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Critique de micky05


Dans cet Essai, que Diderot fit paraître dans « La correspondance » en 1772, l'auteur se présente comme un critique littéraire qui donnerait son point de vue au sujet d'un livre appelé « Essai sur les femmes » d'un académicien du nom de A.-L. Thomas. Mais si on comprend vite qu'il ne partage pas le point de vue de cet auteur, nous comprendrons rapidement ce n'est qu'un prétexte pour exposer ses réflexions au sujet des femmes. Elles en montrent moins que nous, explique-t-il, mais sous leur apparence de fragilité, elles ne sont pas plus honnêtes que nous ; c'est sans doute à ses yeux une manière d'en remontrer.
L'encyclopédiste se sent encore une fois à travers ce texte, et c'est un véritable article, un traité sur la femme qu'il va nous livrer. Il fait allusion à de nombreuses références historiques, artistiques et littéraires, mais également il y adjoint des considérations personnelles. Tel un entomologiste, il va observer la femme et nous la décrire jusque dans son intimité. Il y passera en revue tous les aspects moraux, poétiques mais aussi anatomiques et physiologiques d'un sexe qu'ils ne considèrent visiblement pas comme faible.
L'encyclopédiste est à ce moment un homme amoureux, à cette date il l'était toujours de Madame de Meaux. Pourtant il nous étonne par la rigueur qu'il déploie dans cet exercice. Étonnant début où le voilà trouvant que Monsieur Thomas a écrit un livre asexué, hermaphrodite. Sous cette apparente impertinence, il lui reproche et c'est pour mieux se livrer, d'avoir une « tête tourmentée mais un coeur tranquille ». En disant qu'il aurait écrit avec moins d'impartialité et de sagesse il avoue qu'il se serait occupé du sujet « avec plus d'intérêt et de chaleur ». Et le sujet féminin est visiblement pour Diderot « le seul être de la nature qui nous rende sentiment pour sentiment, et qui soit heureux du bonheur qu'il nous fait.
Avec le recul d'un quart de millénaire, Diderot nous rassure. Les femmes de son époque connaissaient l'orgasme, enfin peut-être pas toutes… Étrange comparaison qu'il fait entre les frémissements du plaisir et l'épilepsie. Mais déjà on perçoit cette idée qui fera florès plus tard, que l'hystérie (utérus) est due à une remontée des organes féminins dans le cerveau. Que de mots d'admiration de va-t-il pas utiliser pour parler du deuxième sexe ! Combien il plaindra ceux qui n'aiment pas ou qui ne savent pas aimer. Que de tournure ne trouvera-t-il pas à donner à ces phrases pour évoquer la beauté du sentiment amoureux. Mais le voilà aussi qui vénère la femme en tant que mère, qui la plaint des souffrances qu'elle endure, qui l'admire dans son rôle de mère et qui la défend quand, commençant à se faner elle est abandonnée de son mari et de la société. S'il eut été législateur, il les aurait mieux défendues.
Et, fin politique, il différencie la femme des villes et la femme des champs, qui dit-il est encore plus malheureuse. Mais il ne reste pas cloîtré dans l'exemple de la seule France. C'est l'époque où l'on parle beaucoup des « Indes », ou l'exotisme est à la mode ; et il va chercher ses exemples chez les femmes Samoyèdes ou de l'Orénoque. Pour finir, c'est un féministe convaincu qui parle. On croirait entendre Aragon nous envoyant que : La femme est l'avenir de l'homme. Quelle belle conclusion que celle qui dit « Quand elles ont du génie, je leur en crois l'empreinte plus originale qu'en nous. »
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