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Citations sur Les enquêtes d'Hippolyte Braquemare : Belfast blues (12)

La nuit était tombée depuis longtemps lorsque je rentrai chez moi sous une pluie fine si caractéristique de la Bretagne. Elle me rappelait le Belfast de ma jeunesse où moi aussi j’avais été Lecteur à l’Université de Queen’s, en 1965, juste avant le début des Troubles.
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L’affaire ne se présentait pas bien du tout. D’abord je n’étais pas policier mais universitaire. Dans ce milieu, on m’appelait volontiers le “Privé”, quelques-uns de mes exploits ayant défrayé la chronique. Certes je connaissais beaucoup de monde en Irlande et même à Rennes. Le célèbre commissaire Gabacho3, sans être un de mes intimes, prenait volontiers un verre avec moi. Nous échangions souvent nos points de vue sur la vie rennaise. Et il n’oubliait pas le coup de main que je lui avais donné lors d’une enquête difficile, il y a de cela plusieurs années. Je pouvais donc sans scrupule lui demander quelques renseignements.
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Il bondit sur sa chaise.

– C’est pas vrai ! cria-t-il. Je l’ai cherchée partout, on m’a aidé, on n’a rien trouvé !

Je me doutais de l’origine de son aide : les milieux républicains, plus ou moins proches de l’IRA, l’Armée Républicaine Irlandaise. Et si les paramilitaires protestants étaient eux aussi impliqués, l’affaire ne serait pas simple à régler.

– Qui c’est “on” ? demandai-je par acquis de conscience.

Il bredouilla :

– Des amis irlandais, ceux des pubs...

– Catholiques ou protestants ?

– Catholiques !

La question lui semblait incongrue.
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Pour la troisième fois, je démontai avec patience ses arguments et les accusations simplistes qui le faisaient passer pour un amoureux jaloux et éconduit. Je demandai à Fañch de bien me repréciser quelles démarches les parents de Christelle avaient faites. Je prenais des notes.

– M’sieu, il faut faire quelque chose !

– Fañch, je ne peux pas tout quitter ici sur un coup de tête, j’ai mes cours, des réunions. Bref, il me faut attendre les vacances de février. Il reste une semaine, d’ici là, je vais faire mon enquête depuis Rennes et ensuite, je vous promets d’aller à Belfast. Viendrez-vous ?

Il hésita avant de me répondre d’un hochement de tête vague que je ne pouvais interpréter.

– C’est oui ou non ? dis-je.

– C’est oui, répondit-il dans un souffle presque inaudible.
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– Et puis... deux jours après, juste avant de rentrer en France, j’avais les billets d’avion et tout... Christelle avait disparu... J’ai été partout, personne ne savait où elle était. Sa logeuse m’a dit qu’elle était partie un matin faire des courses en ville. Elle habitait sur Ravenhill Road, près de l’église de Paisley2... Je suis allé dans son lycée, rien, dans les pubs que nous fréquentions, rien. Je suis même retourné à la Red Hand. Ils ont été sympas, ils ont dit qu’ils allaient chercher car ils connaissaient bien la ville et ce qui s’y passait, et puis ils ont des amis dans la police.

Je n’en doutais pas.

– Ils m’ont dit d’attendre après Noël et de ne pas prévenir les flics qui étaient débordés avec les “Troubles”... Noël est passé, rien, je suis hyper inquiet. Je suis sûr que c’est Big Billy qui est derrière tout cela !
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Dehors le vent mauvais de janvier sifflait entre les bâtiments de la fac de Villejean et, en cette fin d’après-midi, il n’y avait pas grand-monde.
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– Il m’a présenté, ainsi que Christelle, à ses copains, à sa famille, à des amis. Ils ont tous été sympas, on a bu des tas de tournées de bière, même de la Guinness.

Je ne pouvais m’empêcher de sourire à cette dernière remarque : en effet, la bière brune était également appréciée par les deux communautés qui s’affrontaient depuis des siècles.

– Sammy, mon élève, avait un grand copain, vachement baraqué, que tout le monde appelait Big Billy. Quand il a vu Christelle, il est tombé en arrêt, comme le chien de chasse du même nom. Il ne la quittait plus des yeux, allait sans cesse lui chercher des bières et des whiskeys. J’aurais bien aimé lui casser la gueule à ce con... mais Dieu qu’il était grand et fort ! Christelle a été très bien, elle ne l’a pas encouragé, le regardant à peine, elle a été polie mais sans plus. En tout cas elle n’a pas bu tout ce qu’il lui avait apporté sur un plateau. On est rentré dans mon petit appart vers deux heures du matin, je crois. Big Billy avait demandé à un de ses copains de nous ramener dans son taxi, il n’a même pas voulu que je lui paie sa course.
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Je connaissais bien ce bistrot ouvrier, La Main Rouge, situé dans un quartier protestant au “loyalisme” dur. Il servait de QG à une des plus violentes milices paramilitaires d’Irlande du Nord. Pas vraiment un endroit touristique pour des étudiants français, fussent-ils Bretons.
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L’intégration de Fañch dans le milieu belfastois avait été rapide. Son utilisation d’un mot du vocabulaire péjoratif des Nationalistes irlandais traduisait ses penchants politiques. Je n’intervenais jamais dans ces engagements enthousiastes mais je devinai que, cette fois-ci, ma neutralité n’était plus de mise.

– On allait souvent ensemble, avec Christelle, dans les pubs de la ville. Plutôt chez les Cathos, c’est plus sympa, plus gai, il y a de la musique et tout le monde chante. On avait plein de copains là-bas. Puis un soir avant Noël, un de mes élèves m’a invité dans un pub de la Newtownards Road, la Red Hand.
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Fañch ressassait à haute voix, en regardant ses baskets sales, le récit de la “disparition” de Christelle. À cet instant, j’avais du mal à le prendre au sérieux, cependant je savais qu’il disait la vérité.

– J’étais arrivé à Belfast en septembre, j’avais un poste de lecteur à Wellington College et elle à Orangefield, chez les protestants...

Il devança ma question :

– Ben oui, moi aussi j’étais chez les “Prods”.
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