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4,09

sur 198 notes
Glorieuse jeunesse!
Mais que de travers…

John Dos Passos était le fils illégitime d'un avocat d'affaires, très lié aux trusts américains de la fin du XIXème siècle, et d'une dame de bonne famille, dans cette Virginie qui avait été si Sudiste lors de la Guerre de Sécession. Enfant, il voyage en Europe avec sa mère, qui épouse le père de John après son veuvage. Même si celui-ci tarde à reconnaître son fils… Adolescent, John étudie à Harvard - où l'on le trouve “ d'apparence si peu américaine”- puis s'engage, comme Hemingway, en tant qu'ambulancier dans les armées alliées en Italie, et commence à écrire. Ses sympathies de gauche s'amenuisent au fur et à mesure que l'expérience soviétique vire au stalinisme, et John finira homme de droite modéré, allant même jusqu'à soutenir Nixon à la fin de sa vie. Ce “42ème parallèle “, écrit en 1930, appartient à une période où il entame ce long virage.

Le roman se compose d'un corps principal, constitué de (petits) chapitres décrivant la vie d'une demie douzaine de personnages principaux, séparés par des vignettes anecdotiques donnant un autre regard sur les événements contemporains, elles-mêmes interrompues par des manchettes de journaux (“Le Titanic coule !”). Procédé audacieux pour l'époque ! le langage employé est simple, fluide, conversationnel.

On peut lire ce roman comme une série de récits biographiques, ou comme une dénonciation des vices du capitalisme outrancier, mais j'y ai plutôt vu une saga, celle de l'éclosion de la puissance américaine en ce début du vingtième siècle. Une nation, nouvelle, découvre sa puissance agricole et industrielle, reconnaît le caractère paradoxal d'une puissance fondée sur la coexistence de la richesse et de la misère, mais est emportée par sa fougue, sa jeunesse, son élan. Nous assistons aux débuts d'une percée vers le futur, qui fera une embardée lors des années trente, mais qui se ressaisira pour faire naître une superpuissance, avant d'être minée par les inégalités, les dissensions et, finalement, la surextension impériale et la bêtise .

Une lecture intéressante à notre époque, où la puissance américaine est sur le déclin et où d'autres nations se disputent l'espace qui se libère.


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Voilà un livre qui trainait dans ma bibliothèque depuis plusieurs dizaines d'années et qui avait résisté à mes nombreuses tentatives de lecture. Mais voilà j'y suis arrivée, au prix d'un acharnement qui est l'apanage de l'âge 😉 et dont je suis très fière.

Pourquoi tant de résistance ? Plusieurs raisons. D'abord l'histoire en elle-même : il s'agit plus d'un témoignage journalistique que d'une histoire purement inventée et romancée. le texte est très factuel. Dos Passos nous décrit plusieurs destins de façon séquentielle, ce qui nécessite une certaine dose de concentration pour s'y retrouver, d'autant plus que ces destins convergent dans une sorte d'apothéose. Car oui, contrairement aux parallèles, et la 42ème n'échappe pas à la règle, les destins convergent … enfin dans les romans.

Il y a aussi la forme du livre : la narration principale est entrecoupée de coupures de journaux, qui reprennent aussi bien des faits divers que des actualités politiques et internationales majeures, et de portraits de quidam et de célébrités. La forme de ce roman est donc tout à fait originale et précurseur.

Dos Passos nous plonge dans l'Amérique du début du XXème siècle et dresse un portrait sans concession de son pays et de ses compatriotes. Bien sûr, on retrouve un pays raciste mais aussi progressiste. Ainsi la réflexion d'une des héroïnes : « je suis contre la peine capitale comme toutes les femmes à l'esprit équilibrée. La pensée qu'une femme puisse assister à une pendaison me fait horreur. C'est une chose terrible pour l'Etat que de commettre un meurtre ». Dos Passos fait d'ailleurs la part belle à ces femmes du début du XXème siècle qui se libèrent peu à peu du carcan patriarcal.

J'ai découvert une Amérique où les pauvres rêvaient d'une révolution socialiste, où les escrocs faisaient gonfler des bulles spéculatives sur l'immobilier, où la grogne des ouvriers et des syndicats était manipulée par des lobbyistes et sapée par d'habiles campagnes de communication …. Eh oui, notre époque n'a rien inventé !
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Décidément, la littérature américaine, même la plus vantée, n'est pas ma tasse de thé. Sauf de rares exceptions, je n'arrive pas à entrer dans l'univers proposé et c'est indubitablement le cas avec John Dos Passos et le premier tome de sa trilogie, qui se veut une formidable fresque débutant dans la période précédant la seconde guerre mondiale. Mais, justement, à mes yeux, l'auteur a voulu en faire trop.

Trois types de récits se mêlent. D'abord, les présentations, de manière successive, de différents personnages qui seront, annonce l'introduction, réutilisés dans les deux autres tomes. Tous sont issus de basses classes sociales et ont en commun de peiner à s'en sortir dans ce monde capitaliste. Puis, il y a des titres d'actualités qui s'enchaînent sans ponctuation et s'entremêlent. Et enfin de courtes pages intitulées "chambre noire", qui contiennent ce que j'ai compris être des extraits d'histoires singulières tout à fait autres par rapport à l'histoire des protagonistes qui nous sont présentés.

Le seul intérêt que j'ai trouvé à lire ce livre est la comparaison que le lecteur opère inévitablement entre cette période de libéralisme à tout crin, qui oeuvrait aux dépens des travailleurs et des minorités ethniques et l'ultra libéralisme actuel. Certaines phrases sonnent et résonnent de manière très actuelle.

Toutefois, cela ne me suffit pas et je ne me plongerai pas dans les suites de cette oeuvre. Dommage.
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Un vaste roman ou l'auteur façonne aussi bien plusieurs unvivers qui évoluent en parallèle et nous émeuvent par leur nature très concise et très dense à la fois. Des les premières pages, on sent qu'il va falloir s'accrocher au style qui se déploie, comme dans une espèce de rage, avec 42e parallèle.. A travers la vie quotidienne, jonchée de combat, et de lutte pour la survie et la réussite de six personnages, John Dos Passos dresse le portrait d'une Amérique du début du XXe siècle où le rude combat entre le capitalisme et le socialisme se déporte sur une farouche lutte des classes....
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Prenez Zola et dégraissez-le : ôtez toutes les pages de descriptions qui peuvent s'avérer pénibles. Ajoutez-y une grosse louche de Steinbeck. Touillez avec une grosse cuillère socialiste (au sens que ça avait avant la révolution russe). Secouez vivement dans un shaker antimilitariste et n'oubliez surtout pas de recouvrir de grosses tranches d'anticapitalisme (néanmoins taillées dans la finesse). Un saupoudrage anarchisant par dessus tout ça, et on commence à s'approcher du contenu de 42e parallèle.
J'ai un peu honte de ne découvrir que maintenant ce classique de la littérature américaine paru en 1930 (aux États-Unis, car pour la traduction française, il a fallu attendre le début des années 50), mais mieux vaut tard que jamais et je ne regrette pas le voyage. Dos Passos ne se contente pas de nous décrire la vie des ouvriers, des vagabonds et des parvenus américains de 1900 à l'entrée en guerre des États-Unis en 1917, il aborde aussi la question de la place des femmes, de l'absence de droits des noirs, de la propagande pro-guerre, des bénéfices qu'en tirent (entre autres) les grandes banques, de la corruption politique et de la montée en puissance du libéralisme économique. Il y a des lectures plaisantes, des lectures de détente, des lectures intelligentes, mais 42e parallèle devrait être une lecture obligatoire. On y trouve tous les germes du monde dans lequel on se trouve actuellement.
C'est le premier volume d'une trilogie, et je vais de ce pas me précipiter sur les deux ouvrages qui lui font suite.
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Quel livre!!! Quel auteur!! et surtout quel pays!!!. Dos Passos est le premier auteur américain que j'ai lu, et sans savoir pourquoi, j'ai tout de suite senti qu'il y avait quelque chose de particulier dans son écriture (et comment, vous me direz émoticône smile ): du génie, tout simplement, et surtout, de la maîtrise. Car comment arriver à embrasser cette immensité qu'est l'Amérique? je dirais même plus: cette immensité qu'est l'Amérique du début du 20ème siècle? Dans 42ème parallèle, ce n'est pas un ou deux personnages que l'on suit, ce ne sont pas que des anonymes, ou des personnages fictifs, ce n'est pas une vie, ce n'est pas une bourgade, une ville ou un Etat, mais toute l'Amérique et tous les américains. Et surtout ce n'est pas un style d'écriture, mais des styles, car il en faut pour pouvoir rendre justice à ce qu'a été ( et l'est encore peut être) une formidable machine de survie , de conquête, et de réussite. Et justement, tout au long de la lecture, je n'ai cessé de me demander ce qui fascinait tant chez les USA? ce n'est pas le seul pays a avoir eu une histoire mouvementé? des hommes et des femmes brillants? des tragédies et l'énergie pour s'en sortir? Et pourtant, qu'on le veuille ou non, nos regards sont -soit franchement, soit du coin de l'oeil- toujours tournés vers cet immense pays, à l'affût. Et la seule réponse que j'ai eue pour le moment, c'est que tout est une question de représentation, littéraire dans le cas présent. Et tout le talent de Dos Passos s'exprime dans le fait qu'il nous livre son pays tel qu'il est, sans chichi ni jérémiades, sans admiration ou exclamation, juste honnêtement, et c'est alors qu'à la fin de la lecture, il reste une impression de tristesse, devant ses destins, qui , tout en étant individuels -fruits de simples instincts de survie, et de lutte acharnée pour s'en sortir et améliorer son sort, tout en bradant d'un côté ses idéaux, ou au contraire de s'en servir comme énergie motrice - ont en quelque sorte, façonné le monde entier.
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premier tome: je n'ai pas l'idiote prétention de donner une critique sur cette oeuvre fameuse, que je viens de lire avec le plus grand plaisir, en attendant de lire le deuxième tome.
Donc je vais simplement recopier sur une édition paru en 1958, la quatrième de couverture :"Cette oeuvre immense qui domine la production littéraire de sa décade"(parue en 1930,) écrit le critique américain John Brown. John Dos Passos,dans le 42ème parallèle, invente un genre romanesque nouveau. Prodigieux tableaux des débuts du XXème siècle aux U.S.A., il fait vivre des personnages de toutes les classes sociales, introduit des actualités, des portraits au vitriol des célébrités du jour, des collages, des textes lyriques.
Ainsi surgit la "comédie inhumaine" d'un monde collectif, où les tragédies individuelles se fondent dans le désespoir d'une époque, d'une société.
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Le 42e parallèle est le premier tome de la trilogie U.S.A., une grande fresque du début du XXe siècle. le coeur du roman trace le destin de quelques individus, des hommes et des femmes, qui incarnent des archétypes d'une nation forgée par le capitalisme et le rêve américain. Certains embrassent ces valeurs, d'autres les combattent. Leurs chemins se croisent.

Résolument politique, cette oeuvre a également laissé sa marque littéraire par une expérimentation à travers quatre modes de narration. le discours indirect libre, assez classique, est utilisé pour raconter la vie des principaux personnages. Des sections intitulées « L'oeil-caméra » qui prennent la forme d'un courant de conscience, d'autres, appelées « Actualités », qui mettent bout à bout des fragments extraits de journaux, ainsi que des mini-biographies de figures de l'époque parsèment le roman.

Il s'agit d'un ouvrage très riche, certainement passionnant à étudier, mais mon plaisir de lecture en a pâti. J'ai apprécié la trame principale, l'histoire de certains personnages m'a captivée plus que d'autres, mais les passages plus expérimentaux sont restés hermétiques. Je suis contente d'avoir lu ce premier volet d'un monument de la littérature américaine, mais lire la suite ne fait pas partie de mes plans.
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une Amérique qui nous inquiète par ses remous et l'export de ses modes...
Un roman qui a dû faire date à sa sortie.
Intact sur les tourments politiques des certaines de ses classes sociales!
Avec ses collages littéraires, transposés des tentatives artistiques en peinture de Braque ou Picasso!
Mais qui, pour moi, je découvre avec...un peu de déception, à l'instar des "grands films" 4 étoiles que l'on redécouvre sur le petit écran!
Le travelling est dépassé, la narration dense, précise mais notre regard, éduqué par la filmographie actuelle se lasse....
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Article publié sur : http://souslevolcan.over-blog.com/

La simplicité avec laquelle les écrivains américains ont décrit le monde dévasté qui a suivi la première guerre mondiale tient autant à leurs talents qu'à leur immersion personnelle dans le temps du conflit. Cette proximité a façonné leur prose. Leur besoin de témoigner d'une époque était trop fort pour l'abandonner au seul exercice de style. Un langage clair et précis était le seul contrepoint possible au choc vulgaire de la guerre et aux difficultés qui ont suivi. Les romantismes Français et Allemand s'étaient élevés les uns contre les autres et avaient disparu dans la boue des tranchés, la place était libre.
Dos Passos exerce cette application scientifique, cette écriture construite avec la précision d'un entomologiste bavard au-delà du métier d'un journalisme d'exception, c'est devenu un art nouveau. Steinbeck, Hemingway, Faulkner, Fitzgerald et Dos Passos ont tous commencé leur carrière littéraire dans l'esprit de cette fin de cycle qui annonçait la vie moderne, et ils ont inventé la littérature moderne qui allait avec.
Dans cette veine, Dos Passos n'est pas celui qui a rayonné le plus, Faulkner, Steinbeck et Hemingway étaient des bâtisseurs de chefs d'oeuvres à la puissance surnaturelle, mais il était probablement le plus inventif. Il expérimentait, l'air de rien. Dans 42ème Parallèle, il contracte en quelques phrases la biographie d'un personnage et dilate tout à coup le temps autour d'une scène vivante, comme l'aurait fait un cinéaste animalier avide de nous montrer ses spécimens dans leur milieu naturel. Dos Passos peut faire passer plusieurs années en une phrase et faire courir une heure sur des dizaines de pages. Ça n'a l'air de rien, mais pour qu'un tel montage fonctionne et soit digeste au lecteur, il faut un talent hors norme. Dos Passos est un équilibriste brillant, capable de marier des actualités à son récit, des personnages existants, des biographies d'Edison ou de Charles Steinmetz. Il a ouvert la voie aux modernes et décrit fidèlement différents milieux sociaux, divers sens moraux, il a renforcé la voix narrative par l'assemblage de points de vue et souscrit pour la littérature un bail emphytéotique de vraisemblance dont on peine à renouveler les exploits. Il se dégage pourtant de l'ensemble une forme de faiblesse qui la rend attachante, Dos Passos sait l'impermanence des choses et du monde et en fait un art délicat, et c'est sa beauté autant que sa fragilité.

Lien : http://souslevolcan.over-blo..
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