La fille
La fille dit
Tu ne sais pas ce que je sais.
Non, dit-il.
Le garçon préférait marcher.
Il se proposait d’être beau.
Elle sauf marcher voulait tout.
C’est quelque chose de beau,
Dit-elle. Et le garçon de loin :
Comme quoi par exemple ?
Comme un tas de choses.
Et lui de plus loin encore :
Comme quoi exactement ?
Tu ne sauras pas, cria-t-elle.
Le garçon continua de marcher.
Je ne le saurai pas, dit-il.
Je ne le saurai pas, dit-il.
Elle resta en bordure de route.
Il ne l’attendit pas.
La route. Et encore la route.
Une main s'agitait de loin.
Elle n’eut pas à en dire plus.
CHARGE DE TEMPS
Chemin
innocence de l'être
l'arc du bonheur enjambe
une femme aromatique
la source en-dessous
chante la dernière neige
effacé par qui l'a dessiné
sitôt rendu à son objet
ce sera l'été allégé
safrané dans les creux
confondant le sommeil
la veille et un rêve
propice à la blancheur
l'auront oublié sitôt
révélé ces mots plus que lui
pressés de se perdre au loin
p.20
pays d’œil
...
se reposer dans ces froncements
ces palpitantes levées de temps
où tu fais tache et converger
vers les litanies du sommeil
capturer la source fertile
sous une moisson de cris
sous une moisson de cils la raison
propagée de tes gîtes d’air
CHARGE DE TEMPS
Chemin
ressui
suivant le rêve
de l’eau couchée
emportant sa propre mort
dans le persévérant
le sec frémissement
des roseaux du temps
feu de murmures
jusqu’à l’aube
p.24
CHARGE DE TEMPS
Chemin
le cri
t’appeler incalculable
rivage
défoncement
épi de silence
t’appeler perpétuel
oiseau
et te savoir prête, réponse
canicule
sans fardeau
p.23
CHARGE DE TEMPS
Chemin
qui veille
suppose où j’habite ?
en une mort en lambeaux ?
en un jour de feuilles ?
scellé jusqu’au cœur
au-dehors creusé
moins silencieux mais plus mort ?
en un soupçon de mémoire
stagnant dans les sources
ou une cigale dispersée dans l’été ?
p.22
CHARGE DE TEMPS
Chemin
bientôt voyant
à Maurice Ohana
prairie que foule l’obscurité ‒ appréhender la grâce
‒ et dispersion d’eaux froides ‒ courir jusqu’au bout
de l’été ‒ prendre feu ‒ un soir heureux ‒ et dans le
fond de la nuit retrouver ‒
cette nuit dominée — par le mystère d’un visage
tremblé
p.21
CHARGE DE TEMPS
Chemin
la force du jour
haut espace d'octobre
pour conter l'histoire
des distances anciennes
et l'ambition des forêts
alliée d'un ciel
établi au voisinage de la solitude
et la sauvage vendange des chlores
et ce cercle de crainte et de rien
pour couvrir le temps d'air serein
p.19
CHARGE DE TEMPS
Chemin
itinéraire du froid
tais ce que a glace n'ose dire
auréolée de noirceur qui hésite
et tenais de l'avoir tu pour
que sur ta nudité le récif
avance sa froideur sans visage
et dresse une insensible porte
une insensible nébuleuse
à l'heure vaincue où après
avoir refait la paix du naufrage
ton œil bleui devient l'étoile
qui éclaire l'accalmie
p.18
CHARGE DE TEMPS
Chemin
instance
soupçon du vent
vide du cœur
songe de pouvoir
les exploits de midi
et le sommeil du rivage
se confinant dans l'espace
comptant les pesées
de l'hirondelle sur
la chaleur qui envahit
la conscience avide de l'air
p.17