Les loups de Sherwood

Il y a un mot pour une vie sans douleur : la mort.

Robin tente d'échapper à l'étreinte des soldats qui le poussent à travers la place Saint-Pierre vers les geôles de la Grosse Tour. Il enrage de voir ses convictions s'étioler et, dans le violent effort qu'il fournit pour y croire encore, il devient de plus en plus irritable. Il est en colère, contre son orgueil, sa loyauté naïve au nom de laquelle il a mené son ami d'enfance aux portes de la mort . Il s'était pourtant fait la promesse , le soir où son père l'avait battu, de ne se fier qu'à lui-même, de ne plus laisser personne décider à sa place. Il a trahi son propre serment. Loyauté et aveuglement sont parfois synonymes. La première n'est sincère que lorsqu'elle célèbre noter instinct contre le sens arbitraire du devoir, lorsque nous agissons sans maître, en loup solitaire.

Une femme pleine de courage vaut sûrement mieux au combat qu'un homme fort et mesuré.

La ville attend le siège. Partout, une odeur blanche plane dans les venelles. C'est une odeur morte, où tout manque. Les derniers effluves de pain ont disparu sous la cendre âcre des foyers éteints à la hâte. Les écuries, les tanneries, les teintureries ont l'odeur des fantômes. La ville se recroqueville.

Robin remercie le soldat d'un mouvement de tête.
Il est saisit de remords. Ils n'ont pas les mêmes convictions, mais cet homme a bon cœur. Il imagine la valeur que cette petite bourse représente. Il a fait preuve d'arrogance lorsque, en arrivant dans le camp, il les méjugeait tous.

Elle se sent sale. Il faut qu’elle se baigne. C’est un besoin vital, subitement plus pressant que la piste d’Edwinstowe. Elle enlève son manteau et son bliaud mais n’ose pas ôter sa chemise, alors elle plonge avec dans la rivière. Elle se frotte avec vigueur pour se débarrasser du sentiment de culpabilité qui lui tord le ventre. Lentement, la caresse du courant la régénère. Immergée jusqu’au cou, elle se laisse porter. Elle sent sa peau soyeuse, son corps léger, et reprend confiance.

C’est une guerre, cette vie-là. Une guerre plus venimeuse qu’ celles des champs d’ bataille. En face, c’est plus des soldats qu’ tu peux taire d’une flèche. C’est le vent qui couche les flammes, c’est les arbres qui cachent les lièvres, c’est la faim qui tord les boyaux, les blessures qui deviennent vivantes. Et l’hiver. L’hiver, c’est le pire. Il tourne les plus fidèles en mortels ennemis.

Il paraît si loin, ce baiser ! C’était effrayant, cette fièvre qui l’a saisie quand, ses lèvres contre les siennes, elle a senti la main d’Adam lui effleurer la joue. Que se serait-il passé s’il l’avait prise par la taille ? Si elle avait posé sa paume sur le bois vivant de son torse ? Elle tombe dans le foin avec lui alors qu’il embrasse son cou.
La fièvre est là, de nouveau.
Cette fois, elle ne l’a pas sentie venir. Elle s’est approchée sans bruit, dans l’ombre du souvenir, et la voilà sur elle entière et brûlante. Elle entraîne ses mains jusque dans ses cuisses. Et à l’instant où ses doigts complètent le cercle du désir, Beth gémit dans son rêve.

On ne distingue plus les brigands des valets qui profitent de la panique pour piller leurs gages.

La loi est écrite par des cupides et des ambitieux. Elle devrait être pensée pour protéger le peuple. Mais elle asservit ceux qui créent la richesse et préserve ceux qui la pillent. Alors, si protéger le peuple, c’est être un traître, je m’en réjouis, si donner cette richesse à ceux qui la méritent, c’est être un hors-la-loi, cela m’honore.