Donya, jeune fille iranienne, n'a qu'un désir, celui de fuir le régie des mollahs, qui lui imposent le port du foulard, qui persécute tous ceux qui tentent de prendre quelques libertés avec leurs lois, avec leurs interdits. Une jeune fille de plus en plus rebelle au fil des pages, qui sera torturée à 12 ans, violée à vingt ans...
Elle brave les interdits en passant des nuits avec Armand, son ami. Femme, elle n'a pas le droit d'être avec un homme avec lequel elle n'est pas mariée...La seule solution qui s'offre à elle, c'est de quitter l'Iran, de se marier avec un étranger, qu'elle n'aimerait pas, et d'obtenir un visa. Oui, mais Donya est foncièrement honnête avec les autres...Elle n'a jamais accepté l'hypocrisie et le mensonge du régime, tous les mensonges, toutes les hypocrisies, la turpitude.
Une autre femme, mal dans sa peau, va chez un psy, après une tentative de suicide et une hospitalisation en psychiatrie. Une jeune femme qui ne sait plus trop qui elle est. Elle est la file d'un père qui ne l'a jamais aimé, il avait quarante femmes, il a été lui aussi persécuté par le régime...Elle vit de petits boulots au noir à Paris.
Nous suivrons ces deux femmes tout au cours du livre, grâce à une alternance de chapitres, passant ainsi du divan du psy, de ses "oui..je vous écoute..." laconiques à Bandar Abbas, ville iranienne où vit Donya, à ses trafics, ses mollahs ou à Téhéran, des interdits religieux et de la torture, des viols et de la prostitution aux blocages et au silences chez le psy.
Deux femmes ou une seule ? Quand on d'abord lu "
Comment peut-on être français", il n'y a plus de mystère
Chahdortt Djavann dénonce ce régime des ayatollahs, son hypocrisie, sa violence, et le mensonge de la psychanalyse et des psychanalystes, faisant payer très cher leurs "Oui, je vous écoute..." leurs "Pouvez-vous préciser..", leurs silences, l'hypocrisie de certains aussi, leur écoute distraite, leur appât du gain. Une certaine forme de dérision qui indignera le lecteur et qui le poussera presque à sourire...jaune des situations.
Certains dans le monde soignent leur détresse en se battant au péril de leur vie et de leur liberté. l'Occident soigne ses détresses sur les divans de (presque) charlatans.
Ce roman (ou cette autobiographie partielle? ) se lit avec plaisir et rapidement malgré son nombre de pages. On ne peut qu'être admiratif devant la force de caractère de cette jeune fille débarquant à Paris, vivant de petits boulots, qui apprend le français dans le dictionnaire et le Lagarde et Michard.
Chahdortt Djavann, jamais mièvre dans ses écrits, est une battante qui force l'admiration du lecteur
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