Cher Paulin, fit elle en changeant de ton, je me suis consacrée à son éducation en pensant qu'une fille sachant lire et écrire était moins facile à opprimer qu'une autre; (p.8)
En lisant l'article, je compris que son "Eclectique" était en quelque sorte son autoportrait
[ Diderot]. Je m'appliquai à le résumer afin d'essayer de l'impressionner par la finesse de mon analyse.
(...)
-L'éclectique regarde avec attention tout ce qui l'entoure, s'intéresse à la politique, aux sciences de la nature, à l'économie, à l'art. Il n'est pas sectaire. Il ne se reconnaît pas de maître. Aucune discipline ne lui est étrangère. Il les accueille toutes avec bienveillance, les discute en fonction de son expérience et de sa raison. Il ne garde pas son savoir pour lui comme Harpagon sa cassette d'or. (p.101)
[Diderot]
-Ce sont des grands mots pour des choses simples. Je crois qu'il y a une certaine correspondance entre ce que nous sommes et notre écriture. (p.39)
[Diderot]
-Quand je n'ai plus le feu sacré, il suffit que je m'oriente du côté des livres pour me dire : "Voilà ceux qui ne me causeront jamais de chagrin" (p.217)
Surmontant sa rage, mon maître accepta ces sages recommandations. Il se calma en pensant qu'il avait rempli son contrat auprès des souscripteurs et des imprimeurs. Son oeuvre était là, imparfaite certes, mais signée de son nom. Il espérait qu'elle engendrerait à son tour des pensées nouvelles. La postérité se souviendrait alors de ses combats. Il lui était important de laisser sa trace dans l'histoire.
-Il faut rester vigilant, conclut-il. Si on laisse survivre la médiocrité humaine, un jour il n'y aura plus de pensée...
Quand Diderot demanda des comptes à Le Breton, celui-ci se justifia ainsi:
-Pardonnez-moi, mon ami, mais il y a des choses que l'on ne peut pas laisser passer sans semer la révolution . ( p.220)
[A propos de l'Encyclopédie....]
-Personne n'a jamais exécuté un ouvrage de cette importance. Moi, j'ai écrit dans l'Avertissement qu'il devait servir de guide à ceux qui se sentaient le courage de travailler à l'instruction des autres et à éclairer ceux qui ne s'instruisaient que par eux-mêmes. Quand le premier tome est paru, en juillet 1751, on aurait dit qu'on avait jeté une boule de feu dans un champ de paille ! Notre manifeste se donnait pour ambition de changer la façon commune de penser en libérant les hommes des ténèbres de l'ignorance et du fanatisme. D'après nous, seule la Raison doit éclairer les esprits. L'homme est né pour penser par lui-même. mais cette idée ne plaît pas à tout le monde. Il faudra du temps pour l'imposer. (p.17)
L'encyclopédiste (Diderot) redevint plus sérieux.
-Le plus grand bien que l'on puisse faire aux filles est d'étendre leurs connaissances, les aider à développer leurs dons et les conduire au bonheur. Voilà le genre de message qui devrait être inscrit au fronton des académies. (p.63)
L'art de la plume n'est pas réservé aux hommes, reprit-elle pour m'encourager. Écrire n'a rien de honteux. Ce qui est honteux, c'est de laisser les filles dans l'ignorance. Il n'est pas inscrit sur les tables de la loi que nous devons rester à la place qu'ils nous assignent et leur être soumises. Nous devons suivre nos désirs sans être paralysées par le jugement des autres. (p198)
Quand je n'ai plus le feu sacré, il suffit que je m'oriente du côté des livres pour me dire : "Voilà ceux qui ne me causeront jamais de chagrin."
De plus en plus attaché à sa fille, Diderot désirait qu'elle reçoive une éducation digne de la pensée des Lumières, c'est-à-dire débarassée de préjugés religieux. (p.155)