la compagne de sa maman - d'autant plus qu'il est déjà psychologiquement fragilisé par un père fantôme et l'absence d'amis, excepté la fille de la voisine et un certain Alexandre, un vieux monsieur sibyllin qui hante les cimetières – il se noie dans l'imaginaire tout en gardant un pied sur terre. Une dichotomie confondante qui va porter le lecteur vers l'univers du jeune adolescent qui voit une lueur réelle apparaitre lorsqu'il rencontre Patrice pour un atelier cinéma. L'art va permettre de catalyser les idées du jeune garçon ; idées certes saugrenues mais délicieusement créatives. Avec l'aide indirecte de Claude Chabrol

Un premier roman très prometteur pour la jeune Pauline Desmurs – 21 ans ! Elle s'immisce parfaitement dans l'esprit du garçon avec des mots choisis qui virevoltent sans cesse entre un monde abstrait et un monde concret. Tout ce qui tourne autour du deuil est évoqué avec beaucoup de tact et chaque réflexion est judicieusement amenée. Point d'orgue : le mode d'emploi pour une révolution avec le rire (page 100 s'il vous plait). Quant au cinéma, il fait partie de cette forme d'art qui peut mener vers la résilience grâce à son pouvoir créatif. Car créer c'est vivre.
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Premier roman d'une jeune autrice de 21 ans, « Ma théorie sur les pères et les cosmonautes » est un roman sur l'absence. Celle du père de Noé (le jeune narrateur), qui pense qu'en échange d'un billet de 20€ il a le droit de se faire appeler Papou. Mais surtout celle de Beatriz, la compagne de la mère de Noé, décédée d'un cancer des poumons. Une absence qui prend toute la place dans la vie de Noé et sa maman.

C'est à travers les yeux d'un enfant que l'on voit, que l'on vit leur deuil. Que l'on passe par la tristesse, la colère et la thérapie par l'art qui permet d'exprimer l'indicible. Je me suis immensément attachée à Noé. J'ai trouvé son personnage hyper crédible et été charmée par ses réflexions, son usage des expressions, sa candeur et son intelligence. Les personnages secondaires sont aussi très attachants avec en tête de file Alexandre, qui se rend sur la tombe de sa maman, obsédée par la poétesse Marina Tsvetaïeva, mais aussi la petite voisine Charlotte qui se déguise en Dalida.

Si le vide et les absent•e•s sont au coeur du roman, c'est aussi un roman sur la famille, celle avec laquelle on nait et qu'on porte parfois comme un fardeau, et celle qu'on se choisit. le père de Noé l'a abandonné mais Beatriz, même décédée, ne le quittera jamais, et Charlotte la choisit comme grand-frère. C'est aussi l'occasion de s'interroger à nouveau sur ce que ça signifie d'être une famille, notamment lorsqu'un enfant est élevé par deux personnes du même sexe qui l'aiment et qui s'aiment éperdument.

Même si la mort prend une grande place dans ce roman, c'est une lecture qui revigore, qui donne de l'espoir, et qui m'a fait énormément de bien. Je termine en citant Noé : le premier roman de Pauline Desmurs est « une bonne récolte, un bon cru, fin et parfumé ». À découvrir à la rentrée littéraire.
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