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Citations sur Pars mon fils, va au loin et grandis (9)

Hormis la découverte du sens du mot “accueille”, une autre de mes idées reçues tomba dès la seconde semaine de présence au Sénégal. Le trente et un Décembre, jour des feux d’artifices géant sur la “Place de l’Indépendance” ; fut pour mois comme une révélation. Une révélation de beauté. J’arrivais d’Afrique central avec de gros préjugés sur la femme Sénégalaise musulmane, donc voilée et dénuée de tout charme. Quelle connerie !
Quand pour la première fois j’ai vu ce rassemblement de beautés fardées avec un vrai sens artistique ; même si parfois outrancier ; habillées des plus belles tenues traditionnelles ou des dernières robes à la mode sur Fashion TV ; tellement sexy que les belles de Brazzaville auraient pu passer pour des nièces d’Ayatollah iraniens en plein ramadan ; j’ai compris que s’ouvrait à moi un potentiel futur de délicieuses jouissances.
Pour la première fois de ma vie je voyais de visu des filles tout droit sorties des clips américains les plus sélectifs. C’était magnifique. Et quelle diversité ! Des boubous traditionnels les plus riches en dorures, aux jeans Diesel super stretch en passant par les robes moulantes, façon tapis rouge de Cannes ; tous les looks se mélangeaient pour faire un arc-en-ciel de style. Les yeux m’en sortaient de la tête de même qu’à tous les amis congolais, gabonais, camerounais ou ivoiriens qui constituaient déjà mon entourage pour les trois années qui allaient suivre.
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Les calepins m'ont donné un exutoire, une façon de déverser mes excès de colère, de tristesse, de révolte, d'obsession. Ils m'ont aidé à déverser mes émotions pour que, tel un comédien ; entre ombre et lumière ; je sois capable de ne présenter aux gens qu’une partie de moi tout en protégeant l’autre. Grâce à eux, à la vue de tous j’exhibe le moi calme, au discourt parfois trop docte mais toujours cabotin. A chaque instant mes calepins me suivent pour endiguer mes excès de passion. Et il n'était pas question que je plonge dans l'inconnu sans eux.
Quand chaque semaine, au fur et à mesure de mon intronisation dans ma nouvelle vie je revois le film de mon parcours avec le miroir déformant du temps; je prends mes calepins à témoin. Ils sont le réceptacle de mon parcours passé, présent et de mes rêves d'avenir. Ils sont la copie de mon vrai moi mais n'en sont sûrement pas l’exact reflet. Quel intérêt d'avoir l'exacte reflet de sois en face ? Je suis un griot. Même à moi je raconte avant tout des histoires, alors à mes amis que leur importe l'exactitude. Quel intérêt aurait pour les miens les récits de la banalité de l'échec au quotidien; le « pataugeage » dans le marécage qui conduit au succès; la platitude d'une vie d'africain qui veut trouver son chemin comme tellement d'autres.
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Mes calepins m'ont donné un exutoire, une façon de déverser mes excès de colère, de tristesse, de révolte, d'obsession. Ils m'ont aidé à déverser mes émotions pour que, tel un comédien, entre ombre et lumière, je sois capable de ne présenter aux gens qu’une partie de moi tout en protégeant l’autre. À chaque instant mes calepins me suivent pour endiguer mes flots de passion. Et il n'était pas question que je plongeât dans l'inconnu sans eux
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Ai-je appris, par la douleur, à gérer mes excès d’émotion ? Ou simplement cette fois-ci mon côté un peu dérangé du ciboulot a trouvé un réceptacle qui le moule parfaitement ?
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Mais dans ces deux jours de boulot il n’y a pas eu que de la grognasse Viking. Il y a eu aussi Svetlana. En fait je ne me rappelle plus de son prénom mais elle avait une tête à s’appeler Svetlana. 23-24 ans, polonaise, 1 m 78, blonde aux yeux bleus, de « beaux » poumons qui respirent la santé... et froide comme un glaçon inuit !
Chaque fois que j’arrivais à lui faire décrocher un sourire, que dis-je, une moue, j’avais l’impression de réussir la remontée du lac Mayi-Ndombe sur le canoë de Yakari le petit indien. Au final je suis parti avec le « 06 » ou « 07 » plutôt d’Emmy, rousse irlandaise. Elle semble avoir forcé sur le Yorkshire pudding mais rien de rédhibitoire pour l’instant.
Pas de sourire ironique. Mon but c’est de maîtriser parfaitement la langue de Shakespeare pas celle d’un pays du tiers-Europe... Mais j’ai quand même dû me retenir à la machine à café quand elle m’a demandé : « France isn’t a part of Africa, isn’t it ? » J’ai effacé le numéro de mon répertoire dans le bus du retour..
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Quand je pense que l'année dernière on nous a chauffé les oreilles avec le "plombier polonais" qui allait venir prendre tous les boulots des Français... Faudrait vraiment que les voyages soient prescrits contre la connerie. Les Européens de l'Est ne rêvent pas de la France, ils sont tous en Angleterre ! Ceux qui s'arrêtent en France en fait ont râté leur escale.Pour preuve mes colocataires. En fait, l'un des deux couples. Lui Tchèque, elle Slovaque. L'ouverture de Schengen a du bon. Ces deux peuples se sont séparés pour mieux se retrouver en se rendant compte que finalement ils ne sont pas si différents que ça. Partir de chez soi, une réponse à la lutte contre les guerres ?
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Dans l’avion en direction d’Orléans, mon prochain port d’attache, aucun de ces souvenirs de fête n’enlaidissait mon séjour à Dakar. Même le regret de n’avoir pu harponner ces naïades sénégalaises ne m’empêchait pas d’apprécier ce passage au Sénégal qui avait fait de moi un autre homme. En m’éloignant, j’avais en tête ces dernières paroles de mon père qui reflétaient si bien mon expérience en terre des Gaïndés : « Mon fils, je t’envoie loin pas seulement pour faire des études, mais aussi pour grandir. »
Dans cet avion, j’avais conscience d’avoir grandi sur bien des points. Mon mental et l’aspect sexuel de ma vie avaient été comme dopés aux hormones. Mais je ne pense pas que mon père faisait particulièrement allusion à ma libido quand il me parlait de grandir. Et d’ailleurs ce n’étaient pas les souvenirs de mes succès de Don Juan que je tentais de noyer dans ce jus de raisin fermenté offert par Air France. J’essayais surtout de me défaire de tous les moments difficiles vécus dans ce pays qui revenaient me hanter, et de ne pas tenir compte de cette incertitude qui me broyait l’estomac.
Plus de sept mois sans aucune nouvelle de mes parents lors de ma dernière année dakaroise. Tout ce que nous savions, c’est que les nôtres avaient trouvé refuge à Kinshasa. La guerre civile avait éclaté dans cette ville maudite de Brazzaville et pendant plus d’un an, le pays entier allait connaître une violence qui coûtera la vie à plusieurs milliers de personnes. Kinshasa et Brazzaville sont les terres d’un même peuple, même si les Stanley et autres de Brazza ont tenté de les séparer par une ligne imaginaire !
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Dans ce pays où il était courant de dire « le liquide circule », les circuits économiques traditionnels étaient mis à mal par ceux qui restaient les seuls possesseurs de cash, et donc du vrai pouvoir. L’impôt sur les sociétés, d’un niveau ridiculement haut, rendait inévitable la corruption de masse, en commençant par le petit douanier qui vous emmerdait à l’aéroport, jusqu’aux responsables administratifs des plus hautes sphères qui réclamaient leur « trois pour cent de péage », chacun leur tour… Il faut ajouter à cela le fait qu’au Congo ceux qui avaient les poches débordantes de fric avaient oublié l’adage selon lequel il vaut mieux « apprendre au frère à pêcher que de lui donner un poisson tous les jours ». Ils préféraient maintenir leur emprise sur leur famille, leur quartier, leur pays, en distillant au compte-goutte leurs faveurs. L’argent circulait de mains en mains, de « solidarités » familiales en « aides » amicales, de troisièmes maîtresses aux dépanneurs de femmes délaissées. Le type de système D qui empêche les fiers et les débrouillards de s’en sortir et transforme la population en adepte de la main tendue.
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Il y a quelques mois, je réservais mes journées à mes murs, mes livres et le vieil ordinateur à qui on avait donné son « bon pour la décharge », mais que j’avais sauvé in extremis du démembrement. À force de me gaver de lectures plus ou moins profondes, j’en suis venu à me dire : « Pourquoi n’écrirais-je pas moi-même ? Je devrais être capable de mettre sur papier au moins les mêmes conneries que ceux qui remplissent certains de mes livres. » Le glissement devenait évident. Après tout, j’ai toujours aimé raconter des histoires. J’ai toujours eu l’âme d’un griot, et un griot c’est quelqu’un qui conte la vie en essayant de donner du sens à son récit. Depuis, je me suis tellement souvent épanché sur les pages blanches de mes calepins que, quand il a fallu se jeter dans le vide encore une fois, seuls ces derniers ont trouvé grâce à mes yeux. Ce sont les premiers à prendre place dans mes valises, ces cahiers qui renferment tellement de moi-même.
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