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Critique de BazaR


« Bon, je tente ? » « Non, il va encore te déstabiliser. » « Oui mais ça fait du bien de temps en temps. » « Mais tu sais que tu vas le regretter. » « Bah pas forcément, c'est pas mortel non plus. » « Tu as d'autres choses à lire. » « Mais le pitch me plaît bien ! »

Bon, ok, vous avez compris. C'est toujours un peu compliqué pour moi de m'attaquer à un Philip K. Dick. L'auteur n'a souvent que faire de structure et de rationalité, secouant les idées comme des jetons de loto dans leur sac, retournant la réalité comme un gant. Pourtant j'aime bien tenter le coup de temps en temps, accepter le « petit frisson de danger » (toute proportions gardées). La quatrième de couverture finit alors par me convaincre.

Cette fois je m'en sors bien. Peut-être parce que Les chaines de l'avenir est un roman de début de carrière et que l'auteur n'a pas encore vu sa personnalité et son expérience personnelle influer son style. Je ne sais pas. Bref le roman est bien structuré. Les idées sont organisées. Cause et conséquence sont dans le bon ordre. Lol, je me dis qu'en parlant en technocrate je vais en fait vous faire fuir.
Idées organisées et cependant foisonnantes. Arriver à faire tenir tout ça dans un roman d'un peu plus de 200 pages force l'admiration. Chacune d'elle aurait mérité un roman, et d'autres auteurs se sont en effet focalisés sur l'une ou l'autre et les ont développées. Forcément, Dick n'a pas la place pour approfondir mais il utilise les thèmes à bon escient pour concevoir une bonne histoire dans un monde dystopique.

Que faire quand on est capable de voir l'avenir avec un an d'avance, mais qu'il semble impossible d'influer son chemin ? C'est peut-être l'idée phare développée ici. J'ai tout de suite pensé à l'Homme stochastique de Robert Silverberg. Avoir conscience de l'inéluctabilité a de quoi abîmer n'importe quel psychisme. le pauvre Jones – oui je ne peux pas m'empêcher de le plaindre – vit ce que j'appelle un enfer. Tente-t-il pour autant d'agir différemment de ce qu'il a vu ? Quand le moment arrive un an après, s'en souvient-il suffisamment bien ? Dick développe l'effet dévastateur de ce don sur Jones. Il l'extrapole à un point qui m'a surpris et impressionné.
Comment conquérir les autres planètes ? En les terraformant ou en essayant de s'adapter à elles ? Un autre thème d'importance ici, qui nous offre quelques scènes délicieuses dont un épatant effet de miroir entre le premier et le dernier chapitre.
Et quelle est la nature de ces étranges extraterrestres monocellulaires qui sont apparus dans le système solaire ? Comment l'humanité va-t-elle réagir à leur présence ? Avec curiosité ou brutalement en cherchant immédiatement à détruire l'étranger ? La vision déformée de l'alien différent m'a rappelé La stratégie Ender d'Orson Scott Card. La solution est là aussi surprenante.

Et il y a d'autres idées encore. L'importance pour un gouvernement d'offrir des rêves au peuple, des perspectives d'avenir. La possibilité pour un gouvernement qui fait de la tolérance son cheval de bataille de dériver vers un autoritarisme plombant. L'utilisation d'un décor post-guerre nucléaire. L'effet détaillé des événements mondiaux sur les relations d'un couple.
N'en jetez plus ! Tout cela est très bien mis en musique. Toutes les questions ne sont pas résolues à la fin et j'en ai éprouvé un peu de frustration, et un peu de plaisir à laisser dériver mon imagination.

Bref ce fut une bonne pioche parcourue avec Foxfire et Tatooa dans le cadre d'une LC express. Je les remercie de m'avoir accompagné. Ça faisait longtemps.
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