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Critique de si-bemol


Un chien rôde dans la nuit, une bête monstrueuse, énorme, implacable et féroce. Ses hurlements déchirent le silence de la lande désolée, envahie de brouillard. Elle a été aperçue, des témoins terrorisés ont décrit ses yeux de feu, son mufle grognant de haine, son pelage phosphorescent qui luit, menaçant, dans les ténèbres… La bête a tué, et elle tuera encore. On le sait, la légende le dit : une malédiction poursuit, de génération en génération, la lignée des Baskerville.

C'est une famille maudite qui doit expier - comme l'atteste un manuscrit ancien daté de 1742 - les crimes de son ancêtre, Hugo Baskerville, qui fut “un profanateur, un impie, un être à demi sauvage” ; un homme débauché, violeur et assassin qui conclut jadis un pacte avec le Diable et vendit son âme aux Puissances du Mal. Depuis, tous les héritiers mâles de la lignée des Baskerville ont connu une funeste destinée. Or, la bête vient de tuer, à nouveau : Sir Charles, le dernier descendant direct des Baskerville, a été retrouvé mort de terreur sur la lande. Et la bête rôde toujours : l'héritier de Sir Charles, son neveu venu d'Amérique, est à son tour menacé…

Pour Sherlock Holmes, que le docteur Mortimer - ami du défunt - vient consulter pour élucider les circonstances de la mort de Sir Charles, cette histoire de malédiction, de chien monstrueux vomi par les bouches ténébreuses de l'Enfer n'est rien d'autre qu'un ridicule conte de bonne femme. Et un défi proposé à son intelligence supérieure, à ses capacités hors norme d'observation et de déduction. Les faits, rien que les faits : tel est son credo, et ce ne sont pas quelques rumeurs et de vieilles superstitions issues de la crédulité imbécile des hommes du commun qui vont venir l'ébranler !

Sûr de lui, comme toujours, et inébranlable dans sa conviction que l'observation minutieuse vient toujours à bout des problèmes les plus ardus, notre détective bien aimé saura-t-il résoudre (mais nous connaissons déjà la réponse !), avec l'aide de son fidèle Watson, cette nouvelle énigme pleine d'étrangeté, quitte à payer, une nouvelle fois, de sa personne et affronter au corps à corps la bête démente et maléfique ?... A moins que ce ne soit Watson qui doive payer les pots cassés de cette sombre affaire !

"Le chien des Baskerville" est certainement l'oeuvre la plus célèbre de Conan Doyle. C'est l'un des quatre romans qu'il consacra à Sherlock Holmes, dont il fit par ailleurs le héros de cinquante-six de ses nouvelles. Publié en 1901, ce roman est d'autant plus important dans le “canon” des Sherlock Holmes qu'il signe le grand retour du détective dont la mort avait été mise en scène huit ans plus tôt - pour le plus grand désespoir des lecteurs - dans les chutes du Reichenbach (“Le dernier problème” - 1893).

C'est également une oeuvre singulière, aux frontières des mondes du fantastique et de l'épouvante dont la puissance d'évocation et l'atmosphère oppressante sont pour moi sans égales dans tout le reste du corpus holmésien et qui est, pour cette raison et au sens propre, tout à fait inoubliable, avec un Sherlock Holmes au meilleur de sa forme et de son intelligence et un Watson fidèle à lui-même dans son rôle de faire-valoir modeste, dévoué et plein d'humilité.

Un petit bijou de la littérature (et pas seulement policière) que je viens de relire avec beaucoup de plaisir, et une lecture incontournable.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
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