AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Désorientale (298)

L'ranien n'aime ni la solitude bruit que la voix humaine, même le vacarme embouteillage, étant considéré comme silence, Si Robinson Crusoe était iranien, il se laisserait mourir dès son arrivée sur l'île et l'affaire serait réglée. Cette tendance à bavarder sans fin, à lancer des phrases comme des lassos dans I'air à la rencontre de l'autre, à raconter des histoires qui telles des matriochkas ouvrent sur d'autres histoires, est sans doute une façon de s'accommoder d'un destin qui n'a connu qu'invasions et totalitarisme. Comme Shehérazade usant de la parole pour venir à bout de la vengeance sanguinaire du Roi Shahryar envers les femmes du royaume, l'Iranien se sent enfermé dans le dilemme existentiel et quotidien de «parle ou meurs». Raconter, conter, fabuler, mentir dans une société où tout est embûche et corruption, où le simple fait de sortir acheter une plaquette de beurre peut virer au cauchemar, c'est rester vivant. C'est déjouer la peur, prendre la consolation où elle se trouve, dans la rencontre, la reconnaissance, dans le frottement de son existence contre celle de l'autre. C'est aussi l'amadouer, le désarmer, I'empêcher de nuire. Tandis que le silence, eh bien, c'est fermer les yeux, se coucher dans sa tombe et baisser le couvercle.
Commenter  J’apprécie          110
Là, sur la terre prospère de Mazandaran bordée par un lac immense trait d'union entre deux pays, aujourd'hui en charpie mais autrefois Empires. Un lac issu d'un très ancien ocean, l'océan Paratéthys, si grand qu'on l'appelle mer La Caspienne. Poissonneuse, complexe, dont le bleu s'était glissé dans le regard d'une génération, puis s'était distillé dans la suivante (tiens, un joli prénom pour une fille, Caspienne...).
Avec le temps et la distance, ce n'est plus leur monde qui coule en moi, ni leur langue, leurs traditions, leurs croyances, leurs peurs, mais leurs histoires.
Commenter  J’apprécie          10
À plusieurs reprises, je l'ai entendu dire que la religion, comme la tyrannie, asséchait la capacité d'analyse dans le but d'imposer un unique sentiment: la peur. «La peur est leur seule arme et la révolution consiste à la retourner contre eux », insistait-il avec conviction.
Commenter  J’apprécie          20
Au fur et à mesure, la chair des événements se décompose et ne demeure que le squelette des impres sions autour duquel broder. Viendra sans doute un jour où même les impressions ne seront plus qu'un souvenir. Il ne restera alors plus rien à raconter.
Commenter  J’apprécie          10
Je suis persuadée que mes fesses plates et mes hanches étroites sont déjà un bon début, la suite, les muscles fins et longs, les épaules droites, les cuisses dessinées, dépend de ma persévérance. Désormais, je pense mon corps comme un seul pays, ma seule terre, et j'en dessine les contours comme je l'entends.
Commenter  J’apprécie          20
Rien ne ressemble plus à l'exil que la naissance. S'arracher par instinct de survie ou par nécessité, avec violence et espoir, à sa demeure première, à sa coque protectrice, pour être propulsé dans un monde inconnu où il faut s'accommoder sans cesse des regards curieux.
Commenter  J’apprécie          00
Je pars du principe que l'être humain est ainsi fait, qu'il n'a jamais assez de rien. Pas même de parents.
Commenter  J’apprécie          00
Le déracinement a fait de nous non seulement des étrangers chez les autres, mais des étrangers les uns pour les autres. On croit communément que les grandes douleurs resserrent les liens. Ce n'est pas vrai de l'exil. La survie est une affaire personnelle
Commenter  J’apprécie          00
Tandis que tout en bas à l’orient rétrécit, devient anecdotique, puis disparaît, assise près du hublot Kimiâ Sadr, telle que vous l’avez connue, subit le même sort. Bientôt, je vais naître pour la seconde fois. Habituée à venir au monde dans le sang et la confusion, à réveiller la Mort et la convoquer à la fête, cette renaissance de la traversée du territoire indompté et violent du Kurdistan à la chambre d’hôtel de Karakoy – est indéniablement digne de la première. Bientôt, mon prénom ne sera plus prononcée de la même manière le « â » final de viendra « a » dans les bouches occidentales, se fermant pour toujours. Bientôt je serai une « désorientale ».
Commenter  J’apprécie          00
Les filles étaient élevés pour être le ciment de la famille, la colle qui maintient ensemble des générations, les maisons et les traditions. Elles étaient façonnées pour rester auprès des parents vieillissants et s’accommoder de la vie comme d’un pont à traverser. La preuve en est que, cet été là, aucun des cousins adolescents n’étaient présents. Ils avaient tous été envoyés en « Amerika », loin des manifestations et des arrestations, poursuivent leurs études et se tailler un destin. L’un après l’autre, ils avaient laissé leurs sœurs derrière eux et avaient disparu de nos vies pour ne plus jamais réapparaître. Eux non plus n’ont pas eu le choix, mais au moins ils ont pu avoir des aventures et épouser qui ils voulaient.
Commenter  J’apprécie          00







    Lecteurs (2472) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3228 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}