— Franz ?
— Fraïl-n Julie ?
— Tu as raison...
— J'ai raison ?
— Cette pension est comme un rêve...
Alors, je prends une voix gutturale ; l'air faussement ironique :
— Je cherche la fleur du temps, le pays où l'on ne meurt jamais.
[Chapitre IX : "RÊVES AU BALCON", page 47 — éd. Stellamaris, 2015]
Sous de lourdes, hautes façades, toujours prêtes à crouler, chaque être est point de lumière fuyante : poussière de constellations dans le brouillard des ruelles. (P16)
Pour toi, je donnerais tout à ce monde - jusqu'à en congédier la littérature.
(p. 13)
Les mots de Julie résonnent dans la forêt des ombres.
Une apparition blanche au détour des rameaux.
— ... Čertovy hlavy, disent les Tchèques...
Le son mat de nos voix : sûrement à cause des troncs proches, de la roche qui nous fait face...
Vraiment un drôle de son.
J'ai pensé à une petite boîte – une petite boîte qui enfermerait nos rêves.
[Chapitre VII : LES DIABLES DE LEVY, pages 36-37 — éd. Stellamaris, 2015]
Il se trouve que j’aime simplement le son de ta voix.
Que tu puisses être extraordinairement superficielle tout en gardant ta profondeur de forêt.
T’écouter, c’est entendre la plainte de chacun des arbres ; endurer leurs plus humbles tracas.
En précisant que ta forêt ne figure sur aucune carte.
[Chapitre II : "JULIE W.", page 13 — éd. Stellamaris, 2015]
Penser à me venir en aide est une maladie, qu'il faut
soigner en gardant le lit.
Franz Kafka
p111
Ainsi notre âme est double, laissant notre visage changer de masque...
– Regarde, Franz, ils viennent d'ouvrir...
Un petit homme sort de la boutique aux hautes vitrines bien lavées :
– Par ci, Fräulein, par ici... Voyons, monsieur, faites entrer aussitôt mademoiselle !
[Chapitre XV : "KLEZMER ET SHNORRER", page 79 — éd. Stellamaris, 2015]
Cette nuit comme chaque nuit, je me suis épris de la femme du rêve.
Sa voix si claire, son âme limpide.
Sans cesse, je me rendormais pour la retrouver.
« Que fais-tu demain ? » lui ai-je demandé ?
— Tu sais bien, je dois étudier...
— Comme tu es sérieuse !
*
« Sérieuse ? Alors ça n’est pas moi... »
Julie vient de lire mon récit de rêve.
Elle et moi, à nouveau réunis ; deux, dans l’intimité de cette pièce.
[Chapitre VII : "LES DIABLES DE LEVY", page 29 — éd. Stellamaris, 2015]
Pourquoi suis-je là, occupé à vous conter nos jours heureux ? Julie est beaucoup moins malade que je ne suis. Apprendre que je l'étais ne l'a guère surprise : pour elle, sujet qui simplement n'intéresse pas. Sérieuse affaire, et après ? Dépérir, mourir, pourrir : où est la surprise, le petit bouquet de violettes à la main, la bonne odeur de rose à chercher dans ton cou ?
[Chapitre V : "NUIT AU VILLAGE", page 23 - éd. Stellamaris, 2015]
Why am I there, busy telling you about our bright days ? Julie is much less ill than I am. To learn that I was did not surprise her : simply a boring topic to her... A serious matter, so what ? To wither, to die, to rot : where is the surprise, with a little bunch of violets in your hand, and the lovely perfume of roses to smell in your neck ?
[Chapter V : "NIGHT IN THE VILLAGE"/ Dourvac'h : "A Wedding Announcement", a tale translated from the french by Bénédicte Leconte & Marcia Vannithone, 2020]
Ma soeur se plaint des lapins qui ravagent le potager.
De plus en plus nombreux – et tous nos pièges restent vides.
En parler au voisin qui tient caché son fusil de chasse.
Son coup de feu tiré à l'aurore fera trembler nos maisons endormies.
[Chapitre XIII : "CHEVAUX DE ZÜRAU", page 72 — éd. Stellamaris, 2015]