Citations sur Le canyon des ombres (49)
- La démence, lui dit patiemment leur hôte, est un mot que nous utilisons pour décrire un cerveau différent de l'ordinaire. Le mutilateur, dans son propre domaine de référence, est parfaitement sain d'esprit.
Et puis, il y avait Charlie Moon. Il ne servirait à rien d'avertir le policier qu'un évènement épouvantable allait se produire, là, dehors, elle le sentait. Son neveu lui témoignerait beaucoup de respect, mais il ne prêterait que peu d'attention à une mise en garde basée sur sa seule intuition.
De lointains échos du chant paisible imprégnaient encore les sens de Parris comme les derniers effluves d’un parfum délicat. Une musique d’une pureté infinie, plus belle qu’on n’en pouvait concevoir en rêve. Le policier matukach ferma les yeux et pensa avoir aperçu une dernière lueur de cette éblouissante lumière, sur l’autre berge de la rivière qui chantait.
Chapitre 35
Maintenant il était debout, libéré de ses liens. Seul sur la mousse, au bord de cette immense rivière agitée. Empli d’un ardent désir de traverser pour atteindre l’autre rive. Les souvenirs du monde révolu s’effaçaient.
Puis il y avait une petite lumière de l’autre côté.
Cette lumière grossissait, se faisait plus brillante. Plus attirante. Viens à Moi.
Chapitre 35
L’esprit de Parris commença à se distancier de cette horreur. Il n’avait plus conscience du ciel parsemé d’étoiles au-dessus de ses pieds, pas plus qu’il ne voyait la terre dépourvue d’éléments identifiables sous sa tête ; tout cela était remplacé par une houle de vagues d’un bleu iridescent qui se brisaient sur une plage de sable volcanique noir. Puis par un ciel turquoise au-dessus de sommets couverts de neige. Maintenant, il se trouvait dans un autre lieu, debout sur la berge d’une large rivière. Les eaux couraient sur des rochers d’ébène ; les eaux lui murmuraient un chant D’allégresse et de paix. Ses oreilles étaient remplies de sonorités douces et anciennes… et survenait une grande lumière. Tout cela n’attendait que lui, de l’autre côté de la rivière. Quelque part sur la lointaine rive, un petit enfant riait… il y avait le bruit immédiatement identifiable d’une chute d’eau… puis une voix de femme. Une voix qu’il ne reconnaissait pas, qui chantait cristalline, sur fond de vide infini, qui l’appelait : … échos de pitié… murmures d’amour…
Chapitre 35
La femelle coyote s’arrêta un instant, perplexe, pour humer l’air, interrompant son opiniâtre recherche de l’odeur du lapin. La bête affamée se tourna, orientant ses oreilles sensibles vers l’origine de bruits à peine perceptibles. Scratch-scratch. Ces bruits s’arrêtaient puis recommençaient.
(...) l’apparition surnaturelle se déplaçait selon un mouvement ondulatoire telle une vague d’ombre sur le sable du canyon, éclairé par les rayons de lune. (...) la présence sembla acquérir substance. La chose s’immobilisa, se redressa en position verticale… tel un grand ours. Mais ce n’était pas un ours…La femelle coyote était incapable d’appréhender des concepts abstraits, tels que le Bien et le Mal. Mais un instinct primitif profondément enfoui dans sa poitrine lui martelait sa mise en garde insistante : Ne bouge pas, ne bouge pas !
Chapitre 28
Piedra qui, d’ordinaire, murmurait dans ce langage secret que possèdent les cours d’eau, lui chuchotait maintenant des mots qu’elle pouvait saisir. Tourments tourments tourments… sanglants sanglants sanglants, disaient les eaux. Elle reprit sa marche. Au moment où ses pas hésitants lui faisaient côtoyer de petits rapides, les voix se firent plus fortes : tourments sanglantstourments sanglants… tourments sanglants.
Chapitre 27
Parfois, ce que l’on voyait dans une vision n’était pas la chose exacte, mais simplement une indication de ce qu’elle pouvait être. C’était déjà le cas en cette très lointaine époque où Joseph avait expliqué la signification des rêves qui venaient troubler le sommeil du vieux pharaon. Les vaches grasses signifiaient de bonnes récoltes… les vaches maigres annonçaient la famine. Les ombres, les chouettes et autres symboles étaient comme des flèches pointées vers la vérité.
Chapitre 27
Ses visions s’expriment par l’intermédiaire de symboles. (...)
Il y avait quelque chose d’anormal. Elle distinguait sur la paroi une silhouette qu’elle n’y avait encore jamais vue. Elle était très peu marquée, peut-être le soleil du soir se trouvait-il à l’emplacement voulu pour projeter des ombres dans ces lignes peu profondes creusées à même la pierre. Ou était-ce une image nouvelle ? Elle s’en approcha, levant le regard vers la gravure : une silhouette dont la surface était couverte de centaines de traits minuscules… une créature poilue. Une créature dotée d’une queue. Une créature avec des cornes !
Chapitre 25
Il n’y avait absolument aucun bruit Pas un souffle d’air ne chuchotait dans le canyon du Serpent. (...)
Tout d’abord, il ne vit qu’une ombre vague. En la scrutant son esprit tenta d’identifier l’apparition et lui conféra une forme. Des épaules larges. Des poils. Une tête énorme. Cette tête avait des cornes. Et une seule braise rouge qui diffusait une lumière vive d’abord, puis atténuée. Un cyclope. Il sentit que sa respiration devenait hachée ; le revolver était comme de la glace dans sa main.
Chapitre 22