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Citations sur Le cycle de Syffe, tome 1 : L'enfant de poussière (143)

"C'est une chose étrange la vie [...] On dit que c'est une route que l'on trace. Alors que c'est une rivière que l'on suit." Ses longs doigts fripés cessèrent leur ouvrage. Elle tourna ses rides vers moi, et m'offrit un sourire édenté. "Ne rends pas ta rivière trop rouge, petit soldat", grinça-t-elle, "tu tuerais tous les beaux poissons."
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Ma mâchoire était restée serrée tout le long, et en leur langue musicale ils avaient loué la bravoure de cette chose qui saignait, comme on loue la valeur d'un chien courageux. Je n'étais plus tout à fait un homme à leurs yeux, ni plus tout à fait aux miens, parce que mon sang gouttait dans la neige blanche et que je ne ressentais rien.
Deux lunes plus tard, la moitié des prisonniers d'Aigue-Passe étaient morts de froid ou de maladie. Les neiges tardives nous avaient enfin permis de franchir la frontière, par un défilé sinueux et étroit, au travers des corniches escarpées du Mur carmois. A Iphos, ceux qui restaient furent vendus à un consortium marchand pour soixante drogmes par tête. Alors que les pièces d'argent changeaient de main, pour la première fois depuis la débâcle, j'avais souri. J'avais souri, parce que je valais seize couronnes d'or de l'autre côté du Mur, et aussi parce qu'ils avaient payé pour du vide, pour du néant qui avait pris forme de Syffe. Ce n'était pas grand-chose que ce rictus, à peine un plissement. Un rien de chair soulevé par les vestiges de quelqu'un, comme un vent mourant peut gonfler une voile. Puis ils m'envoyèrent aux mines, où les sourires servent de parures aux fous et de linceuls aux morts.
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"Rejoindre un vaïdroerk, c'est le plus grand honneur et le plus grand sacrifice qu'un Var puisse faire", m'avait-il affirmé par une fin d'après-midi, alors que nous nous faufilions entre les pieux de la limite est. "Nous ne rentrons jamais vraiment chez nous. Nous nous battons pour une idée changeante, qui fluctue pendant que nous sommes loin. Puis nous mourrons, à l'écart, respectés mais incompris. Étrangers à tous ces gens pour lesquels on a donné sa vie. Certains même ne nous approuvent pas, et je crois que je les comprends, de plus en plus." J'avais reniflé et craché parmi les flocons qui tombaient doucement. "Pourquoi avoir choisi ça alors ?" lui avais-je demandé après un temps. "Pourquoi ne pas être resté chez toi ?" Uldrick avait souri en lissant sa barbe poivre et sel, un sourire espiègle et amer à la fois. "Je te retourne la question", avait-il répondu.
Je bafouillai, en cherchant mes raisons, qui ressemblaient davantage à des contraintes. "Je vais te dire", fit-il lentement. "Il faut avoir quitté quelque chose pour savoir à quel point cela compte."
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Il y eu un concert de cris en face et, en guise de réponse, le silence terrifiant des Vars, le silence de trente guerriers prêts à faire ce pour quoi ils étaient nés.
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Je reconnais aussi quel sacrifice cela a dû être pour Uldrick du pays var, loin des siens et de chez lui, mi-fugitif, mi-ermite. La solitude et l'isolement que nous avons vécu dans les hauts de Cullonge, tout cela et bien plus pour honorer cette dette qu'il estimait avoir contractée auprès d'un enfant.
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Au-delà du feu, Sleitling, tu dois chercher la glace. Quand tu n'auras plus besoin de la colère pour faire face, alors nous aurons fini. Je ne sais pas combien de temps cela prendra. Mais à chaque fois que le voile rouge te prendra, mes coups t'en arracheront.
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Je remercie encore Uldrick de m'avoir montré à quoi ressemble un tueur ordinaire, soldat ou coupe-jarret, ou égorgeur d'enfants. Cela m'a permis de saisir que, derrière les pires horreurs que le monde peut contenir, il n'y a ni mal, ni démons, ni mauvais sorts, mais seulement la folie d'hommes désespérés, dont la peur a fait des monstres.
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Je perdais contre la fureur, puis la fureur perdait face au Var. Il s'en fallut de moins d'une semaine pour que je comprenne lequel de ces deux échecs me coûtait le plus cher.
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J'avais vécu ce déferlement de colère comme une libération, au début. Puis, tandis que les jours et les semaines passaient, que le monde se faisait de moins en moins cohérent, je pris peu à peu la mesure des choses, du prix auquel brûlait le brasier. Mon âme et mon être étaient les combustibles de ce feu. Je me retrouvais plongé dans un combat encore plus important que celui qui m'était imposé chaque soir. L'issue de ces batailles déterminerait la souveraineté de mon propre corps, et il ne faisait pour moi aucun doute que j'étais en train de perdre la guerre.
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La Pradekke, c'est la différence entre le savoir et la croyance. Croire que l'on sait est ignorant. Savoir que l'on croit ne l'est pas. L'homme sage est capable de discerner les nuances entre ce qu'il sait et ce qu'il croit, parce que la croyance est la plus dangereuse des ignorances.
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