Alors voilà,il laissait enfin s'exprimer la colère qui stagnait en lui.Une colère froide,argumentée,précise,qui avait jailli d'un coup.Mais au fur et à mesure qu'il déroulait ses souvenirs rageurs comme du papier toilette,il s'apercevait qu'ils étaient encore plus lamentables et tristes que lorsqu'il les gardait serrés en silence.
Mais,avec les livres sur le massacre des Indiens qu'elle lui avait offerts ensuite,Justine avait compris que ce n'était pas pareil dans la vraie vie.Les bons perdaient toujours,sauf s'ils étaient plus forts que les méchants.
En fait,un bon qui n'est pas assez méchant,face à un vrai méchant,ce n'est plus un bon:c'est un mauvais.
Ce n'était pas une absence pesante,sa mère.Elle n'avait laissé que de vagues souvenirs,presque toujours horizontaux:à l'hôpital,allongée sur le canapé du salon,couchée dans sa chambre.