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Critique de MarcelP


Première incursion en terres diderotiennes...

Le Roi du Congo Mangogul reçoit des mains du génie Cucufa un anneau dont le pouvoir est double : celui qui le porte peut se transporter à volonté là où il le désire et si, mis en présence d'une femme, il en tourne le chaton d'une certaine manière, celle-ci voit son sexe (son bijou, d'où le titre) se mettre à parler et à se confesser. du coup, Mangogul décide de distraire sa favorite Mirzoza des révélations recueillies auprès de tout ce qui porte jupon dans son royaume.

"Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît." (Les Tontons flingueurs, Michel Audiard)

Dans ce mille-feuille littéraire, on découvrira entre les couches de pâte feuilletée craquante (un style direct et une écriture sobre avec de nombreux clins d'yeux directement adressés au lecteur) trois couches de crème pâtissière plus ou moins légère : libertine, philosophique et allégorique.

Le récit licencieux est amusant qui libère une parole d'habitude lésée par la bienséance et l'hypocrisie des moeurs. Diderot, s'il se montre contempteur de ces vertus publiques qui cachent tant de vices privés (les liaisons secrètes font florès dans le roman), défend les femmes de son siècle que les hommes asservissent, enferment dans des couvents ou des mariages, achètent ou bradent sur le marché de l'amour... le con comme outil de vengeance et la liberté par le sexe !

Diderot, à l'instar de ses collègues libertins, ne nous évite ni les amours saphiques, ni les relations bestiales (la distinguée Haria et ses petits toutous), ni le dévergondage des nonnes : si le sujet de départ est original son traitement ne l'est pas toujours. S'il se fait pornographe, il se sert pour cela d'un bijou polyglotte, travestissant une crudité de bon aloi sous la défroque de langues étrangères : un peu faux-jeton tout de même !

Le philosophe, lorsqu'il prend la parole, est piquant : Diderot fustige les religieux, les hommes de pouvoir, les arrivistes et les savants se noyant dans leurs paradoxes. Ce qu'il en dit résonne curieusement aujourd'hui et s'applique à nos mentalités.

L'allégorie est plus indigeste : bien entendu, grâce à un copieux corpus de notices, le lecteur a accès aux critiques déguisées contre la monarchie, les querelles d'artistes ou les controverses savantes mais que cela alourdit le récit (déjà bien long) ! Les historiens en feront leurs choux gras mais pas le lecteur lambda.

Entre sourires et agacements, les Bijoux de Diderot sont cependant divertissants.
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