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3,88

sur 325 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai découvert cette auteure lors d'un festival littéraire à Genève. je l''avais écoutée parler de ce roman lors d'une table ronde et je savais la thématique forte. La place de la femme en Inde, ce pays surpeuplé, fonctionnant sur le système archaïque des castes.

Cette lecture n'est pas tendre. Ananda Devi s'intéresse à l'étage inférieur au système social de l'Inde. Elle nous présente deux groupes de femmes : les prostituées de la Ruelle ainsi que les Hijras, des transexuelles qui vivent en communauté, rejetées et en même temps mystifiées, invitées à danser dans les mariages par exemple pour porter chance.
Veena est l'une de ces prostituées. Elle a une fille qu'elle élève à peine, qu'elle cache derrière une paroi pendant qu'elle travaille, à laquelle elle ne peut s'attacher et à qui elle n'a jamais donné de prénom. La petite s'est elle-même nommée Chinti, la fourmi. Cette enfant est solaire, elle attire la sympathie des autres femmes de la Ruelle ainsi que des Hijras qui habitent en face. Seulement un jour, Shivnath, un "saint homme" qui visite les prostituées tombe amoureux de Chinti, la kidnappe et veut en faire sa déesse.

Une plongée dans les bas fonds de l'Inde, dans la boue du Gange, dans des croyances aux milles dieux, dans la vénération des hommes, dans le triste destin des femmes. Ce roman est à la fois terrible et passionnant !
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L'histoire se déroule en Inde dans un quartier très pauvre. Une femme Veena a mis au monde une petite fille. Elle ne pense pas qu'elle survivra dans le quartier des prostituées. de cette conviction, elle ne donnera pas de prénom à son enfant. Mais la petite s' accroche à la vie, et devient une petite fille, obligée de se cacher et d'être témoin du travail de sa mère. La fillette ne trouvant pas d'amour auprès de sa mère, devient la mascotte des autres prostituées. Elle apporte un peu de joie dans toute cette misère et cette saleté. Mais vient, le pédophile religieux avec sa toute puissance et qui prend d'affection et de désir cette petite. Laissant sa mère horrifiée, impuissante, en colère. S'en suivra une cohésion des laissés pour compte, les prostituées ainsi que les hijras afin de sauver leur petite fourmi.

J'ai été happée par ce roman malgré la dureté des situations et propos tenus. L'auteure s'est inspirée d'une visite en Inde où elle a appris que c'est lors des pèlerinages hindous que les prostituées ont le plus de travail.
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Nous sommes en Inde dans l'une des provinces les plus pauvres : l'Uttar Pradesh.

C'est le destin croisé de femmes, d'hommes nés dans le mauvais corps relégués au rang le plus infâmes des basses castes. Prostitués et Hijra.

En Inde, où la devise est essentiellement un pour tous chacun pour soi, nous allons assister dans ce roman qui pourrait tout aussi bien être un témoignage tant le réalisme du récit est percutant, à un soulèvement, une cohésion d'indésirables, de ceux qui n'ont pas de droits ou tout simplement celui d'exister en silence. Elles vont oser faire face à la puissance principale du pays : La religion incarnée par un de ses disciples ragoûtant. Archétype de toutes les dérives et les extrêmes.

Tout cela pour qui me direz vous ? Une petite fille, une petite fourmi. Parce qu'il y en a assez ! Parce que la vie n'est peut être pas la fatalité que l'on veut faire endosser aux petites Indiennes parce que ces femmes veulent faire entendre leur voix, leur rires, parce qu'elles sont les descendantes de Kali !

Cette petite fille sera un symbole, un symbole dans toute son ambivalence. Symbole de liberté et d'espoir, celui qui donne le courage de se battre pour un avenir meilleur et le changement !
Mais aussi un symbole que l'on a voulu manipuler, faconner, grimer, exhiber dont on a voulu profiter à sa propre gloire. Symbole de réussite et de mérite.

Cela pourrait être une belle utopie de voir l'oeuvre comme un conte moralisateur malheureusement c'est bien le quotidien que j'ai pu voir lors de mon voyage en Inde dans ce même état. Réalisme, écriture juste et fine, fermez les yeux ouvrez les oreilles vous entendez ce bordel ? C'est bien l Inde dans toute sa splendeur et sa laideur.

La fin est belle et douce comme du miel voilà seulement ce qui peut relever de la fable. Existe par toi même petite fourmi, soi ton propre symbole et trace ta route.
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L'écriture d'Ananda Devi entaille les chairs et retourne l'âme. Avec ce dernier je retrouve ce goût de la lecture intense qui collent à la peau, découvert avec le sari vert.
Justesse de ton de langue.

Ananda Devi capte la noirceur du monde avec entêtement.
Ce monde qui « manque terriblement d'imagination pour rendre misérable les plus faibles ».

Merci pour ces fictions qui n'entachent pas la souffrance par de belles déclarations.
Ces récits qui ne cherchent pas à fuir la réalité mais l'enrobe de mots pour imprégner les yeux de lecteurs qui n'ont qu'à se saisir. Ce qu'il faut pour résister. de la littérature fine poétique qui dénonce sans dentelles mais le fait avec beauté. Pour que ça compte qu'elles comptent, qu'elles restent vivantes, au moins en songe.
Les femmes ne sont pas des corps sans âmes. le désir ne devrait pas trouver à se monnayer par le prisme d'un autre.
Des mots pour que l'impuissance attrape l'altérité. Que l'on sache.

Merci pour ce rappel : Les femmes sont des déesses peu importe leurs conditions et quand la vie se chargent de leur faire croire le contraire, reste encore le rire et les fleurs pour adoucir la sauvagerie.

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Ce romant de Ananda Davi nous embarque dans une ville pauvre du nord de l'Inde, dans le quartier de la Ruelle, dans lequel vivent prostituées et transsexuelles. Un quartier haut en couleur dans lequel vivent les héroïnes de l'histoire: Veena, une prostituée forte tête et sa fille Chinti, petite fourmi parmil les femmes. On y croise aussi Sadhana, transsexuelle qui viendra en aide à Veena lorsque sa fille sera enlevée par l'un des clients de Veena, Shivnath. Mettant en avant sororité et force féminine, Ananda Devi montre une facette de l'Inde où les femmes partent au combat contre le royaume des hommes et ne se laissent pas tomber lorsque l'une d'entre elles est menacée. Un roman haletant et émouvant mettant en avant le "rire des déesses".
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Waouh !
L'histoire, elle est parfaitement écrite dans la 4ème de couverture. En Inde, on suit la vie de Chinti, fille non désirée d'une prostituée nommée Veena qui nuit après nuit, vend son corps pour survivre. Alors oui, on découvre l'Inde et deux franges de la population, les prostituées et les hijras (femmes nées dans un corps d'homme). Oui on découvre les ravages de la "foi", la cruauté des hommes, l'avidité du pouvoir avec le personnage de Shivnath. Mais surtout, surtout... Amanda Devi a un style incomparable, poétique, brillant, bouleversant, tout en nuances, où la psychologie des personnages est esquissée trait après trait, comme sur la pointe des pieds, changeante, évolutive, une vraie merveille de maîtrise. Bref, j'ai adoré ;-)
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J'émerge à l'instant de la boue du bout du monde, de la fange du Gange où doit éclore une déesse à Bénares pour étancher la bassesse des hommes.
Chinti, dix ans sera la fille de Kali, c'est Shivnath l'homme de Dieu qui le veut et qui pour ça, l'emporte. « Son corps est si léger et si lourd de promesses… »

Ananda Devi avouait à la grande librairie que la genèse de ce livre est due à un choc ressenti lorsqu'elle a vu des myriades de prostituées suivre les pèlerinages religieux afin de satisfaire les pulsions sexuelles des pèlerins bien plus conséquentes pour parfaire la purification et mieux se concentrer sur la dévotion.
« Imaginez que leur sexe les trahisse au milieu de la prière, parmi tous les pèlerins. »
Pauvres petits hommes asservis au rigide lingam inassouvi !

Dès les premières lignes le ton est donné, ma zone de confort a été bien vite dépassée lorsque je me suis retrouvé projeté dans la Ruelle suffocante de puanteur et de misère où Veena se donne chaque nuit, juste pour survivre avec sa fille Chinti confinée, abandonnée sans amour derrière un morceau de contreplaqué.
« Survivre ne vous donne guère le temps de vous préoccuper d'amour. »
De cette même Ruelle, Sadhana, une hijra offrira à Chinti sa tendre affection, véritable bouffée d'oxygène dans cette atmosphère crasseuse et corrompue. Ces femmes qui naissent dans un corps d'homme, constituent le troisième sexe présent depuis 4000 ans en Inde.
Elles obtiennent leur divinité dans l'émasculation au couteau qui leurs confèrent la possibilité de donner la bénédiction aux mariages et aux naissances.
Cependant, la majorité des hommes leurs crachent dessus et les agressent.
« Notre aura semble à certains un pouvoir obscur, d'autres y voient une barrière insupportable. »
Toutes ces femmes de riens vont se liguer pour faire exploser les desseins de Shivnath, bouffi de son outrageuse sainteté.

De cette glaise de fatalité putride Ananda Devi extirpe la noirceur de l'inhumanité pour façonner un roman de colère et d'exaspération qui tel un Golem doit ravager l'ignorance, bannir la pédophilie, éradiquer les viols et faire germer des sentiments plus sages, des existences plus équilibrées dans ce pays où la religion excuse tout aux hommes.

De cette histoire vous en connaissez maintenant l'essentiel mais vous n'en avez toujours pas les mots qui cisaillent, qui percutent, qui fouillent et surpassent la haine, l'amour et la mort.

N'hésitez pas.




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Dans ce roman rappelle la tresse et le cerf volant (deux romans de laetitia colombani) de par son pays : l'Inde. Cependant, il aborde une thématique très différente car l'autrice se penche sur la vie d'une dizaine de prostituées d'un quartier très pauvre d'Inde. Nous suivons particulièrement la vie d'une prostituée et mère qui ne témoigne pas vraiment d'attention à sa fille, tout en lui apportant quand même le minimum vital (nourriture et vêtements). Un beau jour, un des prêtres venant visiter cette femme s'aperçoit de la présence de sa fille et commence ici une lutte acharnée de séduction de la mère pour protéger sa fille de cet homme aux viles idées. Un roman magnifique sur l'intégrité, la condition féminine et la sororité.
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Passionnée de littérature indienne ou toutes oeuvres se rapportant à l'Inde, j'ai de suite souhaité livre ce roman d'Ananda Devi.

Veena, une jeune femme qui " porte sa rage en bannière ", prostituée au coeur de la Ruelle, est mère de la petite Chinti. Chinti c'est elle même qui s'est donnée son prénom, sa mère n'avait jamais senti le besoin de l'appeler autrement que l'enfant. Car elle n'avait pas souhaité, désiré cette enfant. Ainsi pensait-elle quand ne lui donnant aucun nom, elle disparaitrait facilement.

Mais le destin a été tout autre.

Chinti découvre le monde proche d'elle avec des yeux et une âme d'enfant. Elle devient le soleil de toutes ces femmes, et surtout de Sadhana, la hijra de la maison d'à côté.

Ainsi Chinti " vogue sur un nuage d'illusions " quand un jour elle ressent un amour particulier pour le swani Shivnath, le maître, un homme aux apparences saintes. Toute sa confiance va vers lui. Cette petite fille en manque de tendresse et d'amour certain, s'abandonne en toute innocence aux bras de celui qui lui promet une vie meilleure : " Tu seras traitée comme une princesse. Tu ne seras plus jamais pauvre. "

En effet et si Chinti était déesse, fille de Kali ?

Le rire des déesses est un roman puissant mettant en scène les femmes abusées, maltraitées, esclaves par des hommes guidés seulement par leur lingam ! Cette histoire racontée se déroule en Inde, mais sachons bien que les Indiens ne sont pas plus hommes-bestiaux qu'ailleurs dans le monde. C'est universel cette idée que certains hommes profitent de la faiblesse des femmes, des jeunes filles, des enfants même. Comme le souligne le Swani, agissant en pleine conscience, l'hypocrisie règne partout autant en Occident qu'en Orient ....

Enfin l'auteure nous mènent dans une danse folle à la fois décadente et qui a force de volonté prend un tout autre sens. Un chemin nouveau peut s'ouvrir pour entendre le rire des déesses !

Merci infiniment à la plateforme NetGalley et à la fidèle confiance des Éditions Grasset

#Leriredesdéesses #NetGalleyFrance
#universelicec
#rentreelitteraire2021
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Alerte coup de coeur !

Le rire des déesses est un ouvrage féministe, dure, percutant et déroutant. L'autrice s'intéresse aux personnes oubliées de la société indienne : les femmes (en particulier les prostituées) et les hijras (ce terme désigne la caste regroupant des hommes castrés, des personnes transgenres ou des homosexuels). Chinti est une enfant pleine de vie qui grandit dans la Ruelle, quartier très pauvre où vivent les prostituées. Dans cet endroit, la résignation, la tristesse et la colère règnent, Chinti est le seul petit rayon de soleil qui subsiste. Pourtant sa mère, Veena, ne parvient pas à créer un lien avec elle, à l'aimer, elle ne se l'autorise pas de peur de fendiller sa carapace faîte de colère et de rage. Chinti grandit, cherche de l'affection ailleurs, auprès des autres femmes de la Ruelle et des Hijras, elle s'épanouit et attire malheureusement le regard de Shivnath, homme tout puissant, vénéré tel un Dieu. Cet homme est prêt à tout pour obtenir Chinti, et assouvir ses désirs pervers. Il la kidnappe et l'entraîne à Bénarès pour en faire une déesse, la sienne.

Vous l'aurez compris le rire des déesses est un roman fort, on le lit la boule au ventre, le coeur au bout des lèvres. Il nous bouscule, nous fait voir les pensées les plus intimes, les plus viles de certains personnages. On est emporté dans le tourbillon de rage et de colère que représente Veena, cette mère qui réalise au moment où sa fille est l'objet des délires d'un hommes, tout l'amour caché qu'elle lui porte et surtout tout ce qu'elle représente : l'espoir que Chinti pourra sortir de ce quartier, échapper au destin terrible qui les attend toutes. On est bouleversé par Chinti, petite lumière, boule d'énergie qui tente d'alléger le quotidien de son entourage, qui prend de la distance avec sa mère par peur du rejet et tristesse, et qui de par l'innocence de son âge, reconnaît en Shivnath, un sauveur, un ange gardien qui la sortira de cette crasse ambiante. On est en admiration devant le personnage de Sadhana, hijra, belle, forte, lumineuse, qui va devenir la véritable ange gardien de Chinti. Et on est dégoûté par les pensées obscènes et tordues de Shivnath, personnage mégalomane, qui se considère comme un surhomme, comme un homme de Dieu, qu'aucune loi, aucun être humain ne peut stopper.

Je ne peux que vous conseiller de lire ce roman. Il aborde différents sujets tels que la sororité, la religion, la folie de la foi, la pédophilie, la place de la femme et des hijras dans la société et surtout la difficulté d'aimer son enfant, le développement d'un lien mère-fille qui ne se fait pas naturellement.

Un roman qui se dévore et qu'on ne peut lâcher tant on a peur de l'issue de l'histoire.
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