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Critique de Annezzo


Réputé illisible, Dos Passos, parce qu'il envoie des morceaux d'histoires en une sorte de présent continu, s'arrêtant ici pour reprendre plus tard, y mêlant des courtes histoires, puis des extraits de vie, avant de reprendre le quotidien de ses héros qui ne font rien d'exceptionnel à par… vivre leur vie. J'ai un peu tâté son bouquin dans l'ordre des pages, puis j'ai fait mon choix : envie de connaître l'histoire de Max/Fainy d'une lecture suivie, puis celle de Ward Moorehouse (Ward comme un des héros de Ellroy), puis celle de Janey ou Eleanor. Oui ils se croisent, évoluent, font leur vie, le Mexique vient à leur rencontre, des couples se forment et se défont…
et du coup, en faisant comme ça, ça m'a bien plu. Ce système de longues nouvelles qui se croisent, c'est assez riche. Ensuite, à l'occasion, une courte nouvelle, la destinée des grands gagnants du début XXè, cette curieuse musique en contine pour célébrer leur accession au succès… avant de disparaître, à croire que souvent, la vie se finit quand on meurt, si, je te jure… Et parfois, comme on rajoute du sel ou des épices, ces flashes d'info pour rajouter du goût. Pas compris les mystères de la Chambre Noire, mais why not. En gros, cet écrivain a inventé le zapping !
Dos Passos est fils d'un riche portugais, c'est plutôt rare comme filiation aux Etats-Unis. Après de bonnes études, il s'est baladé, dans son pays puis en Europe, l'esprit curieux, la flamme de plus en plus gauchiste. Il a ainsi pris du recul sur son Amérique natale avec ses fables libérales, son foutoir/fourre-tout social, on n'est pas si loin de Gatsby ou d'autres héros de Scott Fitzgerald, le romantisme en moins. Mais j'ai plutôt suivi les aventures picaresques de ses héros comme celles du petit Augie March de Saul Bellow : ballotés par la vie, se débrouillant, avec des hauts et des bas… oui il y a une part de social, mais je leur laisse, je garde le suivi zigzaguant d'une péripétie à l'autre, les drôles de rencontres… Comme chez Saul Bellow il n'y a pas d'intenses méchants, de vrais pourris, il y a, en gros, des gens qui font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont, et ça,
ça me plait bien.
Un reportage, en quelque sorte, sur ce coin d'Amérique en début de siècle, traversant la première guerre mondiale au loin, et les révolutions mexicaines de franchement plus près. Et tout ça, ça fait… d'excellents Ricains… d'excellents soldats… qui marchent au pas - ou pas. Et tout foutraque, piégeux, fougueux, injuste, naïf qu'il est, ce pays, par sa plume notamment, décidément, je l'aime bien, avec ses vrais morceaux de gens dedans.
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