Du reste, il m'a tout de suite assuré que ma mère s'était mise à l'aimer par "abaissement" ; il aurait pu encore inventer que c'était par droit de servage ! Un mensonge, pour le chic, un mensonge contre sa conscience, contre l'honneur et la noblesse d'âme !
Mais expliquer qui j’ai rencontré, comme ça, d’avance, quand personne n’est au courant de rien, ça fera vulgaire ; même, je pense que, ce ton aussi, il est vulgaire : je me suis promis de m’écarter des joliesses littéraires, et je tombe dans ces joliesses à la première ligne.
- Moi, si j'avais un revolver, je le tiendrais caché, je ne sais pas, à double tour. Vous savez, je vous jure, ça attire ! Moi, peut-être, je n'y crois pas, à l'épidémie de suicides, mais, si ça reste à briller devant vos yeux
-je vous jure, il y a des minutes, ça peut vous attirer.
Il faut être trop ignoblement amoureux de sa propre personne pour écrire sans honte sur soi-même.
Quand l'Etat est régi par une classe dominante la terre est toujours forte. La classe dominante a toujours son honneur et sa doctrine de l'honneur, qui peut être fausse, mais qui sert presque toujours de lien et renforce le pays ; c'est utile moralement, et surtout politiquement. En revanche, ce sont les esclaves qui souffrent, c'est-à-dire ceux qui n'appartiennent pas à cette classe. Pour qu'ils ne souffrent pas, on égalise les droits. C'est ce qui est fait chez nous, et tant mieux. Mais, d'après toutes les expériences, partout jusqu'à maintenant (je veux dire en Europe) une égalisation des droits a toujours entraîné un abaissement du sentiment de l'honneur, et, par là même du devoir. L'égoïsme a remplacé l'idée unificatrice, et tout s'est fragmenté en liberté des individus. Les hommes libérés, à la fin, se retrouvant sans pensée unificatrice, perdaient tellement tout sentiment d'union qu'ils en venaient à arrêter de défendre cette liberté qu'ils avaient reçue. Mais le type russe de la noblesse n'a jamais ressemblé au type européen. Notre noblesse, même maintenant qu'elle a perdu c'est droits, pourrait encore rester une classe dominante, en tant que gardienne de l'honneur, des lumières, de la science et de l'idée supérieure, et, ce qui est l'essentiel, sans s'enfermer cette fois dans une classe à part, ce qui serait la mort de l'idée. Au contraire , chez nous les portes de la classe ne sont ouvertes que depuis trop longtemps ; à présent, le temps est venu de les ouvrir une fois pour toutes. Que chaque exploit dans l'honneur, dans la science ou le courage donne le droit à chacun d'entrer dans la catégorie supérieure des hommes. De cette façon, la classe, d'elle-même, ne sera plus qu'une réunion des hommes les meilleurs, au sens littéral et le plus juste, et non au sens d'avant, celui d'une caste privilégiée. Sous cette forme nouvelle, ou, pour mieux dire, renouvelée, la classe pourrait sur survivre.
- D'abord' une idée supérieure, et ensuite l'argent, et, sans idée supérieure, l'argent fera la perte de la société.
Laissez tomber la Russie, si vous avez cessé d'y croire, et travaillez pour l'avenir - pour l'avenir d'un peuple encore inconnu, mais qui sera fait de toute l'humanité, sans distinction de nations.