J'ai alors pensé qu'il était merveilleux d'être riche car les riches n'ont rien d'autre à faire que désigner ce que les autres se chargent de leur porter.
Et moi qui croyais au matin, en entrant dans Paris que j'étais libre comme le vent... II ne m'avait pas pas fallu très longtemps pour apprendre que la liberté n'est pas la même selon que l'on est riche ou que l'on est pauvre, selon qu'on est aimé ou qu'on ne l'est pas. Les filles socialistes devraient se méfier de la misère comme de l'amour, car il se trouve toujours un état pour les faire obéir.
Mes pleurs et mes insolences avaient réussi où ma prudence et ma politesse n'avaient servi à rien. Il faudrait que je m'en souvienne à l'avenir.
J'étais si contente de recevoir un cadeau que je me suis levée de mon banc pour l'embrasser, ce qui lui a mis les larmes aux yeux. J'en ai déduit que les gens qui viennent du Nord ont peut-être le dos solide mais qu'ils ont aussi le cœur fragile.
C'est le pouvoir des chansons de vous assommer de bonheur.
Deux badauds qui passaient m'ont regardée m'enfuir sans se troubler. On a trop l'habitude ici que les gens se frappent et s'injurient.
J'étais au spectacle. Paris me fait l'effet d'un grand héritage à cause de tous ces gens différents qui s'y pressent et fabriquent de l'agitation et du vacarme. Le monde me fait venir des désirs nouveaux qui me chargent le sang d'impatience. Ce n'est pas que je n'aime pas Bobigny mais on y manque d'amusements. Les champs y sont plats, les usines tristes, les habitants rares et les enfants morveux. Et on n'y voit jamais de belles toilettes. C'est le travail qui nous gouverne, ou la guigne pour ceux qui n'arrivent pas à travailler. Si je n'avais pas Bernadette et le canal pour me distraire, je deviendrais certainement folle et l'on me trouverait à l'hôpital chez les aliénés.
Bernadette avait cette qualité qu'on n'avait jamais froid en sa compagnie. Elle rayonnait en quelque sorte, comme si elle avait toujours porté un feu en dedans. Il n'y avait pas à s'étonner que les âmes des défunts veuillent se réfugier chez elle, je pense qu'il y faisait bon.
Je désherbais les plates-bandes à quatre pattes quand l’idée m’est tombée dessus que je pouvais ruser. Ils n’y connaissaient tellement rien, tous autant qu’ils étaient, que je pourrais leur mettre des salades au milieu des pervenches…Ils n’y verraient que du feu. Des pieds de vigne dans les rosiers. Des bouquets roux de rhubarbe entre les buis. Des choux montant dans les asters. Des thyms, des romarins, qui peuvent passer pour des plantes à fleur au printemps
La maître peut me traiter de maudite socialiste, je trouve dommage que ceux qui ont la bonne place ne pense qu'à la garder, au lieu de réfléchir à la partager.